Près de 1.000 médecins hospitaliers, dont 600 chefs de service et 470 responsables d’unités, ont officiellement annoncé ce mardi leur démission de leurs fonctions administratives en l’absence de négociation avec le gouvernement sur les moyens de l’hôpital public.
Un millier de médecins dont 600 chefs de service ont annoncé la démission de leurs fonctions administratives ce mardi au niveau national.En Charente-Maritime, ils sont une dizaine à répondre à ce mouvement lancé par le Collectif Inter-Hospitalier.La plupart d'entre eux travaillent au Centre Hospitalier de La Rochelle, ils réclament davantage de moyens et d'effectifs dans les hôpitaux publics.
Témoignage de Julien Béguec, chef du service de soins palliatifs à l'hôpital La Rochelle.
J'ai annoncé mon intention de démissionner pour montrer mon désaccord face à l’évolution du système de santé actuel qui nous oriente à faire de la production de soins, des soins techniques et de moins en moins de soins relationnels. On a de moins en moins de temps reconnu pour cela et ça nous met en difficulté, on ne peut plus passer de temps auprès d’un patient auprès de sa famille pour les accompagner.
Je suis arrivé il y a cinq ans à l’hôpital de la Rochelle, le constat, c’est une dégradation des conditions de travail, on demande à avoir plus de temps à consacrer aux patients et aux familles et à avoir moins de tâches administratives, cette logique comptable, elle est juste insupportable. Je n’ai pas été formé pour ça et ce n’est pas ce qui m’intéresse. On n'est pas entendu, il n’y a aucun échange sur le mal-être qu’on rencontre dans notre travail. On ne se sent absolument pas entendu sur les difficultés qu’on rencontre. C’est balayé d’un revers de main comme ce fut le cas hier encore par la Ministre de la santé dans l’hémicycle de l'Assemblée nationale.
- Julien Béguec, chef de service des soins palliatifs de l'hôpital de La Rochelle.
Témoignage d'Anne Corby, hématologue à l'hôpital La Rochelle
De son coté la direction de l'hôpital de La Rochelle reconnaît qu'en 2020 les médecins ne sont plus seulement des soignants, "Ils doivent aussi prendre en compte les réalité budgétaires" explique Fabien Chanabas, directeur des ressources et de l’attractivité médicales de territoire.Ce qui est le plus compliqué au quotidien, c’est d’arriver à concilier votre pratique avec les contraintes d’une institution qui est gérée sur le mode bureaucratique. J’ai choisi de travailler à l’hôpital public à la Rochelle, cela fait cinq ans maintenant et j’ai choisi de passer du temps avec les patients et pas de savoir combien je coûte à prescrire tel ou tel médicament et combien de temps restent mes patients hospitalisés car si ils restent trop longtemps, cela coûtera trop cher. Moi je suis médecin, j’ai décidé de soigner et pas de réfléchir avec des contraintes financières. C'est important de dire qu'on ne peut pas travailler correctement.
- Anne Corby, hématologue à l'hôpital de La Rochelle.
Le collectif attend maintenant d'être reçu par Agnès Buzyn la ministre de la santé avant de signer les letres de démissions. (► Voir ici la vidéo)