Alain Juppé : "un fiasco sans précédent"

Dans une interview accordée à Sud-Ouest, l'ancien premier ministre et maire de Bordeaux dresse le bilan de l'année écoulée au pouvoir de François Hollande. Il est selon lui accablant surtout d'un point de vue économique.

L'essentiel du jour : notre sélection exclusive
Chaque jour, notre rédaction vous réserve le meilleur de l'info régionale. Une sélection rien que pour vous, pour rester en lien avec vos régions.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "L'essentiel du jour : notre sélection exclusive". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Et au détour d'une interview critique pour le gouvernement socialiste en place, révèle qu'il aurait été le premier ministre de Nicolas Sarkozy s'il avait emporté la Présidentielle de 2012 : " C'est ce qu'il m'avait dit... Il voulait nommer à Matignon quelqu'un d'expérimenté entouré de jeunes ministres".

Pour l'heure, l’ancien Premier ministre et maire de Bordeaux, Alain Juppé, estime que le bilan du gouvernement est accablant "’un fiasco sans précédent et une situation politique délétère". 
Il estime que la France s’est mise dans un piège sur le plan économique : "Tous les moteurs de la croissance sont en panne. Cela veut dire que le chômage va continuer à augmenter, que l’on va avoir encore plus de mal à réduire les déficits. D’autre part, le gouvernement et la majorité donnent l’impression de brinquebaler dans tous les sens."

Par ailleurs, il condamne la démarche envers les entreprises : "on leur a tapé sur la tête pendant dix mois, on a accumulé une série de taxes et d’impôts nouveaux, et tout d’un coup on découvre les mérites de l’entrepreneuriat. Or, les acteurs économiques ont besoin de stabilité."

Un leadership franco-allemand

Et quant à la politique extérieure, il dénonce le sursaut protectionniste du gouvernement : "on ressuscite le sentiment anti-allemand dans l’opinion, ce qui est totalement irresponsable".
Même s'il confirme la difficulté de maintenir ce lien entre la France et l'Allemagne : "Jamais nous n’avons dit que l’amitié franco-allemande était un long fleuve tranquille. Il y a eu des dialogues musclés entre Angela Merkel et Nicolas Sarkozy - j’en ai été le témoin -, mais on a toujours essayé de parvenir à un compromis, parce que c’est ce qu’attendent les autres pays de l’Union européenne. On a besoin de ce leadership franco-allemand, et c’est cela qui a été cassé depuis un an".
Et Alain Juppé d'ironiser sur le rattrapage de Jean-Marc Ayrault via les réseaux sociaux  : " le Premier ministre a été obligé de corriger le tir. Mais on ne fait pas de la diplomatie sur Twitter ; il ne suffit pas d’écrire un tweet, même en allemand, pour rectifier le tir..."

Responsabilité partagée sur la crise

Alain Juppé admet que cette situation de crise préexistait à l'arrivée de François Hollande au pouvoir : "Il y a incontestablement une responsabilité partagée. Depuis 1981, tous les budgets sont en déficit excessif, avec deux pics, l’un en 1993 et l’autre en 2009. Mais je vous ferai remarquer qu’après la crise mondiale de 2008 nous avons enclenché un processus de rétablissement des comptes et que nous avons atteint nos objectifs pour 2011. Certes, nous sommes tous un peu responsables, mais dans la période récente, certains sont plus responsables que d’autres…"

Bons points pour Hollande

En revanche, Alain Juppé estime que deux mesures du gouvernement Ayrault sont appréciables : 

  •  La première serait, selon lui, d’avoir fait ratifier le traité européen.
  • La seconde, "c’est l’accord sur la « flexisécurité » dans les entreprises, qui est équilibré et qui va dans la bonne direction. Il a déjà des conséquences positives, comme on le voit chez Renault."
Quant à l'intervention au Mali, même s'il dit l'avoir soutenue "parce qu'il y avait un grand risque de voir Aqmi arriver au pouvoir à Bamako", il émet néanmoins des réserves : "J’avais aussi posé, dès le début, un certain nombre de questions qui ne sont pas aujourd’hui résolues : où est le pouvoir légitime à Bamako ? Comment organiser la relève des armées françaises ? Que faire avec les mouvements touaregs au nord ? L’histoire n’est pas terminée. Nous n’avons pas exterminé les terroristes, nous les avons disséminés..."

La décentralisation : "un ratage sidérant

Selon l'ancien premier ministre, le gouvernement s’est mis dans une impasse. Trois lois vont venir compliquer sans idée directrice alors que, selon lui, la seule réforme courageuse aurait été de ne garder que deux niveaux d’administration : les régions et les intercommunalités. Ce qui n'est pas prévu. "C'est un ratage sidérant. C’est aussi le point de vue d’Alain Rousset, si j’en crois ce qu’il disait publiquement la semaine dernière".

Le mariage pour tous

A la question de savoir si oui ou non le maire de Bordeaux célèbrera des mariages homosexuels, Alain répond : "Oui. Si la loi le prévoit, je le ferai. À condition que cela ne se transforme pas en cirque médiatique. Nous attendons des instructions plus précises de l’État, mais nous avons déjà réservé des créneaux. Pour l’instant, il y a trois demandes. Ce n’est pas un raz de marée…"

Pour un remaniement ministériel

Pour lui, politiquement, la démarche qu'il reste à François Hollande serait un remaniement ministériel avec un gouvernement resserré et trois priorités :
  • tout faire pour aider les entrepreneurs à investir
  • suivre une politique sociale qui repose à la fois sur la solidarité et la responsabilité (dire la vérité sur les retraites, revenir sur la suppression du jour de carence pour les fonctionnaires).
  • aller plus loin vers l’union franco-allemande et l’intégration de la zone euro en matière fiscale notamment. "Si on avait cette vision partagée, peut-être la question d’un gouvernement d’union nationale pourrait-elle se poser, mais nous n’en sommes pas là".

Un regard critique sur l'UMP

Alain Juppé est lucide sur la fragilité du principal parti de l'opposition : "Nous avons connu une période détestable à la fin de l’année dernière. Cela s’est calmé. Nous avançons sur la réforme des statuts. Je me réjouis que l’idée de primaires ouvertes, que j’avais proposée dès le départ, soit aujourd’hui acceptée. Cela change la nature de la présidence de l’UMP : le chef du parti ne sera plus automatiquement le candidat à l’élection présidentielle ; il devient plutôt une sorte de premier secrétaire."

(source : Sud-Ouest)

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information