Le maire de Rouen (Seine-Maritime) a décidé de faire réagir l’opinion et surtout Bruno Retailleau sur la situation de Liri, jeune Kosovare intégrée en France et visée par une OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français).
Au même titre que certains otages français, le visage de Liri est désormais affiché sur la façade de la mairie de Rouen (Seine-Maritime).
Otage de ses origines… La jeune fille kosovare vit en France depuis près de 10 ans. Pourtant, la préfecture de la Seine-Maritime lui a envoyé une troisième OQTF.
Une aberration pour le maire Nicolas Mayer-Rossignol (PS) qui mobilise ses élus et les médias pour faire connaître la situation de la jeune femme.
Une mobilisation politique et médiatique
"Une semaine après notre interpellation, malgré des centaines et des centaines de milliers de soutiens, toujours aucune réponse de B. Retailleau concernant Liri. Son portrait est désormais au fronton de la mairie de Rouen. À côté de la devise républicaine. À côté du mot Fraternité", a-t-il publié sur le réseau social X.
Une semaine après notre interpellation, malgré des centaines et des centaines de milliers de soutiens, toujours aucune réponse de B.Retailleau concernant Liri. Son portrait est désormais au fronton de la Mairie de @Rouen. À côté de la devise républicaine. À côté du mot Fraternité pic.twitter.com/Kh5DRkWehr
— Nicolas Mayer-Rossignol (@NicolasMayerNMR) February 3, 2025
C’est l’émission de France 2 "Compléments d’enquête" qui a mis en lumière la situation de cette jeune femme de 24 ans. Arrivée du Kosovo à l’âge de 15 ans, diplômée de l’université de Rouen (Seine-Maritime), Liri avait même une proposition d’embauche.
Malgré la mobilisation, la préfecture de Seine-Maritime reste sur sa décision précisant que son dossier "a déjà fait l’objet de plusieurs examens approfondis au cours des dernières années, qui ont constaté qu'elle ne remplissait pas les conditions nécessaires pour être régularisée".
En octobre 2024, le tribunal administratif de Rouen avait demandé à la préfecture de réexaminer la situation de Liri. "En tenant compte du fait qu'elle ne remplissait pas les conditions requises pour obtenir un titre de séjour sur le fondement initial de sa demande, la préfecture a examiné tous les autres motifs possibles, soit environ 150 fondements différents, au titre du code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile", indique la préfecture de la Seine-Maritime.
Avant d'ajouter : "Parmi l'ensemble des fondements analysés figurait notamment le droit au respect de la vie privée et familiale: or, les parents de l'intéressée font également l'objet de mesures d'éloignement confirmées par le tribunal administratif le 21 février 2023, qui n'ont pas non plus été respectées. Dans ce contexte, il a été constaté que l'intéressée n'avait apporté aucun élément nouveau susceptible de justifier sa régularisation."
Un travail pour un nouvel examen de son cas
Parmi les réponses apportées à Liri, la préfecture de Seine-Maritime lui précise qu’à son retour au Kosovo (ou tout pays dans lequel elle serait légalement admissible), elle pourrait une demande au titre de l'immigration professionnelle en effectuant les démarches d'introduction de main-d’œuvre avec son employeur.
Son avocate Me Cécile Madeline continue son combat et fonde beaucoup d’espoir dans une nouvelle promesse d’embauche. "On va contester ça et voire tout ce que je peux faire, retrouver un travail... Faire tout ce qu’il faut pour montrer que je mérite les papiers, que je mérite d'être ici", expliquait Liri dans notre article du 28 janvier 2025.
Autre argument : "Une durée de présence d'au moins sept ans constitue l'un des indices d'intégration permanent," explique l'avocate.
Pour rappel, dans les dossiers de Mariam et de son fils originaires du Tchad ou encore d'Adama Ballo, l'apprenti boucher, la juridiction administrative avait fini par lever l'OQTF considérant ce critère d'insertion. Liri garde espoir.