C’est un lieu unique en France : à Bonnefond, en Haute-Corrèze, des enfants placés par l'aide sociale à l'enfance vivent aux côtés de séniors pour favoriser l'autonomie des uns et des autres.
L'association LIVE (Lieu intergénérationnel de vivre ensemble) a débuté son activité il y a cinq ans, et la présence d'une dizaine d'enfants a métamorphosé Bonnefond, un petit village corrézien d'à peine cent habitants.
Des repas fédérateurs
Parmi ses nombreuses initiatives, nous avons suivi la préparation d'un repas par les jeunes et leurs éducateurs, pour les anciens de la commune.
Ce jour-là, la jeune Shana est très impliquée en cuisine : "J‘aime bien parce que ça détend, ça permet de se concentrer sur un truc et de ne penser qu’à un objectif, faire de la cuisine, et se libérer le cerveau."
Pendant ce temps, d’autres enfants dressent la table. Tous vivent loin de leur famille, placés sous la protection du département. Ils habitent plusieurs maisons dispersées dans le village et se retrouvent au "Tilleul".
VIDÉO. Voir le reportage sur ce petit village où personnes âgées et les enfants sans famille reprennent goût au partage et à la vie collective ►►

Anis témoigne aussi de cette ambiance de partage : "J’avoue que c’est mieux que la ville. La ville, il y a beaucoup de personnes. Bonnefond, c’est un peu en campagne et c’est beaucoup mieux."
Ici, c'est calme, il y a le respect, on ne voit pas les éducatrices se faire frapper…
Naïma,enfant de l'ASE (Corrèze)
Quand l’heure du repas sonne, les convives sont au rendez-vous. Ce sont les anciens du village. L’un de ces séniors habite sur place, les autres ne se font pas prier pour rejoindre le groupe, comme Lucette, qui tenait autrefois le restaurant : "Ce qui me fait le plus plaisir, c’est de retrouver des enfants. Les enfants, c’est l’avenir, c’est la joie, c’est l’espérance."
Le souhait de tous pour 2025 ? Accueillir plus de personnes âgées dans ce lieu de vie unique en France.
Cinq questions à Florence Saint Marcoux, directrice de l’association Live
Tout le village éduque les enfants ?
C'est l'idée qu'un village est là pour éduquer les enfants, et de sortir les gens des cases. Une personne âgée qui est en perte d’autonomie, n’a pas forcément envie d’aller en Ehpad, et un jeune qui a besoin d’un hébergement de la protection de l’enfance, n’a pas forcément besoin ni d’un assistant familial ni d’un foyer. D’où l’idée d’une petite unité, avec une équipe de professionnels.
Comment affronter les réticences ?
Avec l’ouverture sur l’extérieur. Il faut donner à voir notre travail. Nous sommes ouverts sur la cité, nous participons aux commémorations, nous avons un programme culturel, un programme sportif, nous éduquons les citoyens de demain.
Un attachement se construit dans le village ?
Certaines personnes du village font partie de l’association ou bien sont bénévoles pour l’association. Nous avons un jardin partagé qui est tenu par Robert, par exemple. Quand Robert pose le cadre, mine de rien, on fait attention à son vocabulaire, on écoute, et c’est tout à fait porteur pour un jeune qui gagne des compétences et pour un senior qui garde les siennes.

Qu’est-ce qui freine l’accueil des seniors ?
C’est un lieu de vie atypique avec des financements à construire avec les partenaires, dont le Conseil départemental. À ce jour, nous n’avons qu’un seul senior en hébergement.
Vos objectifs pour 2025 ?
On est sur de "l’essaimage", puisqu’on a une évaluation positive de nos lieux de vie. Aujourd’hui, on est en train de voir pour en monter de nouveaux…