Le festival de la BD d'Angoulême, "en pleine dérive", selon une enquête de l'Humanité Magazine

"Besoin de rentabilité immédiate", "politique des auteurs délaissée" ou licenciement d'une responsable qui "a dénoncé un viol", l'enquête de l'Humanité Magazine s'interroge sur la "nouvelle orientation" de l'évènement charentais.

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Le festival international de la bande dessinée (FIBD) d'Angoulême est-il, comme le titre nos confrères de l'Humanité Magazine, "en pleine dérive" ? Dans une enquête fouillée publiée jeudi 23 janvier 2025, le journal évoque un "management toxique", un "virage commercial", un "partenariat controversé" et surtout, selon le journal, le "licenciement de la responsable de la communication après qu'elle a dénoncé un viol". Le magazine jette un pavé dans la mare à une semaine de l'ouverture du festival et interpelle sur le fonctionnement de la manifestation.

L'adjoint à la culture à la mairie d'Angoulême, Gérard Lefèvre, affirme qu'il "découvre cette question de viol dont nul, à ma connaissance, n'avait entendu parler". Il assure que la ville restera déterminée à obtenir "toutes les informations". "Il faut savoir ce qui s'est passé", martèle-t-il.

Mercantile ?

Dans son enquête, notre consœur de l'Humanité, Lucie Servin, débute par la description de la circonspection de l'assistance lors de la traditionnelle conférence de presse de présentation du festival, le 21 novembre dernier. Ce jour-là, Franck Bondoux, le délégué général de 9ᵉ Art+, la société gérante du festival, annonce le nom du nouveau partenaire principal du FIBD : la chaîne de restauration rapide Quick. Selon le journal, l'annonce du nom de l'enseigne ne convainc pas plus les collectivités territoriales pour qui le choix est même "difficile à digérer".

Au sein de la communauté d'agglomération de Grand Angoulême, l'opposition s'interroge sur le virage "mercantile" du festival. Raphaël Manzanas, élu d'opposition (liste citoyenne, encarté PS), rappelle que "les partenaires publics financent à moitié et on n'a aucun contrôle sur l'image que [ce type de choix] peut avoir sur notre ville".

Au festival de la bande dessinée d'Angoulême, les visiteurs découvrent de nouvelles œuvres (Illustration). © Anne Lacaud / MaxPPP

L'enquête de l'Humanité Magazine décrit longuement ce virage "mercantile" qui, selon un ancien directeur artistique cité dans l'article, tient au fait que pour Franck Bondoux le FIBD "est une marque" qui "adopte des comportements calqués sur ceux des grandes enseignes". Selon le journal, l'édition 2025 serait même "guidée par un besoin de rentabilité immédiate", qui expliquerait la "hausse de 25 % des prix d'entrée de la billetterie, hormis pour les publics prioritaires".

On découvre ces questions managériales. On va demander les réponses que l'on est en droit d'attendre.

Gérard Lefèvre

Adjoint à la culture, mairie d'Angoulême

Le journal indique également que si "l'indépendance des choix artistiques a beau être officiellement revendiquée, la programmation paraît de plus en plus subie, et sans véritable ligne directrice". L'enquête décrit ainsi une "politique des auteurs délaissée" et des expositions, qui pour certaines, selon le journal, "semblent répondre à des logiques de promotion de produits éditoriaux".

Enfin, l'enquête révèle une politique managériale "toxique". Le journal évoque des "cas d'épuisement et de burn-out", des humiliations publiques... "On découvre aussi ces questions managériales, assure Gérard Lefèvre. On va demander les réponses que l'on est en droit d'attendre".

Plus de transparence

Raphaël Manzanas estime de son côté que l'heure est venue d'imaginer "une autre convention avec le FIBD pour clarifier nos liens avec l'opérateur chargé d'organiser le festival". Pour lui, il ne faut plus "faire de chèque en blanc à un partenaire privé".

Sollicitée, la présidente de l'association du FIBD, Delphine Groux, n'était pas joignable ce soir pour apporter un commentaire.

Dans un communiqué, les organisateurs indiquent "réaffirmer notre engagement contre toutes les formes de comportement inapproprié et de violences au travail. Le monde culturel auquel nous appartenons doit porter des valeurs de respect".

Dans un second article publié ce vendredi, L'Humanité s'intéresse aux sponsors privés et aux partenaires publics et parle d'un "financement pas très clair du festival d'Angoulême".

À la ville d'Angoulême, le mot d'ordre est que le festival se déroule dans les meilleures conditions" et surtout, "en toute transparence". Ce qui semble ouvrir la voie à une possible renégociation de la convention de partenariat qui arrive à échéance en 2027. "La fin de la convention a été évoquée en conseil municipal", rappelle Gérard Lefèvre qui ajoute : "Une grosse réunion entre partenaires publics s'est tenue en novembre sur la fin de la convention. Chaque collectivité va devoir se positionner". Pour sa part, l'élu précise que "l'on n'est pas hostile à plus de transparence", ni à "une mise en concurrence".

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