Depuis cinq ans, l'option langue des signes est enseignée au lycée professionnel agricole de Neufchâtel-en-Bray, en Seine-Maritime. Elle est essentiellement suivie par des jeunes femmes se destinant aux métiers d'aide à la personne.
Le silence règne dans cette salle de classe du lycée professionnel agricole de Neufchâtel-en-Bray, en Seine-Maritime, ce mardi 6 décembre. Et pour cause, ici, on y enseigne la langue des signes française (LSF). Une option proposée aux élèves depuis cinq ans.
En France, la LSF est proposée comme enseignement optionnel possible pour les lycéens de voie générale et technologique depuis un arrêté de 2019. Mais l'initiative est unique en Normandie pour ce type d'établissement agricole. Le public concerné est majoritairement composé de jeunes femmes qui préparent des métiers d'aide à la personne.
Signer les comptines aux enfants
L'option LSF permet à ces lycéennes de gagner des points au baccalauréat mais surtout de les aider professionnellement. "On trouvait ça logique de l'enseigner ici parce que les élèves sont pour la plupart en service à la personne. Elles vont donc être amenées à côtoyer des personnes en situation de handicap, des personnes âgées, des tout-petits qui n'ont plus l'usage de la parole ou pas encore", explique Estelle Gourdin, intervenante en LSF.
À l'origine, ce sont des élèves qui ont demandé la création de cette option dans ce lycée. Ces futures auxiliaires de puériculture ou aide-soignantes ont déjà eu l'occasion d'en vérifier l'utilité. "En stage, en crèche, quand on faisait les comptines pour les enfants, on signait en même temps", raconte Chloé Thibaut, élève en terminale Services à la personne.
"La LSF permet de percevoir des choses qu'on ne dit pas avec les mots"
La LSF peut également s'avérer utile lorsqu'il s'agit de communiquer avec des étrangers. "On a eu un enfant ukrainien qui ne comprenait pas forcément la langue donc on a parlé qu'avec des gestes et il nous comprenait", appuie Ismérie Jolly, également élève en terminale Services à la personne. "La langue des signes permet de percevoir des choses qu'on ne dit pas avec les mots. On va travailler l'expression du visage, comment exprimer un sentiment et le lire sur les autres", abonde Estelle Gourdin.
Dans ce lycée, chaque semaine, une soixantaine d'élèves suit les cours de LSF, à raison de deux heures hebdomadaires en terminale. Si certains mots sont plutôt faciles à apprendre, il faut parfois modifier sa façon de penser. "Le décors, les personnages, l'action. La langue des signes fonctionne comme ça. Souvenez-vous de cet ordre-là tout le temps. C'est pour ça que les mots ne sont pas à la même place qu'en français", prévient la professeure.
Si Estelle Gourdin estime que ces trois ans d'enseignement hebdomadaires ne suffisent pas à parler couramment la langue, ils permettent, selon elle, d'apprendre "à s'exprimer autrement, à se présenter, à faire des petites phrases et des histoires courtes". Pour l'enseignante, cet apprentissage de la LSF "va leur servir dans leur métier mais aussi dans la vie de tous les jours".