On n'a pas fini d'entendre parler de l'affiche de campagne de Gérard Potennec : "tricheur" pour Didier Quentin (LR), "menteur" lui répond Gérard Potonnec (Modem). Quant à Christian Gerin, candidat lui aussi, il parle d'"usurpation" et va déposer une requête auprès du Conseil constitutionnel lundi.
L'affiche fait polémique à Royan : Gérard Potennec, candidat du Modem, aux côtés d'Emmanuel Macron... alors qu'il n'a pas reçu l'investiture officielle de La République En Marche selon ses détracteurs.
Dès avant le premier tour, Christian Gerin, un autre candidat éliminé au premier tour (6,45%), a dénoncé "une usurpation". Lui-même n'a pas eu l'investiture En Marche et la conteste désormais à Gérard Potennec. Pour lui, aucune investiture n'a été donnée à quelque candidat que ce soit dans cette circonscription. Hier dans les colonnes du journal Sud Ouest, En Marche! confirmait n’avoir donné aucune investiture dans la 5e circonscription de la Charente-Maritime. Et pourtant ce mercredi dans notre reportage (à voir ou revoir en bas de l'article) Isabelle Vetois, référente en Marche!, ne dit pas tout à fait la même chose : "La République En Marche a demandé au Modem de proposer un candidat qui a été Gérard Potennec. Il est investi par le Modem, c'est le candidat du Modem, allié d'En Marche! Et donc s'il est élu, il portera le projet d'En Marche! puisque c'est le plus proche de nous."
Christian Gerin dénonce de son côté l'appropriation, pour lui "frauduleuse", que M. Potennec aurait fait de la "marque" En Marche!. Il va déposer lundi une requête auprès du Conseil constitutionnel pour faire invalider les deux tours de scrutins. Comme le précise son avocat, Me Bernard Fau, "le score du premier tour n'aurait pas été celui-là s'il [Gérard Potennec] ne s'était pas présenté sous l'étiquette En Marche!. Il a trompé les électeurs sur la confiance que le parti La République en Marche lui accordait et ainsi porté préjudice à M. Gerin". Pour l'avocat, Gérard Potennec s'est approprié "la présence graphique, la légende, la propagande qui sont propres à La République En Marche, au mépris du refus d'investiture du parti de la majorité présidentielle."
De fait, En Marche! accompagne chaque pas de Gérard Potennec dans sa campagne : la couverture de sa page Facebook, ses bulletins de vote comme on peut le voir ci-dessous, le discours du candidat et bien sûr, la désormais célèbre affiche.
Dimanche soir, Didier Quentin, député sortant et candidat LR arrivé en tête au premier tour, dénonçait lui aussi l'ambiguïté de la situation sur notre antenne. "Je l’accuse d’avoir escroqué ni plus ni moins les électeurs et les électrices parce qu’il n’a jamais eu l’investiture du mouvement En Marche!", expliquait Didier Quentin, au soir du premier tour. "Il n’y en avait pas, ça a été dit plusieurs fois par l’état-major d’En Marche! Or, sur ses bulletins il a écrit En Marche!, sur son affiche, il y avait sa photo mais en encore plus gros la photo du président Macron. Je trouve que c’est une tricherie pure et simple."
Ancien conseiller municipal de Royan, Gérard Potennec conteste cette version. "Monsieur Quentin n’est pas à un mensonge près… Escroquer les électeurs, moi je veux bien…", répliquait il en duplex de Royan dimanche dernier lors de notre soirée électorale. "Mais le 18 au soir, j’ai tous les documents qui attestent que je suis le candidat, puisque suite à la destitution de M. Gerin par La République en Marche, la circonscription a été attribuée au Modem dans le cadre de l’alliance Modem/LREM, j’ai eu l’investiture à 23h27." Email qu'il a rendu public sur sa page Facebook. Tout comme il a rendu public la plainte qu'il a déposée contre Christian Gerin à Royan, dénonçant le fait que "M. Gerin voit ma candidature d'un mauvais oeil (...), se permet de répandre des propos calomnieux et diffamatoires sur ma personne."
Si la requête est jugée recevable par le Conseil constitutionnel et l'institution donne raison à Christian Gerin, les électeurs de la cinquième circonscription en seront quitte pour une nouvelle élection législative.