Les Rroms ne revendiquent aucun territoire. Ils sont libres. Tsiganes, manouches, gitans... leur point commun : une origine indienne, une diaspora à travers le monde, une culture commune, une vie communautaire tel un réflexe d'entraide. Nous leur avons donné la parole.
Nous sommes allés à la rencontre de Rroms installés sur le squat historique de l'avenue Thiers à Bordeaux. Certains sont maintenant parfaitement intégrés, d'autres vivent avec la peur de l'expulsion. Ils sont suivis par des médiateurs recrutés par la mairie de Bordeaux. Et participent à des cours de français, des cours de cuisine pour s'adapter.
Un magazine de Cendrine Albo et Didier Bonnet
C'est un peuple qui dérange. Depuis des siècles. Ils n'ont jamais vraiment été appréciés en occident. Victimes de nombreuses discriminations, jusqu'à être réduits en esclavage en Roumanie du 14ème au 19ème siècle, ou interdits de procréation en Europe du Nord.
Les Rroms, indésirables, incompris, ont de fait beaucoup voyagé. En France, les premiers Rroms sont arrivés au 15ème siècle. La grande majorité de cette communauté est totalement intégrée dans la société depuis plusieurs générations.
Les Rroms que nous voyons vivre dans les squats viennent des pays d'Europe de l'Est. La chute des régimes communistes dans les années 90 a provoqué une certaine montée des nationalismes et un rejet radical de certaines populations, dont les Rroms.
En Roumanie, le racisme envers cette communauté est tel que des villages entiers de Rroms ont été brûlés. Pour eux il est aussi plus difficile de trouver un emploi. Beaucoup acceptent de travailler dans des conditions difficiles, pour quelques euros par jour.
Certains ont décidé de partir, plutôt que de rester sans argent et sans avenir là-bas. Plusieurs milliers. Qui se retrouvent ensuite dans des squats en France ou ailleurs en Europe.
Quelques uns souhaitent rester, d'autres repartir, mais tous cherchent à gagner de l'argent pour survivre, pour se construire un meilleur avenir. Le squat, pour eux qui n'ont rien, est un passage obligé en attendant mieux.
Si quelques uns dérivent dans la petite ou la grande délinquance, la majorité a la volonté de s'en sortir honnêtement, par le travail.
Pas facile pour eux de s'intégrer, de faire tomber les préjugés, mais ils y arrivent, petit à petit. Ils ont besoin d'un coup de pouce social, d'apprendre le français et qu'on leur laisse une chance de faire leurs preuves.