L'association "France Terre d'Asile" a dénoncé l'expulsion de trois jeunes étrangers vers le Cameroun ou la République démocratique du Congo, malgré des doutes sur leur âge, une demande d'asile pour l'un et une pathologie pour un autre. Place Beauvau, on reconnaît qu'il y a eu une "erreur".
L'affaire a été révélée ce mardi par l'association France Terre d'Asile mais elle remonte au 10 janvier dernier.
Ce jour-là, selon FTA, trois jeunes hommes ont été arrêtés à Poitiers avec trois autres jeunes étrangers dans un hôtel où ils avaient été placés par l'Aide sociale à l'enfance (ASE, services sociaux du département pour les mineurs).
Les six jeunes se sont déclarés mineurs et ont produit des actes de naissance en ce sens, mais une analyse osseuse (un test dont la fiabilité est souvent mise en cause) a indiqué le contraire. Suite à ce test, le département de la Vienne a décidé de les sortir du dispositif de l'ASE mais en leur laissant quinze jours pour s'organiser. Or, toujours selon FTA, avant l'expiration de ce délai, la police des frontières est venue les interpeller.
Dossier inacceptable pour FTA
Ils ont alors été placés dans des centres de rétention de la région parisienne. Un Malien a été libéré en raison de la situation dans son pays et un Camerounais par un juge qui l'a déclaré mineur. Trois ont été expulsés dimanche: un Congolais qui venait de déposer une demande d'asile et deux Camerounais, dont l'un reconnu souffrant par l'Agence régionale de santé."Il s'agit là d'atteintes graves aux droits des personnes. Nous avions pourtant alerté les autorités sur la complexité et la vulnérabilité de ces situations",a indiqué le directeur général de FTA, Pierre Henry. "Tout dans ce dossier est inacceptable: de leur arrestation, à l'expulsion dans la précipitation d'un malade et d'un demandeur d'asile", a-t-il encore ajouté.
Un ressortissant de Guinée Conakry, qui avait lui aussi déposé une demande d'asile, reste placé en centre de rétention à Palaiseau (Essonne).
Autorisé à revenir en France
Mardi soir, le ministère de l'Intérieur a reconnu que l'expulsion du jeune demandeur d'asile vers la République démocratique du Congo (RDC) était "une erreur" et qu'il serait autorisé à revenir en France. "Il y a eu un problème. C'est une erreur qu'il faut corriger", a indiqué l'entourage de Manuel Valls. "S'il souhaite rentrer, on lui fera un laissez-passer pour qu'on puisse étudier sa demande d'asile."Quant au ressortissant de Guinée, qui a lui aussi déposé une demande d'asile, il reste en centre de rétention à Palaiseau (Essonne). Il ne devrait pas être expulsé avant que sa demande soit examinée.
En vertu des engagements internationaux de la France, le Code de l'entrée et du séjour des étrangers (Ceseda) autorise les demandeurs d'asile à rester sur le territoire français pendant le traitement de leur dossier.