Au procès Pallardy, les experts ont pointé la pleine responsabilité de "l'ostéo des stars" qui exerçait sur l'Île de Ré et à Paris. L'avocat général a demandé une peine de 12 années de réclusion : Pierre Pallardy était poursuivi pour viols et agressions sexuelles sur une vingtaine de ses patientes.
Les dépositions des experts
C'était l'un des tournants de ce procès d'Assises, quand les experts psychiatres ont clairement placé Pierre Pallardy devant ses responsabilités de thérapeute, en pointant son narcissisme."Il se croit authentiquement des capacités hors de mesure, il y a une auréole narcissique qui l'entoure", a expliqué l'un des experts, tout en relevant "un parcours dont la réussite ne peut se discuter". L'ex-"ostéopathe des stars" courait effectivement les plateaux télés, publiait des best-sellers consacrés au bien-être et refusait des clients dans sa maison-cabinet du XVIe arrondissement.
L'expert a d'ailleurs relevé ce "mot exceptionnel" de Pallardy pendant leur entretien: "Je sais que beaucoup de patients me prennent pour Jésus Christ ou Dieu tout puissant." Par contre, il n'a observé aucune pathologie ou altération du discernement: "Il a une théorie qui guide une pratique, il est conscient des risques de cette pratique." Pierre Pallardy a effectivement parlé de "méthode puissante et dangereuse".
Pour l'expert pas de doute, "si les faits étaient avérés, il en serait pleinement responsable" et les faits seraient "de nature perverse". Non que Pallardy soit un pervers, mais il cèderait au "bénéfice narcissique d'avoir osé le faire en débordant la puissance des interdits".
Moment de fragilité
Alors même que sa position le rend pleinement responsable du déroulé des séances: "Il sait a priori que si des patientes viennent le voir, c'est qu'elles sont fragiles, en souffrance. Dans cette pratique, si quelqu'un maîtrise la situation et les choses, c'est Pierre Pallardy."Bertrand Phesans, qui a examiné une douzaine des plaignantes, ne dit pas autre chose: "Toutes ces femmes sont allées voir cet homme pour sa position professionnelle, cette autorité, cette notoriété. Elles vont le voir et s'en remettent complètement à lui."
Douze ans de prison requis
"Il faut punir des actes graves", a lancé à la cour d'assises l'avocat général Annie Grenier, rappelant qu'il y avait "quand même sept victimes de viols". Elle a donc demandé à la cour de condamner l'accusé à une peine "pas inférieure à 12 années de prison", avec une interdiction définitive d'exercer et l'inscription au fichier des délinquants sexuels."Les victimes, elles, sont ici pour que vous disiez oui ce sont bien des victimes", a-t-elle souligné, alors que Pierre Pallardy a toujours nié depuis son interpellation en 2006 et tout au long des trois semaines de procès. Il a affirmé que les plaignantes s'étaient méprises sur des gestes thérapeutiques, qui pouvaient en outre faire ressurgir des souvenirs enfouis de violences sexuelles, ou avaient fait des "transferts" sur sa personne.
Le procès est en cours depuis le 1er octobre et le verdict devrait être connu dans la journée.
