Julien* est agriculteur près des Andelys dans l'Eure. Son petit garçon, atteint d'une maladie rare, doit se rendre régulièrement au CHU de Rouen. Son père ne comprend pas que le parking de l'hôpital soit aussi cher pour les malades et leurs proches.
"C'est un scandale." Les mots de Julien* près des Andelys dans l'Eure, sont forts. Celui qui est père d'un petit garçon, prénommé Lucas*, est soigné au CHU de Rouen pour une maladie rare, une afibrinogénémie.
Son sang ne coagule pas normalement, ce qui nécessite un traitement et un suivi régulier au CHU de Rouen.
"Ça me coûte une fortune de venir à l'hôpital"
"Nous sommes obligés de venir ici, les autres hôpitaux plus près de chez nous ne traitent pas cette maladie, indique le papa de Lucas. Mais ça coûte une fortune de venir à l'hôpital !"
Le couple, Julien et Laurie*, a dépensé près de 200 euros par mois de parking au CHU de Rouen les premiers mois de la vie de leur fils, pour rester auprès de lui. "Je m'en souviens bien car en tant qu'agriculteur, je gagne 200 euros par mois et je devais le mettre dans le parking !", peste-t-il, amer.
Julien ne comprend pas que ce soit si cher. "Et en plus, c'est un privé qui gère ce parking. Où va l'argent ? J'espère qu'il va à l'hôpital, sinon c'est vraiment malsain. Cela sent le gavage financier, on est vraiment dans un système autoroutier où on se sent racketté".
Il y a avait certainement des histoires d'abonnements, mais on n'avait vraiment pas la tête à ça. Franchement, ce n'est pas comme un parking privé classique de centre-ville où on va faire ses courses ou aller au cinéma !
Julien
La famille n'est pas sans revenir au CHU de Rouen car la maladie de Valentin nécessite des visites régulières. "Et nous attendons un deuxième enfant qui est atteint de la même chose", souffle Julien, qui déplore un manque d'humanité de la part des services publics. Ce dernier demande la gratuité des parkings pour les malades et leurs proches.
Une délégation de service public
Mais alors comment faire ? Du côté de l'hôpital, la réponse est rapide. "Nous sommes désolés pour cette famille mais ce parking fait l'objet d'une délégation de service public à Effia, nous ne gérons pas du tout cela."
La direction rappelle que même les salariés de l'hôpital payent et que "malheureusement, il n'y a pas vraiment de choix dans les hôpitaux de centre-ville" pour faire face notamment au phénomène de voitures ventouses mais aussi à tous les automobilistes qui viendraient se garer gratuitement même sans aller à l'hôpital.
Le CHU de Rouen rappelle qu'il y avait également une problématique de manque de places qui est en train de se régler puisqu'avec le déménagement du Samu dans un nouveau bâtiment, Effia a ainsi pu construire 600 nouvelles places pour le personnel mais aussi les patients et leurs proches.
"Nous ne touchons pas d'argent d'Effia, mais ce sont eux qui sont en charge d'entretenir le parking, d'investir... Ils gèrent également tout le stationnement à l'intérieur de l'hôpital", rappelle la direction.
L'entreprise Effia précise qu'elle encaisse les recettes des parkings et qu'une partie est reversée à l’hôpital sous forme de redevance d’occupation.
Un investissement de 18 millions d'euros
"Nous sommes sur un contrat de délégation de service public pour la construction d’un parking silo et l’exploitation du stationnement. Effia porte à ce titre tous les investissements ainsi que les charges d'exploitation nécessaires au bon fonctionnement des parkings (maintenance des équipements, personnel, entretien…)", indique la société Effia à France 3 Normandie.
Effia assure avoir effectué 18 millions d'euros d'investissement pour agrandir ce parking qui passe donc de 1 000 à 1 600 places d'ici les prochaines semaines.
La société souligne que les abonnements sont réservés au personnel du CHU "mais il existe bien par ailleurs des forfaits hospitalisation (journalier, hebdomadaire ou mensuel) qui sont disponibles sur justificatif".
Sur son site internet, Effia propose effectivement des services d'abonnements en fonction des places disponibles, soit 12 euros la journée en illimité, 9,10 euros pour deux jours illimité et 103 euros pour le mois en illimité.
Des possibilités de remboursements
La même problématique avait été soulevée au CHU de Caen par la maman d'un enfant atteint d'un cancer en 2023. L'hôpital avait indiqué qu'il était possible de faire une demande de remboursement auprès de la Caisse primaire d'assurance maladie (CPAM).
Il existe effectivement des moyens pour se faire rembourser les trajets et les frais de stationnement en remplissant un formulaire sur son compte Ameli, à condition de remplir plusieurs critères et notamment d'avoir une prescription médicale de transport de son médecin et de garder toutes les factures d'essence, de péages ou de stationnement.
Mais cela ne fonctionne que pour le transport du patient et du conducteur, pas celui des visiteurs.
*Prénoms d'emprunt