La mairie de Brive-la-Gaillarde (Corrèze) a racheté la "maison ventouse" accolée à la collégiale Saint-Martin. Des travaux de restauration sont prévus pour conserver cette curiosité historique, fruit de la Révolution française et du quotidien de la ville au XIXe siècle.
"Ventouse." Voilà un bien vilain nom pour la maison du XVIIIe siècle accolée à la collégiale Saint-Martin, à Brive-la-Gaillarde. Autrefois verrue, aujourd’hui patrimoine, la bâtisse abîmée vient d’être rachetée par la ville. Grâce à des travaux de maçonnerie et de charpente, l’ambition de la municipalité est de la sauvegarder.
Une enveloppe de 300 000 euros
Entre l'acquisition et le chantier, l'opération coûte trois cent mille euros à la collectivité. "Elle est atypique, sourit le maire (Les Républicains) Frédéric Soulier. Souvent, les touristes me disent qu'elle est curieuse, c'est la seule maison autour de la collégiale. Qu'est-ce que c'est ? Comment cette histoire s'est faite ? Je crois qu'il est important de conserver cette histoire, l'histoire de Brive."
Tout commence à la Révolution française. La commune récupère alors les biens du clergé et renfloue sa trésorerie en vendant les parcelles entourant l’église. "L'intérêt, pour ces gens-là (les acheteurs, NDLR), c'est de s'installer sur un endroit particulièrement attractif, en plein centre de la ville, sur une zone de marché, raconte Thierry Pradel, le directeur des archives municipales. Cela va donc être des commerçants, des bazars, des bijoutiers, des artisans de toutes sortes."
Ces maisons boutiques encerclent l’église et finissent par mettre en péril l’édifice. Le danger s'avère si fort que le chef du bureau des Monuments historiques, le grand architecte Viollet-le-Duc, exprimera sa consternation dans un rapport de 1843. "Ils creusent pour se faire de la place, pour faire des placards, pour leurs commerces, détaille Thierry Pradel. Ils creusent dans les murs, dans les contreforts qui soutiennent l'ensemble de l'édifice. Là, ils font prendre un risque très important à la nef. Les murs s'écartent. L'église risque de s'effondrer."

Classée "monument historique" en 1945
Pour sauver la collégiale, il faut alors exproprier. L’entreprise se révélera longue. Il faudra plus d'un siècle pour se débarrasser de toutes ces maisons ventouses. Toutes... sauf une !
Le bâtiment qui subsiste aujourd'hui aura été chèrement défendu par Ferdinand Coq, son propriétaire. Sa pugnacité paiera : en 1945, les Monuments historiques décident finalement de conserver cette maison. Une maison qui donne son échelle à l’église... et son visage au Brive d’aujourd’hui.