Se former aux Premiers secours en Santé mentale, un geste citoyen pour prévenir les suicides

Alors qu'un Français sur cinq est touché par un trouble psychique, connaissez-vous la formation de Premiers Secours en Santé Mentale ?

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"L'an dernier, j'ai été confrontée à une personne qui avait de fortes pensées suicidaires. J'ai fait tout ce qui était en mon pouvoir pour l'aider, mais cela m'a affectée" raconte Aurélie. Cette salariée, des Diaconnesse de Reuilly, accompagne des personnes en situation de handicap psychique dans leurs projets professionnels depuis 12 ans. Elle a vécu d’autres situations de crise, mais, cette fois, elle décide d’appeler la ligne d’urgence de prévention du suicide, le 3114 : « Après cette prise en charge compliquée, je voulais savoir si j'avais eu les bons réflexes. J'ai eu un psychologue qui a pu m'enlever une part de responsabilité."

Aurélie n’y aurait sans doute pas pensé si elle n’avait pas suivi la formation aux Premiers secours en santé mentale (PSSM) en mai 2024 : « Cette formation est vraiment intéressante. Elle apprend les bons gestes pour devenir un secouriste en santé mentale et il ne s’agit pas de faire tout, tout seul !" Voilà pourquoi le 3114 est accessible à tous, qu’on soit sujet à des idées suicidaires, qu’on soit un proche ou qu’on soit professionnel de santé.

Le Manoir Emilie, à Arvert (17) est un des nombreux établissements de la fondation des Diaconnesses de Reuilly. Il accueille des enfants et adolescents en situation de handicap ou ayant des troubles du comportement. © Les Diaconnesses de Reuilly

Se former pour oser agir

Le certificat de premiers secours en santé mentale (PSSM) existe en France depuis 2019. Importée d'Australie, l'idée est de former des secouristes, comme il en existe en cas d'urgence physique : "La formation dure deux jours, le temps d'apprendre à reconnaître les signes d'une crise, savoir comment intervenir et qui appeler en renfort" explique le formateur Emmanuel Begaud.

La formation s'adresse à tous, novices ou professionnels de santé. Elle balaie de nombreux symptômes de troubles anxieux, dépressifs et psychiques et les signes de consommation d'alcool ou de stupéfiants. « Il ne s’agit pas de devenir des personnels soignants, temporise Emmanuel Begaud mais de déconstruire les idées reçues. L’objectif est d’apprendre à s’approcher d’une personne qui va mal, à évaluer son état et à alerter les secours, comme pour un cas de secourisme classique. »

Pour Fabien, éducateur spécialisé auprès d’adultes en situation de handicap à Rochefort, la formation a « eu un impact concret et réel », qu’il a pu « ressentir au quotidien, au niveau professionnel et personnel » : « Je crois que je suis plus ouvert, plus attentif quand je sens des signes de mal-être autour de moi. » Au-delà des connaissances théoriques, devenir secouriste en santé mentale l’a incité à parler de cette problématique : « J’essaie aussi de transmettre ce que j’ai appris sur les crises de panique par exemple. J’ai compris que parler du suicide n’incite pas au passage à l’acte, au contraire, explique ce salarié des Diaconnesses de Reuilly. Je crois que cette formation déculpabilise : une main tendue ne peut pas tout, mais il vaut toujours mieux porter secours que laisser les gens dans leur solitude. »

Une formation citoyenne

La fondation Les Diaconnesses de Reuilly a de multiples activités : elle intervient auprès d’enfants en difficulté, d’adultes en situation de handicap et de personnes âgées dans toute la France. Depuis deux ans, elle forme tous ses salariés aux Premiers secours en santé mentale. La coordinatrice du service formation, Audrey Maret, explique : « C’est une formation citoyenne qui devrait être suivie par tout le monde. Avoir des notions précises de ce qu’est la santé mentale permet d’avoir les bons réflexes face à une personne en souffrance et de mettre en place un plan d’action rapide. »

Des stages de premiers secours en santé mentale se tiennent dans toute la France. © Christophe Beck / France Bleu Belfort / MaxPPP

Séverine, une ancienne stagiaire, abonde : « Il faudrait que cette formation soit dispensée aussi largement que les formations aux premiers secours (PSC1) car elle peut être utile avec ses collègues, ses enfants, ses amis. Si les parents savaient déceler les premiers signes de troubles psychiques chez leur ado, la prise en charge serait plus rapide. Si les personnes qui travaillent auprès des collégiens et des lycéens étaient formés au PSSM Jeunes, cela permettrait peut-être de déceler plus tôt les idées suicidaires et d'éviter les passages à l'acte. »

Un enjeu majeur

Au 1ᵉʳ janvier 2025, plus de 175 000 personnes se sont déjà formées aux premiers secours en santé mentale. 

Le dispositif est encore peu connu alors que l'organisation mondiale de la Santé (OMS) estime que 13 millions de Français souffrent de troubles psychiques. La dépression est le premier d'entre eux et affecte 15 à 20% de la population.

Le suicide est la première cause de mortalité chez les 15-35 ans avec plus de 8000 décès par an.

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