A Rouen entre 150 et 200 barmans ont défilé dans la rue pour montrer leur incompréhension face aux décisions qui menacent la pérennité de leurs commerces. "Pourquoi fermer nos bars à 22h, quand sur la terrasse du restaurant d'à côté on boit du champagne jusqu'à minuit ?", s'interrogent certains.
Ils sont en colère et souvent désespérés. Et ce mardi 6 octobre, ils ont fait entendre leurs voix dans la rue. Les barmans rouennais ne comprennent pas pourquoi les mesures restrictives se multiplient à l'encontre de leurs établissements. "On s'acharne sur nous, on nous pointe du doigt. Et en attendant on meurt à petit feu", se désole Julien Delamare gérant de deux bars à Rouen. Lui et ses collègues barmans se sont réunis pour protester dans les rues de Rouen. "Nous étions entre 150 et 200 à marcher depuis la mairie jusqu'à la préfecture", souligne Julien.
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— Noémie Lair (@NoemieLair) October 6, 2020
"Je ne me verse plus de salaire depuis le mois de mars"
"J'ai dû fermer le Ghetto Blaster, mettre cinq salariés en chômage partiel et accepter une rupture conventionnelle", raconte le patron de bar. Son établissement se situe en plein centre-ville, "85% de ma clientèle arrivait à partir de 22h. Si j'ouvre, je travaille à perte". Dans son deuxième bar, le chiffre d'affaire a chuté lourdement de 40%. "Je ne me verse plus de salaire depuis le mois de mars", confie Julien, "c'est de plus en plus compliqué de payer les charges". Les terrasses sont vides mais pour l'heure aucun chiffre incontestable n'établit le risque de contamination dans les bars.Quand on ferme nos clients poursuivent leurs soirées en appartement. Sans masques et sans distanciation.
"C'est catastrophique. Ca fait vingt ans que je fais ce boulot, nous n'avons jamais eu autant de difficultés", résume Myriam Flahaut, gérante du MyPub. Son bar est situé en plein centre de Rouen, place du Vieux-Marché et Myriam fait un constat amer : "Ce n'est pas dans nos établissements qu'il y a des difficultés. C'est quand on ferme, quand nos clients poursuivent leurs soirées en appartement. Sans masques et sans distanciation". Les deux gérants de bar espèrent des mesures fortes pour la survie de leurs commerces. Myriam Flahaut comme Julien Delamare espèrent une exonération totale de leurs charges. "Nous avons besoin d'aide, je dois continuer de régler mes prêts, mes factures" s'inquiète Myriam Flahaut. Elle ajoute que les mesures prises sont souvent peu lisibles : "dans les restaurants on boit du champagne jusqu'à minuit et ça ne pose aucun problème !". De son côté, Julien ne voit pas le bout du tunnel, "nous n'avons aucune visibilité, insiste le barman, qu'en sera-t-il dans dix jours ? Dans un mois ?"
A Paris, la fermeture totale des bars a été actée en début de semaine. Tout comme à Marseille où les établissements n'ont plus l'autorisation d'ouvrir. Si cela devait advenir à Rouen, certains patrons d'établissements craignent de ne pas pouvoir se relever. Julien a d'ailleurs prévenu, lui comme ses collègues sont prêts à multiplier les actions pour faire entendre leurs voix.