Actrice populaire, aussi connue au cinéma qu’au théâtre ou la télévision, Anny Duperey a pris au fil des années une place unique dans le monde des Arts. Un documentaire lui est consacré. Une projection en avant-première, en présence de l’actrice, est organisée à Guéret ce mardi 21 janvier.
Anny Duperey, c’est un peu notre Jamie Lee Curtis à nous.
Une « belle plante » qui ne mâche pas ses mots, une graine de liberté poussée, par un vent de force vitale, de Rouen à Paris.
Sylvie Gauthier, productrice
Invitée très jeune à jouer les rôles de faire-valoir féminins, Anny a pris au fil des années une place unique dans notre cinéma personnel : celle d’une femme qui ne s’en laisse pas conter, avec de la répartie.
Est-elle pour autant si facile à attraper, à définir ? Peut-on être à la fois une petite fille de 8 ans terrifiée par le vide, une actrice de cinéma souriant aux photographes, la mère d’une famille formidable, l’amoureuse d’un des plus grands acteurs de sa génération, une photographe que n’aurait pas reniée son père, une peintre de formation, une chanteuse de cabaret gouailleuse, une trapéziste sans filet… Une écrivaine !
La liste des « dons » d’Anny est longue. Toute sa vie, elle les a entretenus, comme on garde des petits cailloux dans une boîte secrète. Peut-être parce qu’elle a du sens pratique, en fille issue d’un milieu modeste : dans la vie, il faut savoir tout faire. Elle ne renie rien, ne regrette rien. Est-ce que la vie d’Anny Duperey ne serait pas un jeu de cache-cache avec l’ombre qui la poursuit depuis ses huit ans ? Ou le prisme d’un kaléidoscope qui définirait ce que peut être une femme-artiste en équilibre ?
Depuis plus de 40 ans, elle a décidé de vivre une partie de son temps en Creuse, dans une maison restaurée par celui avec qui elle a partagé une longue et belle période de sa vie, Bernard Giraudeau.
Si ses enfants ont peu investi le lieu, aujourd'hui, elle est heureuse de voir que ses petits-enfants s'approprient ce havre de paix et de verdure. Anny Duperey a couru les arboretums et les pépiniéristes de Creuse pour y planter plus de 180 espèces d'arbres et d'arbustes différents.
C'est ici, loin des tumultes de la vie parisienne, qu'elle aime écrire, se reposer entre deux pièces de théâtre ou deux tournages.
Feuilleter l'album des souvenirs de la vie d'Anny Duperey ne suffit pas pour la connaître. C'est ainsi qu'est née l'idée de lui consacrer un film documentaire.
La coproductrice et la réalisatrice du film ont accepté d'en dire plus.
3 questions à Sylvie Gauthier, productrice
- Comment est née l’idée de consacrer un documentaire à Anny Duperey ?
L’avantage de produire, c’est de pouvoir choisir les artistes qu’on aime !
Anny Duperey est une femme et une artiste qui me plaît beaucoup. C’est une comédienne à la fois élégante et populaire, et puis c’est aussi une écrivaine qui a su nous toucher au cœur. Je savais que Ninon Brétécher, avec qui j’ai déjà travaillé deux fois, la connaissait. Nous sommes allées chez elle pour lui proposer ce film. Au début, elle a été surprise, mais finalement, elle nous a laissées la suivre… et il faut du souffle !
- La vie d’Anny Duperey est extrêmement riche, de quelle manière avez-vous travaillé pour pouvoir raconter une histoire, son histoire en 52 mn ?
Nous avons suivi notre intuition. Je produis souvent des portraits d’artistes. C’est toujours un challenge pour les réalisateurs de faire tout tenir en 52 minutes ! Mais j’ai le sentiment que c’est une belle manière de partager la culture, sans emphase, en passant par des histoires de vies singulières et authentiques. Celle d’Anny Duperey l’est, à plusieurs égards. La vie d’Anny, c’est un peu notre histoire : les films à succès des années 70 et 80, les grandes sagas télé, un couple fascinant… et puis un choc en découvrant son histoire personnelle dans Le voile noir. Je pense que le plus important est de chercher ce qui nous touche. Ne pas faire une biographie, mais dire qui est cette personne, selon nous, ce qui émane d'elle.
- Quelle a été votre rôle dans la répartition du travail avec Ninon Brétécher la réalisatrice du film ?
J’essaie d’accompagner au mieux les réalisateurs. Selon les films, le sujet, c'est différent.
Ici, Ninon s’est vraiment concentrée sur les tournages. Anny a une vie tourbillonnante et il ne fallait pas la perdre de vue ! De mon côté, j’ai fait des recherches sur les archives, pour que Ninon et sa monteuse, Frédérique Leroy, aient de la matière. On a échangé ensuite, comme toujours pour moi, au moment du montage et de l’écriture des commentaires. L’équipe de production très efficace de mon coproducteur, 13Prods, m’a permis de me libérer d’autres tâches, heureusement. C’est un travail d’équipe !
Découvrez ci-dessous quelques extraits du documentaire Anny Duperey, artiste en équilibre :

3 questions à Ninon Brétécher, réalisatrice
- Que retenez-vous du tournage de ce documentaire qui s’est étalé sur plusieurs mois ?
Ce que je retiens de ce tournage, c'est que Anny mène sa vie et ses projets tambour battant, avec toujours une recherche de cohérence, d’honnêteté vis-à-vis d’elle-même, de ses partenaires, de ses lecteurs, du public.
- Comment avez-vous fait pour gagner la confiance d’Anny Duperey et rendre accessible son intimité ?
J’avais mis en scène Anny, il y a quelques années au Théâtre Edouard VII, dans un texte d’elle intitulé "Les chats de hasard". Nous avons appris à travailler ensemble, un plaisir !
Lorsque nous lui avons proposé le projet de ce film sur elle, Anny a éclaté de rire, surprise, amusée, pudique.
Ninon Brétécher, réalisatrice
Car c’est un paradoxe permanent chez elle : Anny se livre entièrement dans ses rôles, dans ses livres, lors de ses rencontres avec le public, mais il subsiste une part de retenue, ou pudeur. Le tournage du film s’est déroulé sur un an. Les séquences en Creuse, dans son cabanon d’écriture, ont été la matrice d’une parole profonde et joyeuse, comme elle.
- Quel est le moment qui vous a le plus marqué en tant que réalisatrice ?
En tant que réalisatrice, les moments qui m’ont le plus marquée sont ceux filmés au Théâtre, avant les représentations. Parce que les rendez-vous sur scène la mobilisent dans toute sa puissance ! La voir s’échauffer, blaguer avec ses partenaires, se concentrer et retrouver le public chaque soir, 1000 spectateurs ! C’était très fort. La filmer ensuite répondre aux spectateurs qui l’attendaient à la sortie du théâtre. C’est vraiment sa maison !
Avant-première et diffusion
Le documentaire Anny Duperey, artiste en équilibre réalisé par Ninon Brétécher et coproduit par Popfilms,13PRODS et France Télévisions, avec la participation du Centre national du cinéma et de l’image animé, fait l'objet d'une projection en avant-première en présence d'Anny Duperey, mardi 21 janvier à 20.00 à l'Espace André Lejeune de Guéret.
Entrée Gratuite, réservation conseillée à l'adresse suivante : communication.limoges@francetv.fr ou en cliquant ici.
Il sera diffusé le jeudi 23 janvier à 22.50 sur France 3 Nouvelle-Aquitaine puis disponible sur la plateforme france.tv