Les médecins généralistes boycottent la carte vitale

Vents debout contre le tiers payant, les médecins ont décidé d’entamer une « guérilla administrative ». Ils boudent la télétransmission et retournent à la feuille de soin afin d’engorger les services de l’assurance maladie. Une façon de faire pression sur le gouvernement.

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"Nous entrons dans un mouvement de harcèlement et de guérilla qui va durer, à moins que le gouvernement ne recule", prévient Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF, principal syndicat de généralistes. "Les médecins sont excédés, ils ne lâcheront pas".











Certains syndicats appellent, en plus du boycott, à fermer les cabinets ce lundi et demain mardi.

Ils demandent la réécriture du projet de loi santé qui doit être débattu au printemps au Parlement. Ce projet prévoit notamment la généralisation du tiers payant. Le patient n’aurait plus à payer chez le médecin, comme à la pharmacie. 

Une mesure qui sera difficile à mettre en œuvre chez les généralistes. La plupart n’ont pas de secrétaire et redoutent la lourdeur des tâches administratives inhérentes au tiers payant. Ils craignent par ailleurs d’importants retards de paiements et d’éventuelles erreurs sur leurs remboursements.

Contrairement aux urgentistes et aux patrons de cliniques privées, qui ont renoncé à leur mouvement après avoir obtenu des "avancées" auprès de la ministre de la Santé Marisol Touraine, les médecins n'ont arraché que la promesse de groupes de discussions courant janvier.

Ils comptent maintenant noyer la Sécu sous la paperasse pour inciter le gouvernement à bouger.

"L'idée n'est pas de refuser systématiquement la carte Vitale, mais de faire une feuille de soin à la place lorsque cela ne pénalise pas le patient", explique Jean-Paul Ortiz, qui a lancé cette action dès le 2 janvier, avec la volonté de la limiter aux patients pouvant assumer des remboursements plus tardifs.

"Il suffit que chaque médecin fasse quelques feuilles de soin tous les jours pour encombrer très rapidement le système", souligne-t-il.

Le CSMF appelle aussi les médecins à envoyer par la voie postale tous les formulaires (accidents du travail, déclarations de médecin traitant, formulaires d'affections de longue durée, demandes d'entente préalable ...).

D’autres "actions coup de poing" qui n'ont pas été précisées doivent suivre.

Un autre syndicat, le SML, de son côté, a choisi une "opération engorgement administratif" à partir de mercredi, consistant à continuer de prendre la carte Vitale, tout en envoyant systématiquement un duplicata à la Sécurité sociale, précise son président Eric Henry.

"Ce n'est qu'un début, d'autres moyens vont apparaître dont on est en train de discuter en intersyndicale. On peut bloquer le système", menace t-il, soulignant que la Sécurité sociale, fortement informatisée, n'a plus les effectifs pour traiter "à l'ancienne" un afflux de papier.

Outre la grève des cartes Vitale à partir de lundi, la FMF appelle pour sa part à une "grève nationale illimitée des gardes", dans le but là encore de donner un surcroît de travail, cette fois aux Agences régionales de santé qui seront "obligées de réquisitionner".

François Hollande promet aux médecins de faire "simple"


Interrogé sur France Inter ce lundi matin, le président a dit lundi comprendre les inquiétudes des médecins.

Il a concédé qu’il faudrait être "plus simples", "plus efficaces" dans le traitement des demandes de remboursement.

"Je comprends les médecins qui disent qu'il ne faut pas que ce soit compliqué. C'est toujours la même chose, il ne faut pas que ce soit compliqué et il ne faut pas qu'on soit remboursé à la Saint-Glinglin. Ils ont parfaitement raison les médecins, il faut qu'on puisse être capables d'être beaucoup plus simples, beaucoup plus efficaces, mais c'est quand même une avancée", a-t-il déclaré.

Cette guérilla administrative risque d’allonger les délais de remboursement de plusieurs semaines, voir de plusieurs mois, pour les patients.
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