Après trois jours de procès aux assises des Deux-Sèvres, Yunus Cosgun écope de 30 ans de réclusion criminelle avec une période de sûreté de vingt ans. Il a été reconnu coupable d’avoir frappé à mort son ancienne compagne Patricia Gomit. Elle voulait le quitter depuis trois ans. Le corps de cette mère de quatre filles avait été retrouvé en juin 2022 dans sa propriété du village de Cersay, à Val-en-Vignes, près de Thouars.
Lundi 20 janvier 2025, premier jour de procès : l’accusé Yunus Cogun, 59 ans, originaire de Turquie, nie en bloc toutes les accusations. Il exprime peu d’émotions si ce n’est un sourire lorsque la présidente expose au tribunal son alibi. Il affirme avoir été enlevé deux jours avant le drame et transporté en Espagne par ces prétendus ravisseurs.
Le rapport d’expertise brosse le portrait d’un homme agressif, menaçant, un profil psychotique, dénué d’empathie, mais pas de discernement.
“C’est un dossier compliqué avec beaucoup d’enjeux parce que Monsieur Cosgun risque une peine extrêmement lourde. Ces déclarations sont toujours restées dans la négation de ce meurtre et sa sincérité me paraît pour ma part convaincante” déclare alors Maître Ambroise Garlopeau, avocat de la défense.
Rappel des faits
Le 11 juin 2022, à Val-en-Vignes dans les Deux-Sèvres, le corps de Patricia Gomit, 51 ans au moment des faits et aide à domicile de profession, est retrouvé dans sa chambre entièrement nue au milieu d’une mare de sang. La victime présente de nombreuses fractures et un traumatisme crânien.
Pour l’avocat des parties civiles, sa mort aurait pu certainement être évitée. La victime avait porté plainte un mois plus tôt, le 8 mai 2022, contre Yunus Cosgun, son ex-conjoint pour des faits de violence physique et sexuel. Mais aussi pour des menaces de mort et de viol. Une démarche qui fut classée sans suite par la justice.
Ce dossier, je l’appelle chronique d’une mort annoncée.
Maître Fabien Arakelianavocat de la partie civile
“Un mois avant les faits, la victime va déposer plainte, elle dénonce des violences, elle se déplace avec un certificat médical qui constate trois jours d’Interruption Temporaire de Travail (ITT), elle dénonce des viols et la seule réponse que l’institution judiciaire lui apporte, c'est un classement sans suite et la laisse entre les mains de cet individu qui la tuera un mois plus tard” rajoute Maître Fabien Arakelian, avocat de la partie civile.
Pourquoi Patricia Gomit n'a-t-elle pas été protégée ?
Le mardi 21 janvier, deuxième jour de procès, les enquêteurs sont entendus pour comprendre pourquoi la victime, malgré toutes ces alertes, n’a pas pu être protégée. Pourtant, l’accusé possédait déjà 13 condamnations pour des faits de violence dans son casier judiciaire.
Dès le premier jour du procès, une dizaine de personnes du collectif “Nous toutes” s’était rassemblée sur les marches du tribunal pour manifester leur écœurement contre ces féminicides qui sévissent toujours dans notre société.