"Lignes rouges", "appel au compromis", "un homme qui dépasse les étiquettes" : des réactions mitigées à la nomination de François Bayrou comme Premier ministre

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Désormais Premier ministre, François Bayrou va devoir s'atteler rapidement à la composition de son gouvernement.
En Normandie, les réactions à sa nomination sont variées, entre les félicitations polies, les appels au dialogue et les critiques concernant ce choix. ©Baptiste Garguy-Chartier et Anaïs Guérard / France Télévisions

Le centriste François Bayrou succède à Michel Barnier comme Premier ministre, neuf jours après la chute du gouvernement le plus court de la Vème République. À 73 ans, l'ancien ministre et triple candidat à la présidentielle devra composer avec les mêmes règles du jeu pour éviter la censure. En Normandie, les réactions à sa nomination sont variées, entre les félicitations polies, les appels au dialogue et les critiques concernant ce choix.

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Après un long suspense qui a duré jusque tard dans la matinée, François Bayrou a finalement été nommé Premier ministre ce vendredi 13 décembre 2024. Ce fidèle soutien d'Emmanuel Macron succède ainsi à Michel Barnier, qui n'a tenu que 90 jours à Matignon avant d'être censuré par une majorité de l'Assemblée nationale.

Figure emblématique du centrisme français, président du MoDem et maire de Pau, François Bayrou a un parcours politique qui ne suit pas les clivages traditionnels. Il s'est présenté trois fois à l'élection présidentielle, a apporté son soutien à François Hollande et a exercé comme ministre pour les gouvernements de Jacques Chirac et d'Edouard Philippe avant d'être Haut-commissaire au plan depuis 2020.

Les réactions à droite et au centre-droit : 

Entre félicitations, appels au dialogue et critiques, sa nomination n'a pas tardé à faire réagir les politiques normands. D'abord avec ceux plutôt proches de ses idées politiques, qui se félicitent de cette arrivée à Matignon :

  •  Hervé Morin, président de la région Normandie :

"J'ai partagé 10 ans de ma vie avec François Bayrou, on a tout partagé ensemble, on a été à deux doigts de gagner l'élection présidentielle en 2007. Après, on a eu des désaccords, il a soutenu le parti socialiste et moi Nicolas Sarkozy. Il est resté entre nous une immense affection alors rien que pour ça je suis heureux", se réjouit Hervé Morin.

Plus que son soutien personnel, il salue la décision d'avoir une personne avec de l'expérience, "un homme du terroir, un homme qui connaît la France, les Français, pas juste des petits marquis parisiens comme on en a tellement eu".

  •  Sophie Gaugain, vice-présidente LR de la région Normandie : 

"Je souhaite qu'on réussisse collectivement parce que la France n'a pas les moyens de se payer le luxe de division ou de spectacles désolants auxquels on assiste à l'Assemblée nationale. (...) On verra la feuille de route de François Bayrou mais je lui souhaite de réussir pour l'ensemble des Français et que chacun y mette du sien car c'est dans l'intérêt du pays".

  •  Jérémie Patrier-Leithus, député Horizons de la 3e circonscription du Calvados : 

"Il faut reconnaître que depuis que François Bayrou est engagé en politique, il a toujours su dépasser les étiquettes politiques et travailler ensemble au-delà des querelles politiciennes. (...) Le pays est fracturé politiquement, l'instabilité politique est telle avec des oppositions politiques très fortes, qu'avoir un Premier ministre qui a à cœur de travailler à la réconciliation, ça me semble important. (...) Il est temps aussi qu'on comprenne ce que les Français ont voulu dire aux législatives. Ils n'ont pas donné de majorité absolue à aucun des groupes politiques. Il y a 3 blocs distincts, c'est bien la preuve qu'ils nous demandent de travailler ensemble". 

Les réactions de la gauche :

François Bayrou devra répondre au défi complexe de constituer une équipe gouvernementale capable d'éviter une nouvelle motion de censure. Bien que critiques face à cette nomination, les politiques de gauche et de l'extrême droite appellent plutôt à faire des compromis : 

  • Philippe Brun, député NFP-PS de la 4e circonscription de l'Eure

"C'est plutôt une mauvaise nouvelle, non pas en raison des qualités de François Bayrou que chacun peut reconnaître. C'est un choix de fermeture, on a vu que le gouvernement Barnier était minoritaire car il ne parvenait pas à trouver de majorité à l'Assemblée Nationale. Le choix que fait Emmanuel Macron, c'est finalement de reconduire ce gouvernement minoritaire mais sans élargir le périmètre. Nous demandions la nomination d'une personne de gauche comme Bernard Cazeneuve par exemple, qui aurait pu construire cette majorité à l'Assemblée nationale."

Pour autant, le député socialiste annonce que son groupe est prêt à faire un "pacte de non-censure", si des compromis sont trouvés sur les principaux sujets comme les impôts, les dépenses, l'austérité ou encore les retraites. 

"Il n’y aura pas de censure automatique, nous demandons la négociation d'un accord de non-censure, c'est-à-dire que nous censurerons si l'accord n'est pas signé. Nous renoncerons à la censure en échange d'un certain nombre de concessions et c'est ce que nous demandons à négocier le plus rapidement possible avec le nouveau Premier ministre".

      •  Arthur Delaporte, député NFP-PS de la 2e circonscription du Calvados :

      "Nous serons dans une opposition ferme mais dans une opposition aussi de dialogue si le Premier ministre souhaite être dans un dialogue et dans une forme d’alternance au moins en termes de mesures plus sociales que tout ce que nous avons eu depuis 2022. Nous défendons l’idée qu’il faut arrêter avec l’idée de cette retraite à 64 ans, qu’il faut plus de justice sociale, qu’il faut revaloriser les salaires et qu’il faut lutter contre la casse de l’hôpital et de l’école. Et donc oui, si nous pouvons avoir des victoires sur le fond, nous irons les chercher, mais pour cela il faudra des engagements forts de la part du Premier ministre et pour l’instant, il n’y a aucune déclaration d’intention véritable, donc nous jugerons d’abord aux actes."

      Les réactions de l'extrême droite : 

      •  Kévin Mauvieux, député RN de la 3e circonscription de l'Eure

      "Le nom de François Bayrou m’évoque que nous sommes au final en train de remplacer un LR déguisé en macroniste. Emmanuel Macron n’a pas tiré conclusion des élections qui ont eu lieu au mois de juin que ce soit les législatives ou les européennes. On continue avec un Premier ministre macroniste. Maintenant, nous, ce qu’on va lui demander c’est de respecter nos électeurs et nos lignes rouges pour que cela puisse durer. On avait dit qu’on censurerait un gouvernement de gauche immédiatement, ce n’est pas un gouvernement de gauche. On n’a pas de majorité à l’Assemblée nationale, il faut savoir faire des compromis. On espère que François Bayrou voudra faire des compromis".

      "Les lignes rouges sont toujours les mêmes que celles que l’on a fixées au mois de septembre à l’arrivée de Michel Barnier. (...) C’est : ne pas toucher au pouvoir d’achat des Français ou l’améliorer, c’est ne pas augmenter les taxes et les impositions sur les Français et sur nos entreprises, TPE, PME, artisans, commerçants, agriculteurs qui ont besoin d’être soutenus, et qui n’ont pas besoin d’être taxés à nouveau. C’est faire des économies là où c’est nécessaire. Il faut dégraisser l’Etat, on a le millefeuille administratif, on a plusieurs centaines d’agences d’Etat qui coûtent beaucoup d’argent et qui ne servent à rien. Une contribution à l’Union Européenne qui est beaucoup trop élevée. Donc faire les économies là où il faut sans empiéter sur le pouvoir d’achat économique".

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