Construit en 1935 le barrage de Marèges, sur la rivière Dordogne, à hauteur de la commune de Liginiac en Corrèze, bénéficie actuellement de travaux de réfection. Un chantier impressionnant, qui nous offre l'occasion de plonger au coeur de l'édifice.
Pour accéder au coeur du barrage de Marèges, il faut avoir le coeur bien accroché, et ne pas être claustrophobe. Denis Venner, conducteur de travaux chez Mecamon hydro, effectue cette impressionnante descente chaque matin, depuis le mois d'avril dernier : "On a soixante-dix mètres en gros, qui nous permettent d’accéder dans la galerie via la nacelle. Les premières fois il y a un peu d’appréhension, parce-qu’on sait que derrière il y a des millions de mètres cubes d’eau."
Habituellement, ici s'écoulent 60 m3 d'eau par seconde ! Pour accéder à l'une des deux vannes de tête du barrage, il faut encore remonter la galerie sur 100 mètres. Une vanne pèse 40 tonnes, mesure 5 mètres de large et 6 mètres de haut. Depuis 86 ans, elle retient les 47 millions de m3 d'eau du barrage. un véritable bouchon géant assemblé par 6200 rivets.
Pour déterminer quels sont les rivets qui nécessitent d'être changés, les techniciens tapent tout simplement dessus avec un marteau, et c'est au son produit par l'impact qu'ils déterminent si le rivet est encore en bon état ou pas.
Sur les 1700 rivets que compte la vanne, 1000 ont été changés. "Il y en a à peu près sept cents qui ont été identifiés, comme ayant été mis en place depuis 1935, avec des normes qui ne sont plus valables aujourd’hui, mais dont on a acté le bon état par rapport à la résistance des matériaux," précise Patrick Garcia, coordinateur des travaux au barrage de Marèges.
Le changement des rivets n'est pas l'unique objet des travaux engagés. Le système de levage de la vanne a été remplacé, la peinture anti corrosion refaite, enfin le béton de la galerie a été scrupuleusement inspecté. Pour Bernard Soulier, le directeur de l'usine hydroélectrique de Marèges, à 86 ans, le barrage se porte plutôt bien : "Le barrage en lui-même, au niveau infrastructure génie civil, est en bon état. Par contre ce sont tous les organes annexes au barrage. C’est-à-dire les vannes de prises, les vannes de vidange, les croupes, qui ont effectivement une certaine usure et qu’il convient de remettre en état."
Premier barrage construit sur la Dordogne, Marèges bénéficie de près de 30 millions d'euros d'investissement sur 5 ans. Il produit annuellement 280 megaWatt, soit l'équivalent de la consommation d'une ville comme Limoges.