Une marche blanche en l'honneur de Saïd, sans domicile fixe rochelais retrouvé tué de 10 coups de couteau, s'est déroulé le soir du 13 août. Au sein du cortège, l'émotion était présente au moment de l'hommage. Ses proches, famille, amis ou compagnons de rue, souhaitent que la justice soit rendue.
Ils défilent avec émotion. Le 13 août, à 20 heures, sur le Vieux-Port de La Rochelle, près de 70 personnes participent à la marche blanche en hommage à Saïd. Âgé de 48 ans et sans domicile fixe, Saïd a été retrouvé le 6 août dernier dans la zone de la friche du Gabut, tué de 10 coups de couteau.
C’est à l’initiative de ses compagnons de rue que s’est déroulée cette marche blanche. En tête de cortège, la sœur de Saïd, Jamila, qui est revenue de ses vacances au Maroc aussitôt informée du décès de son frère. "Hommage à Saïd. Tes proches t’aiment. Que justice soit faite", c’est ce qu’on peut lire sur la banderole avec laquelle défile Jamila. "Mon frère, c’est quelqu’un qui aimait vivre, qui aidait tout le monde, la preuve : tous les gens qui sont là pour lui", réagit-elle.
L'émotion et le besoin de comprendre
Au moment de prendre la parole devant l’assemblée réunie sur les lieux où le corps a été retrouvé, l’émotion est forte pour Jamila. Elle, comme le reste de sa famille, n’a appris que Saïd était - depuis 13 ans - sans domicile fixe qu’au moment de sa mort. "Je lui ai demandé plusieurs fois de venir vivre avec moi dans le sud-est et il a toujours refusé. Maintenant, je comprends pourquoi, parce que vous êtes des gens bien. Je suis fière de mon frère, il a aidé les autres", déclare Jamila devant les participants de la marche blanche. Avant de rajouter dans un sanglot : "Mais je suis malheureuse parce qu’il n’a pas pu s’aider lui-même et se protéger."
Suite à ces paroles, c’est dans la douleur qu’une minute de silence a été observée. "Saïd, c’était mon ami. On a partagé beaucoup de choses. C’était un mec qui avait la main sur le cœur, quand tu n’as rien, il te donne", se rappelle un de ses amis et compagnon de rue. Ce dernier exprime sa douleur en repensant au jour de la mort de Saïd, la larme à l’œil : "Je ne sais pas ce qu’il s’est passé ce soir-là. Il me manque énormément, c’est mon frère. Je l’aime. Je l’ai vu le midi, avec ma fille, et le soir je n’étais pas là pour lui, alors qu’il a toujours été là pour moi."
Dans la bouche de chacune des personnes interrogées présentes à la marche blanche, l’incompréhension de ce meurtre règne. Un "acharnement", désignent certains. "Je ne suis pas un méchant, il n’y a pas de vengeance mais j’espère que la justice va faire ce qu’elle a à faire", réclame un autre. Un sentiment que semble partager Jamila, la sœur de Saïd : "Que justice soit faite, que celui qui a fait ça soit puni. Penser que le meurtrier est encore libre et qu’il peut refaire ça à quelqu’un d’autre, c’est un truc qui me rend folle. Tant qu’il n’est pas retrouvé, je ne serai pas tranquille. Ça ne me rendra pas mon frère, mais il faut que la justice soit rendue, tout simplement." Pour pouvoir faire son deuil pleinement, Jamila a besoin de comprendre ce qu’il s’est passé cette nuit du 5 au 6 août.
L'enquête est toujours en cours
Depuis le meurtre de Saïd, le danger se fait ressentir dans les rues de La Rochelle. Et les sans domicile fixe sont les premiers exposés. "Depuis, on fait beaucoup plus attention. Le soir entre SDF on traine ensemble, on essaye de se sécuriser les uns, les autres. Je fais en sorte de ne jamais être seul", explique un des sans domicile fixe proche de Saïd. "Les gens pensent que ceux qui sont dans la rue, le sont par volonté. Mais ce n’est pas vrai. C’est la société qui est comme ça", dénonce un second.
Dans l’attente de réponses, les proches de Saïd ont le regard tourné vers l’enquête de police judiciaire qui se poursuit. Selon France Bleu, des images de vidéosurveillances auraient permis d'apercevoir Saïd vers 2 heures du matin, le 6 août, quelques heures avant que son corps soit retrouvé. "Les équipes de la police judiciaire de La Rochelle et celles de la sûreté départementale sont dessus quotidiennement", assurait encore le 13 août, le procureur de la République de La Rochelle, Laurent Zuchowicz. La sœur de Saïd, Jamila, restera sur place pour suivre l’enquête. Le 18 août, le corps de Saïd sera rapatrié au Maroc, afin d’être enterré auprès de sa famille, dans sa ville natale de Mekness.
CARTE. La friche du Gabut, à deux pas du Vieux-Port de La Rochelle.