La tension ne retombe pas entre la police de l'environnement et le monde agricole. Alors que certains syndicats agricoles dénoncent le port d’armes des inspecteurs de l’environnement lors des contrôles, un membre de l’OFB a comparé, ce mercredi 15 janvier, la situation à celle de trafiquants qui demanderaient à la police "de ne plus venir dans les cités". Dans la soirée, une action de contestation était organisée en Corrèze.
"Aujourd’hui, on a le sentiment que ce que veulent les agriculteurs, c’est de ne plus nous voir dans leurs exploitations. C’est du même ordre que si les dealers demandaient aux policiers de ne plus venir dans les cités pour empêcher le deal !" : voilà les propos de Benoît Pradal, du syndicat Snape-FO qui ont mis le feu aux poudres.
La réponse de la FDSEA Corrèze ne s’est pas fait attendre. Pour marquer leur indignation, dans la nuit de ce mercredi 15 janvier, deux tracteurs sont venus déverser du fumier aux portes de l’OFB à Tulle.
Une comparaison qui ne passe pas
La FNSEA et les Jeunes Agriculteurs se sont donné rendez-vous, au pied levé, devant les locaux de la police de l’environnement en Corrèze, en réaction aux propos tenus dans la matinée sur les ondes de France inter par ce syndicaliste de l’agence départementale. Pour l'inspecteur de l'Environnement, ce que demandent les agriculteurs, « c’est comme demander aux policiers de ne plus venir dans les cités pour empêcher le deal ! »
Une comparaison jugée inadmissible par les agriculteurs. Ils dénoncent un manque de discernement de la part de la police de l’environnement : "Ces gens-là, qui aujourd’hui se croient tout-puissants par rapport à l’écologie et à l’environnement, doivent être un peu remis sur le terrain, et comprendre qu’on n’est pas des voyous, et qu’on n’est pas des hors-la-loi", rappelle un syndicaliste à ces camarades présents lors de la descente devant les locaux de l’OFB à Tulle.
Condamnation de l’OFB national
Rapidement, le directeur de l’OFB, Olivier Thibault, s’est désolidarisé de cette comparaison pour le moins hasardeuse. "Je tiens à rappeler que les propos tenus par certains représentants syndicaux n’engagent en aucun cas nos établissements", indique-t-il dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux, réaffirmant néanmoins son "soutien et (sa) confiance aux agents de l’établissement dont (il) salue le professionnalisme."
Une déclaration du directeur de l’OFB saluée par la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher. "Le respect doit être la base de toute conversation : les agriculteurs comme les agents de l’OFB y ont droit en toutes circonstances", rappelle la ministre.
Pour Annie Genevard, la ministre de l'Agriculture et de la souveraineté alimentaire, "les propos tenus ce matin sur France Inter par un agent de l’OFB, comparant les agriculteurs à des dealers, sont éminemment condamnables. Ils témoignent d’un état d’esprit qui trahit les missions de cet organisme. Ils portent atteinte à l’image des agriculteurs dont le rôle éminent qui est le leur, nourrir la population au prix d’un travail exigeant, doit au contraire être soutenu."
Les images du rassemblement en Corrèze dans le reportage ci-dessous :

Des excuses exigées
Mais pour la trentaine d'agriculteurs présents lors de la manifestation en Corrèze, ça ne suffit pas : "Pour nous, aujourd’hui, c’est simple. Plus aucun contrôle de l’OFB tant que nous n’avons pas des excuses claires, et nous ne voulons plus voir des agents de l’OFB armés dans nos exploitations. S’ils veulent être armés, ils n’ont qu’à aller voir comment ça se passe dans les quartiers nord de Marseille, là où il y a du deal de drogue. Là, ils verront qu’une arme là-bas, c’est utile", poursuit Emmanuel Lissajoux, président de la FNSEA 19.
Sur les 3000 agents que compte l’OFB, 1700 inspecteurs de l’environnement disposent de pouvoirs de police administrative et judiciaire. Ils sont dotés d’une arme de service, dont le port est vivement contesté par certains syndicats agricoles, qui font pression pour désarmer ces agents.
Le mouvement de colère devant les locaux de l'OFB en Corrèze intervient à quelques jours du résultat des élections dans les chambres départementales d’agriculture. La FDSEA assure que ce n’est pas sans lien avec ce scrutin.