600 exemplaires du prix Goncourt attribué à Mohamed Mbougar Sarr vendus sur les deux jours de vendredi et samedi. 480 exemplaires pour Amélie Nothomb qui n’est restée qu’une demi-journée. Autant de chiffres qui font la joie des libraires partenaires de la foire du livre de Brive-la gaillarde.
La 39è édition de la foire de Brive s’est terminée ce week-end et le bilan des ventes est plutôt satisfaisant. Pas de chiffres définitifs sur le taux de fréquentation mais d’après les premiers éléments donnés par les libraires, la foire 2021 est un bon cru.
Arrivé à Brive au lendemain de l’attribution de son prix Goncourt, Mohamed Mbougar Sarr a vendu 600 exemplaires de La plus secrète mémoire des hommes publié aux éditions Philippe Rey/Jimsaan. "Rien que sur le stand Cultura il en a vendu 450 de son dernier roman, et 50 de ses précédents romans », se félicite Charles Boussmart. Amélie Nothomb quant à elle, a vendu 480 exemplaires de Premier sang, salué par l’autre grand prix, Le Renaudot, alors qu’elle n’est restée qu’une demi-journée dans la capitale corrézienne.
Meilleurs ventes
C’est Christian Signol qui a explosé le compteur des ventes avec plus de 800 exemplaires vendus, alors que les chiffres définitifs ne sont pas encore arrêtés. « J’ai un socle de lectorat solide, explique le romancier à succès. Les gens viennent de Normandie, de l’Aude ou encore du Cantal, de la Dordogne pour me rencontrer. Ils aiment que je leur parle d’eux, de leur région, de ce qu’ils connaissent. » Son dernier roman s’appelle Là où vivent les hommes, paru chez son éditeur de toujours, Albin Michel. Son roman se passe sur le causse Méjan, dans une région désertique et déshéritée. « Après un drame familial, Etienne quitte la ville, ses repères, et son poste de cadre dans une banque. C’est par hasard, et après un long périple jusqu’à un hameau de Lozère, qu’il rencontre Achille, un vieux berger. Entre ces deux hommes blessés, un lien se tisse. Il va révéler à Etienne qu’une autre vie est possible, là où se trouvent les vraies richesses. Puisant sa force dans l’évocation de la nature et des mystères du monde, le roman de Christian Signol est une ode à la liberté et une invitation à retrouver le sens de l’existence ».
« Mes livres sont traduits dans 15 langues, raconte Christian Signol, donc quand on me dit que je suis un auteur régional, ça me fait rire, car vous admettrez que la région est assez large, en fin de compte », lâche l’écrivain dans un grand éclat de rire. « J’ai été très ému de recevoir la visite d’un jeune homme, Baptiste je crois qu’il s’appelle, il est venu m’interroger sur mon stand pour les besoins de son mémoire sur mon œuvre », se félicite l’écrivain. Un film se tourne d’ailleurs en Dordogne en ce moment sur l’un de ses romans, intitulé Les enfants des justes, avec Gérard Lanvin, Philippe Torreton ou encore Mathilde Seigner. La foire de Brive, la ville où l’écrivain continue d’habiter, est à chaque fois « un grand moment d’émotion pour moi », confiel’auteur à succès.
People, politique
La foire de Brive est aussi un rendez-vous important pour les people. « Le chanteur Amir, Laurie Thilleman ont fait de très belles ventes », détaille le responsable de l’enseigne Cultura. Les auteurs de polar ne sont pas en reste. Olivier Norek a totalisé 250 exemplaires vendus de son dernier roman Impact chez Michel Lafon. L’histoire de Virgil Solal qui a soif de vengeance après la mort de son enfant à cause de la pollution. Il kidnappe le grand patron d’un groupe pétrolier pour faire savoir au monde que le « monstre est parmi nous ». Il totalise d’ailleurs le même nombre de vente que Franck Bouysse, qui publie un émouvant recueil de prose poétique sur sa vie d’écrivain en Corrèze. Il faut souligner le succès de Sorj Chalandon qui était lui dans la course pour le Goncourt avec son roman L’enfant de salaud sur son père qui avait collaboré durant la seconde guerre mondiale.
Chez les politiques, il faut noter la performance de l’ancien président de la république, François Hollande. Il a vendu 320 exemplaires de son dernier livre, Affronter (Stock).
En littérature jeunesse, c’est Jean-Luc Marcastel, l’auteur de romans fantastiques et de fantasy qui s’illustre pour cette 39e édition avec 250 exemplaires de son dernier roman Yoko chez Didier Jeunesse. « La foire s’est déroulée dans un contexte particulier, la crise Covid est toujours-là, et d’ailleurs avec la nouvelle configuration de la foire avec deux lieux, on craignait qu’il y ait moins de monde, mais heureusement, les lecteurs ont été là au rendez-vous. Davantage le vendredi et le samedi », se félicite Nicolas Poret, président du GIE regroupant les 7 librairies de la foire de Brive. « Dimanche c’était très clairsemé à partir de 16h, car les gens savent que les écrivains parisiens repartent pour la plupart dès le samedi soir », sourit Christian Signol.
Des bons chiffres qui redonnent le sourire aux libraires qui ont subi de plein fouet la crise sanitaire. Les chiffres du volume des ventes, nous dit-on à la mairie de Brive, seront connues ce mardi 9 novembre. Mais pour une reprise, c'est une belle moisson d'automne.
Le lauréat du Prix Mallarmé a reçu son prix à l'occasion de la Foire du livre de Brive
Vous êtes le lauréat du Prix Mallarmé 2021, comment s'est passée la rencontre avec vos lecteurs à l'occasion de la remise du prix à la Foire du livre de Brive ?
Christian Viguié : J’ai envie de dire très douce et très fraternelle, émouvante aussi car les personnes m’ont parlé de leurs propres expériences concernant la disparition d’un être aimé. Ils ont été touchés par un langage qu’ils ont trouvé clair, compréhensible et juste comme si les mots attestaient de ce qu’ils avaient vécu et sortaient de leur bouche.
La poésie se vend-elle bien dans ce type de rencontre ? Autrement dit est-ce un succès d'estime ou un succès de librairie ?
Christian Viguié : Les foires du livre sont axées sur le roman et le vedettariat (femmes ou hommes politiques, animateur de télé etc.). Avec le prix Mallarmé, la poésie a fait son petit trou de souris. Le prix Mallarmé est considéré comme le prix Goncourt de la poésie mais il n’attire guère les micros et les lecteurs que je qualifierais de « masse ». Donc on ne peut pas comparer ce que nous pourrions nommer la littérature « commerciale et industrielle » avec la fragile édition de la poésie. Cependant, l’éditeur Olivier Rougerie m’a parlé d’un nouveau tirage. Ce qui dans ce domaine est plutôt rare.
Est-ce que vos lecteurs vous abordent différemment en avez-vous gagné d'autres durant ce salon ?
Christian Viguié : Est-ce que mes lecteurs m’abordent de manière différente depuis ce prix ? Certains de mes lecteurs sont de vrais lecteurs et ne sont pas venus parce que je venais de l’obtenir. Ils m’ont fait confiance en suivant mon petit chemin poétique et ont été sincèrement heureux. Je crois que c’est ça le véritable partage. Les autres me découvrent à travers ce prix et c’est tant mieux. De cela je suis heureux.