Les pro-ours tirent à boulet rouge sur Ségolène Royal depuis que la ministre de l'Écologie, venue dans les Hautes-Pyrénées assister à un lâcher de bouquetins, a déclaré qu'elle ne donnerait pas l'autorisation à l'introduction d'un deuxième ours dans ce département.
"Elle n'a rien compris et n'y connaît rien", "elle renie ses propres experts", "elle légitime et encourage les opposants les plus violents": les associations
favorables à l'introduction de nouveaux ours dans les Pyrénées tirent à boulets rouges lundi sur Ségolène Royal.
La ministre de l'Écologie, en visite samedi dans les Hautes-Pyrénées pour assister à un lâcher de bouquetins, a déclaré qu'elle n'allait pas donner l'autorisation à l'introduction d'un deuxième ours dans ce département car elle "considère que c'est un problème pour le pastoralisme".
La population d'ours dans la chaîne pyrénéenne, menacée de disparition dans les années 90, a depuis été sauvée par des introductions d'ours
slovènes entre 1996 et 2006. Elle était évaluée en 2013 à 24 animaux entre la France et l'Espagne, mais deux seulement, les mâles Néré et Cannelito, se répartissaient entre Pyrénées-Atlantiques et Hautes-Pyrénées. L'essentiel de la population se situe plus à l'est, principalement en Ariège et en Haute-Garonne.
Un sujet sensible
Partout, les éleveurs s'insurgent contre la présence de ces "prédateurs", les accusant de décimer les troupeaux de moutons.Les pro-ours veulent au contraire que la population ursine soit renforcée pour être viable durablement. Ils s'appuient sur des rapports d'experts
du Muséum d'histoire naturelle ou de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage pour réclamer l'introduction "à terme" de 15 à 20 ours sur l'ensemble de la chaîne.
Selon Alain Reynes, directeur de l'association Pays de l'ours-Adet, il faudrait en particulier "dix femelles et trois mâles supplémentaires sur le noyau occidental, le plus fragile", celui pour lequel Mme Royal a refusé toute introduction supplémentaire.
Regardez quelques images d'ours dans les Pyrénées.
Un problème pour les troupeaux
"Les réintroductions d'espèces ne doivent pas avoir lieu dans des zones de pastoralisme", a-t-elle indiqué samedi, en évoquant le cas des oursmais aussi des loups dans le Sud-est de la France.
Les associations s'insurgent contre cette "préférence pour le pastoralisme". Sous le titre "Ségolène Royal dévisse dans les Pyrénées", Pays de l'ours-Adet qualifie dans un communiqué les déclarations de la ministre de "propos dignes d'une secrétaire d'État à la domestication de la Nature".
"C'est une fausse bonne idée, improvisée, car à la suivre il n'y aurait plus d'ours nulle part, l'élevage étant partout dans les Pyrénées", note Alain Reynes.
L'association Ferus va encore plus loin et "demande la démission de la ministre de l'Écologie" car "elle n'a rien compris et n'y connaît rien".
"La biodiversité, c'est aussi un partage de l'espace et non son occupation exclusive par une seule espèce ou une catégorie socio-professionnelle", explique cette association, qui défend aussi la conservation des loups et des lynx.
Arrêter d'opposer l'Homme à la Nature
Pays de l'ours - Adet, présidée par le maire d'Arbas (Haute-Garonne) François Arcangeli, qui a accueilli sur sa commune des ours slovènes lâchés en 2006 dans les Pyrénées centrales, estime que les propos de la ministre "opposant encore en 2014 l'Homme et la Nature" sont "irresponsables et dangereux".Selon l'association, "elle renie ses propres experts (...) elle méprise les obligations internationales de la France et la mise en demeure de la Commission Européenne".
L'association de M. Arcangeli reproche aussi à la ministre de "jeter de l'huile sur le feu": "elle légitime et encourage de fait les opposants les plus violents
qui déjà insultent, menacent, agressent, cassent et brûlent".
Le 28 juin, plus de 2.000 éleveurs, agriculteurs et chasseurs avaient dénoncé, dans le calme, à Foix, "l'ensauvagement" de la montagne et les "contraintes" pesant sur leurs activités en raison des mesures de protection de l'ours, notamment.