Sophie Primas, la porte-parole du gouvernement était ce vendredi 24 janvier en déplacement dans le département de la Creuse. L'occasion de lui poser quelques questions après les déclarations du Premier ministre François Bayrou qui a qualifié les contrôles effectués par l'Office de la biodiversité d'"humiliations pour les agriculteurs".
Le 19 novembre 2024, des agriculteurs en colère ont commis des dégradations et insulté des agents de l'office Français de la biodiversité (OFB) à Guéret, dans la Creuse. La préfète du département, Anne Frackowiak-Jacobs, a alors fermement condamné ces actions : Ce qu'ils ont fait, c'est vraiment de la casse. Ils ont saccagé les bureaux (...) et intimidé le chef de l’OFB avec des insultes et menaces."
Quelques jours plus tard, quatre agriculteurs de la Coordination Rurale ont été interpellés et placés en garde à vue.
L'affaire n'est pas isolée, des actions similaires ont eu lieu ailleurs en France.
L'OFB assure la police de l'environnement depuis l'entrée en application de la Loi n° 2019-773 du 24 juillet 2019. Ce texte modifie les missions des fédérations des chasseurs et renforce la police de l'environnement.
Remise en cause de l'OFB
Lors de son discours de politique générale, François Bayrou a, à son tour, pointé du doigt l'Office Public de la Biodiversité. "Les inspecteurs de la biodiversité viennent contrôler le fossé ou le point d’eau avec une arme à la ceinture, dans une ferme déjà mise à cran. C’est une humiliation, et c’est donc une faute ", a déclaré le Premier ministre.
Une déclaration fortement mal accueillie par les 3 000 agents de l'OFB.
Pour satisfaire la FNSEA et la Coordination Rurale, le Premier ministre jette en pâture les missions et métiers d’une partie des agents du Service public de l’environnement, pourtant définis et cadrés par la loi et la réglementation.
Extrait du communiqué de l'intersyndicale de l'OFB publié le 20 janvier 2024
En réaction, l’intersyndicale de l’OFB a demandé à ses agents de "rester au bureau" et d’annuler leurs missions. Cet appel est largement suivi nationalement, y compris en Limousin. Un préavis de grève a été déposé pour le 31 janvier.
"Il faut que les agents viennent avec une volonté d'aider"
Sophie Primas, porte-parole du gouvernement, était ce vendredi 24 janvier en déplacement dans le département de la Creuse. Elle confirme les propos de François Bayrou, tout en y mettant un peu plus les formes : "Je souhaite d'abord rendre hommage aux agents de l'OFB qui font leur travail, cette structure est un bon outil. Chacun doit retrouver la raison, a déclaré en préambule Sophie Primas, avant de poursuivre. Je ne nie pas qu'il y ait des dérapages dans les comportements des uns et des autres de temps en temps. Chez les agriculteurs, qui sont énervés parce qu'il y a beaucoup de contrôles selon eux. Il nous faut des contrôles dans les fermes et on va aller vers des contrôles uniques. Il faut que ces contrôles soient aidants, que les agents de l'OFB viennent avec une volonté d'aider plus que de sanctionner. Il faut retrouver un lien de confiance avec les agriculteurs."
Parfois les comportements sont un peu intrusifs, voire accusateurs, il faut retrouver une relation normale. Une équipe va donner des directives aux agents sur les bons comportements à adopter pour éviter les excès.
Sophie PrimasPorte-Parole du gouvernement
L'interview intégrale de Sophie Primas, Porte-Parole du Gouvernement :

Réaction de la Coordination Rurale
Florian Tournade, président de la Coordination rurale de la Creuse, rappelle que les agriculteurs sont les premiers défenseurs de l'environnement : "Notre objectif est de transmettre nos exploitations à nos enfants. Donc, on ne va pas laisser de la merde à nos jeunes".
Les agents de l'OFB arrivent avec un pistolet à la ceinture pour nous dire qu'on a mal travaillé. Et quand on les appelle pour une attaque de loup, ils doutent de ce qu'on leur dit.
Florian TournadePrésident de la Coordination Rurale de la Creuse
Quant aux contrôles uniques prônés par le gouvernement, la Coordination rurale affiche clairement la couleur :"On n'en veut pas. On ne veut plus de contrôles du tout. On est capables de faire notre boulot seuls".
"Une sanction peut être pédagogique"
L'association de protection de la nature, France Nature Environnement Limousin, s'étonne des propos tenus par Sophie Primas. Selon Michel Galliot, président de l'association, "un contrôle est un contrôle. Que signifie moins intrusif ? C'est un peu comme si on empêchait un inspecteur du travail de pénétrer dans une entreprise. Il y a une loi et les gens en charge de l'appliquer doivent pouvoir faire leur travail".
Miche Galliot ajoute que toutes les actions de son association s'appuient sur des études scientifiques et non des opinions. Pour lui, une sanction pénale peut aussi être pédagogique : "Regardons le problème des déchets : si une loi ne nous empêchait pas de les jeter n'importe où, nos rues en seraient remplies".
France Nature environnement a envoyé un message de soutien aux agents de l'OFB.