Après des années de crise, notamment du fait de la grippe aviaire, la production de foie gras a fortement augmenté en 2024. À l'approche des fêtes de fin d'année, les ventes s'accélèrent. En Limousin, les professionnels du secteur se réjouissent de cette dynamique.
"C'est une réussite. Pour l'instant, il n'y a rien à dire. On en profite tant qu'on peut." Si Olivier Delpy préfère se montrer prudent, il ne peut cacher un sourire dans sa voix. À l'approche des fêtes de fin d'année, chaque week-end, cet éleveur de canards quitte sa Corrèze pour les marchés de producteurs de Paris. Il y vend son foie gras, dont les ventes sont au beau fixe: "En 2024, c'est bien reparti. On ne va pas se plaindre !" Après des années de crise, notamment marquées par la grippe aviaire, l'ensemble de filière connaît une forte croissance. En Limousin comme partout en France, la production a fortement augmenté et les clients répondent au rendez-vous.
Pour le Comité interprofessionnel du foie gras (CIFOG), c'est un peu Noël avant l'heure. Les chiffres dévoilés fin novembre font état d'un secteur à nouveau dynamique, avec une hausse de "33% de l'offre sur le marché français" en un an, "après une offre stable l’année passée (2 % en 2023)." Cette progression importante de la production s'explique par la fin de la grippe aviaire, qui avait paralysé les éleveurs.
À la ferme de Berchat, à Sainte-Féréole, en Corrèze, la campagne de vaccination s'est révélée bénéfique : "Avec le vaccin qui a été créé, on a pu à nouveau se fournir en canetons. Avant cela, même si nous n'avons jamais eu de cas, tout était bloqué. On les vaccine un jour après leur naissance, et c'est bon."
On sort cinq cents foies gras par semaine !
Olivier Delpy, éleveur de canards et producteur de foie gras
Un élevage en hausse, c'est une production de foie gras qui repart. "Cette année, grâce au vaccin, je vais pouvoir sortir 15 000 foies gras, s'enthousiasme Olivier Delpy. En 2022, c'était tombé à 5 000... Les années classiques, on tournait plutôt à 10 000. C'est très positif." L'exploitation tourne vingt heures par jour, sans discontinuer. Pour tenir le rythme, trois saisonniers sont venus renforcer une équipe de cinq employés permanents : "En ce moment, on sort cinq cents foies gras par semaine !"
Des prix en baisse pour les consommateurs
Cette tendance positive trouve un écho à l'autre bout de la chaîne, du côté des consommateurs. D'après le CIFOG, "sur neuf mois, les ménages ont déjà augmenté leurs achats de 3,6 % en volume et de 17 % en valeur". Selon une enquête menée par l'Institut CSA, 92% des Français déclarent consommer du foie gras, et trois quarts d'entre eux le considèrent comme le "grand incontournable des tables festives".
Les fêtes de fin d'année, qui représentent près d'un tiers des ventes de la filière, vont conclure en beauté l'exercice 2024. "Depuis cet automne, j'enchaîne les marchés, témoigne Olivier Delpy. Je vends entre 10 et 40% de foie gras en plus." Cet engouement provient sans doute des prix, en net recul : "Le coût pour les clients a baissé, commente Olivier Delpy. Je le vends entre 10 et 15% moins cher. Forcément, avec l'offre qui a augmenté, c'est plus intéressant pour eux !"
Seule ombre au tableau pour les producteurs français : la concurrence accrue du foie gras étranger, notamment en provenance des pays de l'Est de l'Europe. Toutefois, à la ferme de Berchat, en Corrèze, la présence de produits bulgares ou hongrois dans les rayons de supermarchés ne semble pas inquiéter. "Cela concerne surtout les industriels, qui se fournissent parfois hors de l'Union européenne. Avec les artisans comme nous, le fossé est trop grand : la qualité se reconnaît tout de suite !"
