Les hôteliers ont gagné une bataille contre Booking.com qui va renoncer à la majeure partie des clauses tarifaires et de disponibilité qu'il imposait aux professionnels, afin de mettre fin aux procédures engagées contre lui, une décision qui ne satisfait qu'en partie la profession.
Ces engagements de Booking.com s'appliqueront en France, mais aussi en Italie et en Suède et ont vocation à être étendus à toute l'Europe, a assuré ce mardi l'Autorité de la concurrence.
Après une procédure de négociations de près deux ans entre le leader français de la réservation hôtelière en ligne - il détient les 2/3 du marché - et l'Autorité de la concurrence française, Booking.com n'empêchera plus les hôteliers qui souhaitent utiliser ses services de pouvoir proposer sur d'autres plateformes de réservations ou directement sur place, par téléphone, par mail des tarifs inférieurs à ceux qui figurent sur son site.
Jusqu'ici, ces tarifs inférieurs étaient interdits dans les contrats que Booking imposait aux hôteliers. Ce qui constituait une clause abusive aux yeux des professionnels.
En revanche, les hôtels ne pourront toujours pas afficher sur leur propre site internet des tarifs inférieurs à ceux de Booking, sauf pour les titulaires de leur carte de fidélité.
Ils pourront toutefois y faire figurer le fait que des tarifs "intéressants" ou des "promotions avantageuses" peuvent être proposés en cas de réservation directe avec l'hôtelier.
Par ailleurs, les hôtels seront plus libre de choisir le nombre de chambres qu'ils confieront à Booking, contre jusqu'ici une majorité qui devaient passer par ce site.
40% du chiffre d'affaires des hôtels
L'inconvénient de Booking étant la commission que l'hôtelier est obligé de rétrocéder. Sur certaines périodes, l'hôtelier pourrait garder toutes ses chambres à vendre directement. Les engagements du site s'appliqueront à partir du 1er juillet pour une durée minimum de cinq ans."Nous pensons que nous avons aujourd'hui un équilibre satisfaisant, avec un accord gagnant/gagnant", a commenté Bruno Lasserre, président de l'Autorité de la concurrence. "Les hôtels retrouvent ainsi une vraie liberté commerciale et tarifaire, sans pour autant nier l'efficacité ou renoncer à rémunérer les plateformes de réservations
en ligne qui investissent massivement, notamment dans l'achat de mot-clés sur Google, pour assurer la visibilité des hôtels au niveau mondial", a-t-il ajouté.
Un point d'étape sera fait au plus tard le 1er janvier 2017 pour s'assurer que Booking respecte bien ses engagements. Dans le cas contraire, l'Autorité pourrait appliquer des sanctions pouvant aller "jusqu'à 5% de son chiffre d'affaires", a averti M. Lasserre.
Les hôteliers français ont salué une "étape importante", tout en déclarant que "cela ne règle pas tout" et qu'ils demeurent "vigilants" et résolus à retrouver leur liberté tarifaire totale.
Booking.com a de son côté "pris acte" de cette décision, indiquant sa volonté de d'étendre ces engagements à "l'ensemble de l'espace économique européen".
Ces propositions font suite en France à une plainte déposée par l'Umih, principal syndicat d'hôteliers, en juillet 2013 contre Booking, Expedia et HRS, procédure à laquelle s'est joint en février le groupe hôtelier Accor.
Booking.com compte 600.000 solutions d'hébergements (+40% en 2014) dans le monde, dont 38.850 en France (contre 17.000 il y a deux ans).
Selon Booking, en France, les réservations en ligne représentent 33% des réservations hôtelières, dont un tiers sur les sites des hôtels et deux tiers sur les agences de réservation en ligne (OTA).
Selon l'Umih, depuis l'arrivée des OTA en France en 2009, les réservations qui passent par ces agences en ligne représentaient 20% du chiffre d'affaire des hôteliers hexagonaux en 2010 et près de 40% en 2015.