ENTRETIEN. "On veut éviter tout mouvement de régression" : 50 ans après la loi Veil, il faut toujours se battre pour l'IVG, selon Aurore Bergé

En déplacement à l'Institut Simone Veil, un centre IVG à Rouen, la ministre déléguée chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes a rappelé que les femmes n'étaient pas toutes égales en termes d'accès à l'avortement. "Une liberté non négociable", martèle Aurore Bergé.

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C'était le 17 janvier 1975. Il y a 50 ans, jour pour jour, la loi autorisant l'interruption volontaire de grossesse, dite loi Veil, était promulguée en France. La ministre déléguée chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, Aurore Bergé, était en déplacement à l'Institut Simone Veil de Rouen (Seine-Maritime). Interview.

Encore des attaques contre les centres IVG

France 3 Normandie : Pourquoi avoir choisi ce centre IVG pour célébrer les cinquante ans de la loi Veil ?

Aurore Bergé : Déjà, parce que c’est un centre unique en France dans sa pratique, car il est dédié à l’accueil des femmes qui souhaitent avoir recours à l’avortement pour pratiquer une IVG médicamenteuse. Je pense que c’est important de voir si on peut s’inspirer de ce modèle pour peut-être qu’il existe ailleurs en France. Je souhaitais rendre hommage aux médecins et sages-femmes qui accompagnent, orientent et soignent ces femmes.

Enfin, je voulais rappeler que ces centres sont malheureusement encore la cible d’attaques. J’espère que la publicité qu’on leur fait aujourd'hui ne va pas causer cela, car régulièrement on voit des piratages informatiques, des prises de faux rendez-vous, pour que des femmes qui en ont besoin n’y aient pas accès. Ça montre que ces mouvements anti-choix n’ont jamais cessé, et qu'il faut encore être vigilant.

Je me bats pour l’éducation dès le plus jeune âge, pour qu’on connaisse ses droits, qu’on puisse faire de la prévention sur la contraception, qui est en recul dans notre pays.

Aurore Bergé, ministre déléguée chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes

L’accès à l’avortement est-il encore compliqué pour certaines femmes ?

En tout cas, il faut reconnaître qu’on est pas toutes égales sur l’accès à l’avortement. En commençant par l’accès à l’information. Je me bats pour l’éducation dès le plus jeune âge, pour qu’on connaisse ses droits, qu’on puisse faire de la prévention sur la contraception, qui est en recul dans notre pays.

On est pas forcément toutes égales selon notre territoire, c'est notamment le cas des femmes en territoires ruraux. Ça veut dire qu’il faut continuer ce travail de conviction, pour que les soignants continuent à pratiquer l’IVG. Il faut qu’on continue les efforts qu’on a fait : on a élargi les délais de recours à l’IVG, on a permis aux sages-femmes de pratiquer les IVG, médicamenteuses et chirurgicales. C’est un acte qui est aujourd’hui à 100% remboursé.

Ces mouvements se déclarent "pro-vie", mais ils ne le sont pas. Ceux qui défendent la vie sont ceux du côté des femmes et de leur liberté.

Aurore Bergé, ministre déléguée chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes

Vous avez porté la proposition d'inscrire le droit à l'IVG dans la Constitution... Ça va changer les choses ? Est-ce que ça va donner plus de moyens au déploiement de ces centres ?

On l'a fait pour dire qu'en France, l’accès à l’avortement est un droit. Et c’est une liberté qu’on a même proclamée dans notre Constitution. Ça a un impact puissant, au-delà de nos frontières, pour beaucoup de femmes qui continuent à se battre pour avoir le droit de choisir.

Et c’est redire à ceux qui veulent combattre cette liberté des femmes : en France, c’est une liberté qui n’est pas négociable, et ne le sera plus jamais.

Je me bats aussi sur les termes. Ces mouvements se déclarent "pro-vie", mais ils ne le sont pas. Ceux qui défendent la vie sont ceux du côté des femmes et de leur liberté. Rappelons qu'il y a 50 ans, il y a celles qui mouraient car l’IVG était clandestin, celles qui en avaient des séquelles à vie, des souffrances physiques intolérables. Et donc, on veut éviter tout mouvement de régression. On se bat pour la vie en se battant pour la liberté des femmes, et tout simplement pour le fait qu’elles aient le droit de choisir.

Propos recueillis par Angèle De Vecchi.

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