À Guéret (Creuse), les salariés du sous-traitant automobile Amis ont entamé une grève, ce jeudi 23 janvier. Le mois prochain, leur usine fermera définitivement. Avant l'officialisation des premiers licenciements, ils réclament une prime de production pour continuer de travailler. La direction refuse.

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"Sans contrepartie, on débraye jusqu'à lundi !" Le message se veut limpide et résolu. Ce jeudi 23 janvier, à sept heures du matin, les salariés de l'usine Amis, à Guéret, ont entamé une grève. L'objet de leur revendication : une prime de production. Les ouvriers réclament le versement d'une somme exceptionnelle pour poursuivre le travail de façon normale avant la fermeture définitive du site. "C'est vrai que l'on produit moins depuis que l'on sait que tout s'arrête le mois prochain, reconnaît David Parlon, délégué syndical Force ouvrière. On l'a toujours assumé."

Une usine "au ralenti" depuis plusieurs semaines

Le 17 janvier dernier, lDirection régionale de l'économie, de l'emploi, du travail et des solidarités (Dreets) a homologué le plan de licenciement proposé par le sous-traitant automobile. En Creuse, quarante emplois vont disparaître. Depuis, l'atmosphère sur place s'avère très lourde. Le personnel reconnaît "tourner au ralenti" : "Travailler dans ces conditions, c'est compliqué. On bosse moins, en mode dégradé. Il y a de la peur, à mesure que l'échéance approche."

Face à cette situation, la direction a fait parvenir une note au personnel, exigeant "que chacun retrouve un niveau normal de production et de travail". Communiqué la semaine dernière, le courrier menaçait les personnes concernées de "sanctions disciplinaires" et évoquait même des "licenciements sans indemnité", rappelant que "cela peut s'apparenter à de la grève illicite, voire de l'entrave au fonctionnement de l'entreprise".

Huit salariés sur quarante en arrêt maladie

La note de l'encadrement a suscité l'indignation de nombreux salariés : "Ça ne passe pas, c'est la cerise sur le gâteau. On est en colère, c'est trop pesant. On nous parle mal. Ils s'attendent à quoi ? La date de licenciement arrive. Les salariés, ça les angoisse, ils ne peuvent pas se donner à fond !" Ce raidissement des positions a débouché sur la grève entamée ce jeudi.

Dès l'aube, plusieurs cadres ont rencontré les délégués syndicaux. Lors de négociations qui ont duré plus d'une heure, ils ont demandé aux salariés de produire au moins 550 000 pièces d'ici à la fin du mois, soit 75% du rendement habituel. "C'est la quantité qu'il reste à fournir à nos clients, explique Philippe Dufeutrelle, le directeur d'Amis. En ce moment, ils ne tournent qu'à 15%. C'est inadmissible."

C'est du rêve. Cette requête est irrecevable.

Philippe Dufeutrelle

Directeur d'Amis

De leur côté, les représentants du personnel assurent que sans prime de production, plus rien ne sortira de l'usine. "Si on remplit les objectifs pour les dernières semaines, on demande une somme, explique le délégué syndical. Pendant les négociations du plan de licenciement, la prime supralégale a été refusée aux travailleurs virés. Là, on se dit que ce serait la moindre des choses, pour compenser."

Réponse du patron : "C'est du rêve. Cette requête est irrecevable. On leur verse un salaire, c'est normal d'attendre un minimum de travail en retour. Malheureusement, cela va surtout porter préjudice aux plus faibles, qui seront privés de rémunération à cause des jours non travaillés."

Sur les quarante salariés du sous-traitant automobile, trente-deux participent à la grève. Les huit restants se trouvent en arrêt pour maladie.

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