"Le paradoxe, c’est que je suis quelqu’un de très frileux !" Sébastien Sudrie, double champion du monde en eau glacée

Sébastien Sudrie décroche deux titres de champion du monde de nage en eau glacée sur 50 et 100 mètres brasse. La compétition Ice Swimming s’est déroulée en janvier 2025 dans une piscine flottante près du lac de Molveno en Italie, à 900 mètres d’altitude. Et avec une eau à 1 degré.

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Pour un compétiteur comme Sébastien Sudrie, seule la victoire est belle. Résultat, il termine premier en 50 et 100 mètres brasse dans la catégorie des plus de 50 ans. 4ᵉ au 50 mètres crawl et 5ᵉ au 100 mètres crawl.

C’est très dur. Vous avez le souffle coupé. J’avais l’impression d’avoir des coups de couteau dans le ventre. En crawl, j’ai eu la mâchoire paralysée, j’ai souffert dans les parties immergées.

Sébastien Sudrie

Double Champion du monde de nage en eau glacée

“En brasse, c’était un peu inattendu, car je suis plutôt spécialisé en crawl”. En 2018, Sébastien Sudrie devient champion du monde de nage en eau libre à Dubaï sur 5 000 mètres. Il est aussi plusieurs fois champion d'Europe en aquathlon. Et contrairement à la nage en eau glacée, ces compétitions se déroulent plutôt en eau chaude.

VIDEO. Course en crawl de Sébastien Sudrie, dans la piscine près du lac de Molveno en Italie

durée de la vidéo : 00h00mn53s
Une course en crawl dans la piscine près du lac de Molveno en Italie ©Sébastien Sudrie

“L'expérience m’a servi. J’ai un peu mieux supporté l’eau froide que les deux années précédentes”. C’est la troisième fois que Sébastien Sudrie affronte des compétitions de nage en eau glacée. Une discipline en vogue ces dix dernières années et qui requiert quelques particularités : “Vous ne plongez pas comme pour la nage classique, vous descendez dans l’eau. Pour les virages, on ne met pas la tête dans l’eau, on tourne en surface. Avant le départ, on est habillé chaudement et on part sans échauffement. On part à bloc.”

Sébastien Sudrie n’a pas ménagé sa peine pour y parvenir. Deux mois avant la compétition, il prend des douches froides tous les matins à 7 h. Régulièrement, il fait des immersions dans des poubelles d’eau glacées. Il concentre ses efforts sur des entraînements de courtes distances telles que des 25, 50 et 100 mètres. “Ce sont des efforts violents qui se font sans échauffement.”

La sortie du bassin est tout aussi différente que pour la nage classique : “On est euphorique, le corps est rouge, ça fait mal aux pieds et aux mains, ça brûle, mais c’est une sensation de bien-être.”

Le paradoxe, c’est que je suis quelqu’un de très frileux !

Sébastien Sudrie

Double Champion du monde de nage en eau glacée

L’émulation dans cette compétition mondiale est très forte, nous raconte Sébastien “on est dedans, on ne réfléchit pas, on y va”. La compétition Ice Swimming existe depuis six ans et son engouement est incroyable : plus 750 nageurs et 45 pays représentés.

Ses débuts en eau glacée

“Je fais plein de défis sportifs dans ma vie et dans tous les sens” explique Sébastien Sudrie. Le sportif a nagé en relais 100 km non-stop dans les eaux chaudes de la Méditerranée près de Chypre. Il a aussi nagé en Afrique du Sud avec les requins. “Je fais des trucs qui sortent de l’ordinaire” c’est ainsi qu’on le retrouve pour la montée des 1 665 marches de la tour Eiffel qu’il effectue en 12 minutes. “J’aime bien me remettre en question dans des sports différents.”

Un jour, une copine lui dit “Pourquoi tu n’essaierais pas la nage en eau glacée ?” Pourquoi pas, se dit Sébastien Sudrie. A 54 ans, rien n'arrête l'athlète. “Je me suis forcé au début et ça m’a plu”. Nageur depuis son adolescence, il découvre une communauté de sportifs qu’il ne connaissait pas, celle des nageurs en eau glacée. “Ça reste des bons nageurs avec des bons chronos”. La plupart de ces sportifs sont des gens qui sont dans des clubs de nage en eau froide. Au fil du temps, ils sont devenus des spécialistes de la discipline, surtout dans les pays nordiques comme la Norvège, l’Allemagne ou la Suisse, ainsi que dans les pays de l’ancienne Europe de l’Est. Les Canadiens et les Américains se disputent désormais les titres avec eux. Cette année, ces nageurs sont venus en force pour remporter des médailles. Quant aux Français, ils sont bien représentés avec 80 nageurs au sein de la Fédération Française de Natation. Les Françaises plus particulièrement ont remporté des médailles.

>> A LIRE ICI : Ils nagent dans une eau à 2 degrés : les risques et bienfaits de la natation en eau glacée

Un sport sous haute surveillance

Les bienfaits sur la santé se font à la sortie du bassin. “Il y a un réchauffement du corps qui s’opère. Ça booste les défenses immunitaires. Tous les gens avaient le sourire”.

Pour participer à cette compétition, les règles sont nombreuses. Et en premier lieu, il faut avoir un électrocardiogramme qui tienne le choc. Deux personnes en combinaison épaisse sont positionnées dans le bassin pour venir en secours en cas de perte de conscience. “Il n’y a eu aucune intervention des secours. Une seule nageuse a abandonné”, selon Sébastien Sudrie.

Le palmarès de Sébastien Sudrie dans la catégorie des + de 50 ans :

  • Janvier 2023 en France : médaille de bronze en crawl
  • Janvier 2024 en Estonie : Sébastien Sudrie finit 4ᵉ, 5ᵉ ou 6ᵉ, des places d’honneur.
  • Janvier 2025 en Italie : double champion du monde.

C'est un titre que l’on garde à vie, un titre de champion du monde !

Sébastien Sudrie

Double champion du monde de nage en eau glacée

Ses futurs objectifs

Infatigable, Sébastien Sudrie va enchaîner les compétitions. En juin de cette année, dans le sud de l'Espagne, Sébastien se prépare à concourir dans une toute nouvelle compétition de swimrun. Un sport en vogue depuis 10 ans qui consiste à alterner la nage et la course à pied continuellement “L’objectif est d’aller toujours plus loin.”

Il n’abandonnera pas pour autant la nage en eau froide. En mars 2026, Sébastien Sudrie remettra son titre en jeu en Finlande. Il espère cette fois-ci se présenter dans d’autres nages comme le dos, le papillon ou les quatre nages. Il tentera peut-être le 200 mètres. Si son corps le supporte, car c’est deux fois plus de temps dans une eau à moins de cinq degrés !

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