Près d'un an après la tentative de braquage d’une armurerie à Eslettes (Seine-Maritime) près de Rouen, l'enquête avance. Onze personnes ont été mises en examen pour ces faits commis en janvier 2024.
Le 9 janvier 2024, une tentative de braquage d’une armurerie à Eslettes (Seine-Maritime), fait un mort parmi les braqueurs, et crée l'émoi dans la région. Comment cette armurerie basée en pleine campagne a pu être la cible d'un braquage avorté ? L'enquête avance, mais contrairement à ce qui avait été dit dans un premier temps, ce ne sont pas 13 mais 11 personnes qui ont été mises en examen dans cette instruction.
"Ils ont ratissé large"
Nous avons pu nous entretenir avec Maitre Denis, l'avocat parisien d'une de ces personnes. Son client doit être auditionné dans les prochaines semaines. Il a demandé un recours en nullité estimant que son client n'est pas impliqué dans l'affaire "il n'y a pas d'indice grave et concordant qui indique que mon client a participé". Son ADN a cependant été retrouvé sur une plaque minéralogique d'une voiture volée destinée au braquage.
Par ailleurs une "requête en nullité du réquisitoire introductif" a été déposée par un autre avocat et Maitre Denis a fait de même : "tous les avocats du dossier doivent suivre mais elle a très peu de chance d'aboutir" confie l'avocat. "Imaginez bien que si ça passe, ça revient à annuler tout ce qu'a fait le juge en 6 mois". La décision devrait être connue le 8 décembre.
"En gros, ils ont mis en examen et placé en détention toutes les personnes qui pouvaient de près ou de loin, moyennant un indice, avoir quelque chose à voir avec le dossier. Maintenant, ils sont en train de faire le tri et finiront par garder seulement 2, 3 personnes à tout casser".
Maître Denis nous précise que le Juge des Libertés et de la détention (JLD) ne voulait pas mettre son client en détention provisoire, et que le parquet avait fait appel.
Rappel des faits
Le 9 janvier 2024, 3 individus pénètrent dans cette armurerie installée en pleine campagne près de Rouen. Originaires d’Ile-de-France, ils auraient eu connaissance d’un important arrivage d’armes grâce aux réseaux sociaux. Les malfaiteurs sont tous âgés de 18 ans, et parviennent jusqu’à Eslettes avec une voiture volée. Ils mettent en joue le salarié de l'armurerie, qui tire sur l'un d'entre eux : un braqueur meurt, les deux autres s'enfuient.
L'employé continue alors "de leur tirer dessus dans leur fuite". Il touche un autre individu à la jambe. Arrêté le jour même, le fuyard est désormais en détention provisoire.
Le troisième homme impliqué dans le braquage se rend auprès de la gendarmerie quelques jours plus tard. Il est mis en examen pour tentative de vol avec arme en bande organisée, association de malfaiteurs, recel de vol et destruction par moyens dangereux, et placé en détention provisoire. Un autre complice, qui l’avait aidé à prendre la fuite, a été arrêté et mis en examen pour association de malfaiteur et recel de malfaiteur. Placé en détention provisoire, il a été remis en liberté et placé sous contrôle judiciaire.
Le point sur l’enquête fin 2024
Des interpellations ont eu lieu cet été, ainsi qu'à la rentrée en Normandie et en Ile-de-France. Les enquêteurs ont pu identifier les individus notamment après l’analyse de conversations échangées sur l’application Signal. Ces personnes sont soupçonnées d’avoir aidé, de près ou de loin, les braqueurs.
Concernant les personnes interpellées près de Rouen, l’une d’entre elles aurait prêté un appartement à Canteleu pour héberger les malfaiteurs. "Mon client a mis les mains sur ces plaques un ou deux mois avant le braquage lorsqu'il a squatté ce logement où tout le monde entrait et sortait" détaille Maitre Denis. La seule chose que l'on puisse lui reprocher selon lui, est un recel de fausse plaque.
Deux informations judiciaires en cours
Deux informations judiciaires sont ouvertes, dont une pour tentative de vol en bande organisée, association de malfaiteurs, recel de vol de véhicule et destruction par moyen dangereux pour les personnes.
Une seconde information judiciaire a été ouverte pour homicide volontaire et violences volontaires avec arme à l'encontre du salarié de l'armurerie. Son placement sous contrôle judiciaire a été ordonné par le juge d'instruction.