Trois personnes victimes d'essais nucléaires comparaissent ce mardi devant le tribunal administratif de Bordeaux. Le Comité d'Indemnisation institué par la loi Morin ne les a pas pris en compte. Le rapporteur public a demandé le rejet de ces trois dossiers. Le jugement a été mis en délibéré.
Leurs contaminations en Polynésie ou au Sahara Occidental datent d'il y a plus de quarante ans. Ils étaient donc trois à comparaître ce mardi ou à être représenté par leur famille.
- Parmi les victimes, Bernard Lecullée (représenté par sa veuve Christine), mort le 4 janvier 1976 des suites de sa maladie, une aplasie médullaire (cancer de la moelle osseuse) consécutive à son exposition à la radioactivité. Il était chef du service des eaux pour le 620ème groupement d'armes spéciales au Sahara Occidental. Il a été contaminé, en interne, par des boues radioactives. L'armée possède tous les papiers et certificats confirmant sa maladie et le fait qu'à 34 ans il était pensionné à 80%, 100% à 37 ans. Il laisse à l'époque une veuve de 36 ans et quatre enfants entre 2 et 7 ans. Christine Lecullée a aujourd'hui 75 ans.
- M. Fontaine, décédé d'un cancer du rein, était représenté par sa veuve.
- Le seul survivant des trois plaignants, Claude Lequesne a lui assisté, et donc subi, 14 tirs nucléaires aériens et 13 souterrains à Mururoa, Polynésie Française, pendant cinq ans. A l'époque, il n'y avait pas de dosimètre (permettant d'évaluer le taux de radioactivité ambiante) sur le bateau sur lequel il était affecté.
La loi Morin
D'après la loi Morin du 5 janvier 2010 relative à la reconnaissance et à l'indemnisation des victimes des essais nucléaires français,
Toute personne souffrant d'une maladie radio-induite résultant d'une exposition à des rayonnements ionisants dus aux essais nucléaires français et inscrite sur une liste fixée par décret en Conseil d'Etat conformément aux travaux reconnus par la communauté scientifique internationale peut obtenir réparation intégrale de son préjudice dans les conditions prévues par la présente loi. Si la personne est décédée, la demande de réparation peut être présentée par ses ayants droit".
Cette loi est considérée toute de même comme une avancée dans la politique d'indemnisation des victimes, puisqu'elle permet la présomption de causalité de ces essais nucléaires. Malgré cela, beaucoup trop de dossiers sont encore aujourd'hui rejetés.
Jusqu'à aujourd'hui, seuls 12 dossiers sur 840 auraient été acceptés par la CIVEN (Comité d'Indemnisation des Victimes des Essais Nucléaires).