Pendant trois jours, le plateau de Millevaches, côté Corrèze, accueille 2 200 motards venus de toute l’Europe. Ce véritable pèlerinage a pris une dimension exceptionnelle avec une neige abondante cette année. Au programme : bivouac, repas partagés et convivialité autour d'une même passion, celle des deux-roues.
Il est arrivé la veille de région parisienne, Jérémy est passé entre les gouttes jusqu'à sa destination finale : le Limousin. Une traversée paisible de l'Hexagone qui tranche avec l'accueil glacial - au sens propre - réservé par le plateau de Millevaches.
Le Francilien a planté sa tente à 900 mètres d'altitude comme le veut la tradition. Il a été bien secoué par le vent pendant la nuit. Il n’a pas beaucoup dormi, mais ne regrette pas le voyage pour autant. "C’est un regroupement de grands enfants venus se challenger, passer du bon temps et sortir de sa zone de confort", témoigne Jérémy.
"Sous la neige, sous la pluie et dans le froid"
L'Hivernale de Millevaches organisée par le motoclub de Meymac (Corrèze) s'est taillée une solide réputation dans le milieu des rassemblements moto. "Nous ne sommes pas un vrai motard tant que nous n’avons pas connu ces conditions dantesques. Sous la neige, sous la pluie et dans le froid", plaisante Jérémy.
Créé en 1969, l'événement a connu une longue interruption avant de renaître de ses cendres. Cette année, pour la 15ᵉ édition (nouvelle version), 2 200 motards ont participé à l'événement. Ils étaient 3 000 en 2023.
Sa légende en fait un pèlerinage "à faire au moins une fois dans sa vie", raconten plusieurs pilotes. Quoi de mieux qu'un manteau blanc pour faire un pèlerinage ? La pureté du paysage laissera des souvenirs indélébiles. "Avec la neige, on a vraiment vu ce qu’étaient les Millevaches", confie Bruno, de Béthune (Pas-de-Calais). Il a parcouru 900 kilomètres pour venir aux trois jours de Meymac.
Les Hauts-de-France fournissent bon nombre de passionnés. Nous tombons aussi sec sur Maxime et Théo. Eux aussi, viennent de Béthune. Le père et le fils sont encore sur un nuage au moment de partir. "C'était le bordel, mais c'était incroyable", lâche le plus jeune à l'arrière. Dans un an, il sera au guidon une fois le permis en poche.
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Au-delà de rouler sur des routes vallonnées, le plaisir est tout simplement de partager un coin de feu au camping. Quand on demande aux motards comment était la fête sur le camp au milieu de centaines de tentes, le duo répond avec le sourire en coin : "Il y a tout ce qu'il faut."
"On a la chance d’avoir de la neige au réveil, c’était sympa", commence Alexandre. Il se tourne alors vers sa fille emmitouflée au fond du side-car, pas plus vieux qu'elle. L'engin a 11 ans. "On a eu un peu froid quand même, non ?" La jeune fille ne lâche pas un mot, elle acquiesce.
"On retrouve la tradition !"
La passion est si forte qu'elle a fait prendre une carte d'adhérent à Marc Rouveix. Ce moustachu aux petites lunettes rondes habite dans le Gard, mais devient bénévole pour les trois jours de Meymac. Pour lui, c'est la solidarité qui fait la légende de l'événement. Il vient depuis qu'il a dix-huit ans (il a obtenu son permis en 1961). Il a connu la grande époque et la régénération de l'Hivernale.
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"Il y a eu des périodes avec de plus grands froids encore et beaucoup plus de neige dans le passé", se souvient Marc. Le réchauffement climatique est donc passé par là. "Mais là, on est contents. On retrouve la tradition !"