Vendée Globe 2024. "Très similaire à ce que vivent les astronautes" : ces capteurs qui ont mesuré la santé de Dalin et Richomme

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Les marins du Vendée Globe vivent leur course au large dans des conditions extrêmes. Au point qu'une équipe de chercheurs caennais s'intéresse à leurs capacités physiologiques, similaires à celles des astronautes. On vous raconte

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Les vidéos postées par les skippers du Vendée Globe en attestent, la vie quotidienne sur les bateaux de course reste hors norme. Les marins grappillent une micro-sieste au milieu du bruit des vagues, du vent et des bips du matériel électronique, pour tenir le choc après une nuit difficile. Les plats lyophilisés font office de repas équilibré, avant un retour sur le pont pour une manœuvre délicate.

"La course au large est un environnement de stress extrême avec le mouvement perpétuel, le bruit, un taux d’humidité élevé à gérer", explique Gaelle Quark, chercheuse à l’Université de Caen, "c'est un modèle très intéressant d'étude car extrême". Elle travaille sur le projet Sailors, mené par une équipe de chercheurs pluridisciplinaires, sur les marins du Vendée Globe. Bérénice Charrez, postdoctorante et navigatrice, est à l’origine de cette recherche sur la physiologie des marins de l’extrême. 

La vidéo de

15 skippers du Vendée Globe participent à une étude sur leur physiologie

15 skippers du Vendée Globe participent à une étude sur leur physiologie (c'est-à-dire sur le fonctionnement de leur corps). Yoann Richome, Sam Goodchild, Clarisse Cremer, Justine Mettraux, Boris Herrmann, Sebastien Simon, Damien Séguin, Tanguy Le Turquais, Romain Attanasio, Benjamin Ferré, Oliver Heer, Conrad Colman, Kojiro Shiraishi, Éric Bellion et Szabolcs Weores ont d'abord répondu à des questionnaires sur le sommeil. Ils ont ensuite réalisé une batterie de tests de précourse, entre 24 et 48 heures avant le départ.

"Ce sont des épreuves d’équilibre, de marche, de force d’agrippement, des tests d’orientation spatiale" précise Gaelle Quark, "Une seconde phase aura lieu après l’arrivée pour comparer ces données".

Treize skippers ont accepté d'être équipés de capteurs divers durant la course. Dans leur attirail : des capteurs de fréquence cardiaque, des montres connectées, une « exoskin » (un vêtement rempli de capteurs), un analyseur de sommeil et des patchs de contrôle du glucose. 

"Les marins rencontrent des problèmes d’hydratation et de nutrition" explique Gaelle Quark, chercheuse à l’Université de Caen." L’inactivité des membres inférieurs couplée à des phases d’activité intense en cas de manœuvre est une donnée particulière à ce sport."

Tout comme la durée de la compétition. "Psychologiquement et mentalement, la course relève d’une sorte de confinement avec des situations de crises à gérer et des décisions à prendre. C’est un modèle d’étude intéressant car le milieu est extrême. Nous souhaiterions pouvoir faire un parallèle avec les astronautes en rapprochant nos données."

Marins et astronautes, des profils similaires ?

Les marins ont recours au sommeil fractionné par tranches de 20 minutes en mode sieste et de 2 heures pour les phases longues, avec comme objectif un cycle complet de 90 minutes. "C'est très similaire à ce que vivent les astronautes dans l'espace" note Gaelle Quark, "dans la station internationale, les plannings sont très contraints et des plages horaires sont dédiées au sommeil."

Si on est fatigué, on prend de mauvaises décisions.

Samantha Davies

En mer, les skippers du Vendée Globe doivent maintenir leur vigilance pour rester à l’écoute du bateau et des éléments, ce qui, de fait, limite leur plage de sommeil. Samantha Davies l'explique :"on peut dormir grâce au pilote automatique. On ne ralentit pas. La clé pour bien dormir c’est de bien régler ses voiles et de régler les alarmes, s’il y a un problème, elles vont me réveiller". La skippeuse s'est fixée pour objectif d'avoir au moins 5 heures de sommeil toutes les 24 heures. "Si on est fatigué, on prend de mauvaises décisions". 

Dans la vidéo ci-dessous, plusieurs skippers du Vendée Globe parlent de leurs conditions de sommeil :

Peut-on imaginer être un gros dormeur et un skipper de haut niveau ? "Là c’est une colle. Peut-être si la personne a une bonne adaptabilité et une bonne acceptation de la privation. Mais ça ne doit pas être facile." On peut imaginer que ces profils ne se dirigent pas vers la course en solitaire. En tout cas, ils ne semblent pas faire partie du panel de l’étude de "Sailors".

Si vous avez besoin de huit heures de sommeil, rassurez-vous. Vous ne gagnerez peut-être pas le Vendée Globe mais vous vivrez plus vieux. "Les études montrent que les très petits dormeurs ont une espérance de vie réduite" rappelle Gaelle Quark.

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