L'inquiétude des policiers et pompiers malades après leur intervention à l'incendie Lubrizol

Les pompiers et policiers qui sont intervenus pour éteindre l'incendie sur l'usine de Lubrizol à Rouen ont travaillé dans des conditions très difficiles. "On est tous inquiets, car on sait qu'on a respiré quelque chose de pas propre". Les premiers cas de policiers et CRS malades sont signalés.

"L'odeur était effroyable. On pataugeait dans une flaque de 10 centimètres d'hydrocarbures. On ne ressent pas d'effets secondaires pour le moment, hormis la toux. Je suis intervenu jeudi matin à partir de 8 heures sur l'incendie à l'usine Lubrizol et aujourd'hui je tousse, comme mes collègues", nous confie un pompier de Seine-Maritime. 
 

"On était juste avec des protections en papier on ne trouve pas cela normal !"

 


Des policiers exposés sans équipements adaptés ?

Après l'incendie de l'usine Lubrizol et avant la manifestation nationale des policiers en colère organisée à Paris ce mercredi 2 octobre, les syndicats de police expriment leur inquiétude sur les risques encourus et le manque de matériel de protection. C'est le cas du syndicat Unité-SGP-Police qui dans un communiqué dénonce les "carences" en matériels de protection lors de catastrophes biologiques ou chimiques :  

"Pas de tenue adaptée à ce genre d’accident grave, pas de dotation individuelle ou collective de masques de protection pour protéger nos collègues des risques potentiels.

Aussi devant la gravité et la réitération des faits, UNITE SGP POLICE en marge de la manifestation de la colère du 02 octobre à Paris, a saisi Monsieur le Préfet pour la tenue rapide d’un CHS-CT (Comité d’Hygiène Sécurité Conditions de Travail) extraordinaire et saisira lors d’une audience du 09 octobre 2019 Monsieur le Préfet délégué de la zone de défense Ouest sur les carences en matériel en cas de risque N.R.B.C. (Nucléaire Radiologique Biologique Chimique)"

 

Plainte contre X

A Rouen, le syndicat policier précise par ailleurs avoir été contacté par de nombreux collègues exposés lors de l'incendie et désireux de déposer plainte contre X pour « dommages corporels par manquement de l'obligation de sécurité ».

Dans son édition de ce mardi, le "Canard Enchaîné" évoque le cas de "Poulets à l'étouffée" et rapporte que, contrairement aux pompiers et aux gendarmes, les policiers rouennais envoyés sur les lieux de l'incendie de l'usine Lubrizol  n'ont pas été dotés de matériel de protection (à part, pour certains un simple masque  à poussières) et "ont respiré la fumée à pleins poumons" alors que "les commissariats locaux disposaient de tenues de protection et de masques à gaz".

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L'inquiétude des pompiers 

Devant la situation d'urgence, les soldats du feu n'ont pas eu beaucoup d'informations sur les risques que présentait l'épaisse fumée noire qui s'échappait des bâtiments de l'usine Lubrizol, où l'incendie s'est déclaré aux alentours de 2h30 le 26 septembre.

Nos tenues étaient envoyées toutes les quatre heures en nettoyage et on en récupérait d'autres propres. Les habits des premiers collègues qui sont intervenus ont même été jetés directement à la poubelle. On nous a distribué des masques blancs légers de type FFP2. Les masques ne restaient pas blanc très longtemps. 


Sur le site du ministère de la santé, il est indiqué que les masques de type FFP2 sont destinés "à protéger le porteur contre les risques d’inhalation d’agents infectieux transmissibles par voie aérienne". "Ce qui nous a marqué, c'est quand nous avons croisé des employés de l'entreprise Lubrizol qui étaient équipés de masques filtrants, qui semblaient plus appropriés. ", poursuit le pompier. 
 


"On nous a dit qu'il y avait aussi de l'amiante"

Dans les rangs des sapeurs-pompiers qui sont intervenus sur place, c'est maintenant l'inquiétude qui règne. "On nous a dit qu'il y avait aussi de l'amiante dans certains bâtiments qui ont pris feu. On est trop proche du sinistre pour avoir du recul, mais on est tous inquiets, car on sait qu'on a respiré quelque chose de pas propre. Je pense que je vais prendre un rendez-vous avec mon médecin du travail pour que cette intervention soit indiquée dans mon casier médical. Au cas où pour le futur". 
 
Des photos prises par des pompiers sur le site de l'incendie montraient des traces d'hydrocarbures qui coulaient sur les véhicules présents sur place. Des images assez choquantes qui ont provoqué un vif émoi chez les internautes. "Un grand merci à tous les pompiers qui sont intervenus sur l'usine de Rouen!! Bon courage à vous tous pour le nettoyage de vos camions!", s'exclame, parmi des dizaines d'autres, Freddy Petit sur la page Facebook de France 3 Normandie


Les policiers touchés aussi


Le syndicat "alerte Police" informe de l'état de santé de policiers intervenus pour sécuriser le site de l'usine Lubrizol. Des nausées, vomissements, vertiges chez des policiers de la brigade de nuit, de la compagnie départementale de sécurité et aussi des CRS. 

En tout 150 policiers sont intervenus dans les premières 24 heures, notamment pour mettre en place des périmètres de sécurité. Le syndicat demande que  tous ces hommes et femmes puissent faire des examens médicaux.

On a travaillé dans l'urgence mais on n'a eu aucune consigne concernant des protections individuelles ou des masques. Tous les collègues qui étaient présents ont eu à peu près les mêmes symptômes : nausées, voire vomissements et principalement des maux de tête, des picotements au niveau de la gorge" explique un policier sous couvert d'anonymat.
 



 
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