Comme toutes les communautés Emmaüs en France, celle de La Couronne en Charente a pu rouvrir cette semaine. Un bol d'air salvateur pour l'association dont la trésorerie est épuisée. Emmaüs a été contraint de lancer un appel aux dons pour la première fois depuis sa création en 1949.
Cette réouverture était attendue avec impatience par les compagnons et compagnes qui font vivre la communauté d'Emmaüs de La Couronne mais aussi par le public. De très nombreuses personnes ont fait du rangement pendant le confinement et les objets, meubles ou vêtements devenus inutiles se sont accumulés en attendant de pouvoir les donner. C'est ce que nous confirme cette jeune Charentaise tout en déchargeant le coffre de sa voiture.
Les habitués vont constater un peu de changement car il a fallu adapter le circuit des dépôts et des ventes aux normes sanitaires édictées pour lutter contre le coronavirus.J'attendais ça depuis longtemps parce qu'on avait fait du tri et on avait pas moyen de les donner. Et je trouve toujours important de donner en fait au lieu de jeter.
Tout le monde doit porter un masque et du gel hydroalcoolique est disponible pour tous. Pour limiter le risque de contamination, tous les dons doivent être stockés dans un hangar pendant au moins 24 heures avant d'être proposés à la vente. Enfin, un sens de circulation a été dessiné pour éviter que les gens se croisent.
Ces nouvelles règles sanitaires sont en vigueur dans tous les centres d'Emmaüs et ont demandé une préparation minutieuse. Ceux de la Vienne, à Poitiers et Châtellerault, les ont également mises en œuvre.
Des finances mises à mal par le confinement
Mais ces contraintes semblent secondaires car le plus important a été pour tous de pouvoir recommencer à travailler mais aussi de pouvoir s'ouvrir à nouveau vers l'extérieur. Pour certaines communautés, reprendre les ventes est même une question de survie tant les finances ont été mises à mal par le confinement. C'est le cas en Charente mais aussi dans la Vienne, à Châtellerault et Poitiers. "Nous avons besoin de gagner de l'argent rapidement" nous avait confié Bruno Pajot, le responsable de l'Emmaüs de Châtellerault, avant le déconfinement.
L'association, créée par l'Abbé Pierre en 1949, a survécu mais pour la communauté de Charente comme pour de nombreuses autres en France, un deuxième confinement pourrait s'avérer fatal. Les structures et les compagnons et compagnes ne vivent que de l'argent qu'ils gagnent par leur travail en revendant les dons qu'on leur fait. Au niveau national, Emmaüs a été obligé au début du confinement de lancer un appel aux dons, qui est toujours en vigueur. C'était le premier de toute son histoire.Aujourd'hui, Jean-Claude Viollet, le président d'Emmaüs en Charente, est inquiet. Il l'est pour l'avenir de sa communauté mais aussi pour tous ceux que la crise a plongé ou va précipiter dans la précarité.
Il était donc urgent de rouvrir pour les compagnons d'Emmaüs mais aussi pour beaucoup d'autres.La crise sanitaire et la crise économique qui suit va entraîner une crise sociale et on aura grand besoin de solidarité mais pour pouvoir être solidaire il faut avoir retrouvé une activité qui va nous permettre de dégager des ressources.
-Jean-Claude viollet, président d'Emmaüs en Charente