Jusqu'à 7 mètres ont été engloutis par la montée des eaux en une seule journée. L'érosion crée des effondrements dans la dune à La Tremblade, en Charente-Maritime, menaçant la piste cyclable de la Vélodyssée. Plus que le danger, les communes s'interrogent pour faire face à un phénomène qui s'amplifie.
Depuis quelque temps, les habitants n'arrivent plus vraiment à reconnaître leur plage. Au nord de la presqu'île d'Arvert, à la Tremblade en Charente-Maritime, la mer gagne chaque jour de plus en plus de terrain. "Il n'y a plus de dune et ça va de plus en plus vite", témoigne une habitante. Dans les derniers jours, avec les tempêtes et les grandes marées, le phénomène d'érosion s'est encore accéléré. Jusqu'à 7 mètres ont disparu en une journée, grignotées par les vagues. Une problématique dont s'emparent les pouvoirs publics, même si, face à un phénomène naturel qui touche toute la façade Atlantique, les options sont limitées.
Une montée des eaux de plus en plus rapide
Sur la plage de l'Embellie, à la Tremblade, des arbres encore debout, il y a quelques jours, sont désormais couchés. L'érosion a fait disparaître la forêt et la dune qui séparait la plage du parking. "Il y a quelques années, la mer était encore à 300 mètres du parking. On traversait la forêt pour accéder à la plage, se souvient Emmanuel Daugy, 1ᵉʳ adjoint à la mairie de La Tremblade."
L'érosion a fait que toutes les dunes et la forêt ont disparu. Maintenant la mer est arrivée jusqu'au parking et au pied de la Vélodyssée.
Emmanuel Daugy1er Adjoint au maire de La Trembalde
La mer s'est arrêtée à seulement 1,50 mètre de la Vélodyssée, la piste cyclable de 1 300 km reliant l'Angleterre au Pays basque sur toute la façade Atlantique. Afin de sécuriser la zone, les services de la municipalité de La Tremblade ont placé des barrières et prévenu des risques d'éboulement. Les risques sont importants selon Emmanuel Daugy : "Il faut éviter de marcher au ras des dunes. Je rappelle qu'il y a quelques années, on a eu malheureusement des enfants ensevelis alors qu'ils jouaient sur une dune coupée. Un d'eux n'a pas pu être sorti à temps et est décédé."
Pour les habitants, le spectacle est désolant. "C'est triste, je connais la plage depuis que je suis gamine et j'ai vu que cela avait été très rapide", constate l'une d'entre eux. "Cela a beaucoup avancé depuis l'année dernière, atteste un autre. C'est assez impressionnant !"
S'adapter face à un phénomène naturel
Soumis à une forte pression de la houle et des courants, le trait de côte du pertuis de Maumusson force les autorités à s'adapter. La mairie de La Tremblade, le département de Charente-Maritime et l'Office Nationale des Forêts s'organisent pour trouver des solutions. "Une réunion commune est prévue début février pour acter un nouveau tracé de la Vélodyssée qui va être un peu plus à l'intérieur, sur le parking, pour avoir un circuit sécurisé", révèle l'adjoint à la mairie de La Tremblade, Emmanuel Daugy.
Mais à plus long terme, face à ce phénomène naturel qui menace le littoral, les autorités sont obligées d'anticiper. "On risque d'avoir le même problème avec le phare, à l'avenir. On réfléchit peut-être à le démonter, avoue l'élu. Ce sont des zones naturelles, donc il ne peut pas y avoir de gros travaux de protection."
Mais la mairie n'a pas attendu les érosions de ces derniers jours pour s'en préoccuper. Elle a mis en place un plan d'aménagement durable des plages, car par endroits, le trait de côte a même reculé de 140 mètres en moins de six ans. L'objectif : renaturer le littoral pour freiner la progression de la montée des eaux.
Reportage de Pierre Lahaye et Sophie Heriaud