L'abbatiale de Saint-Maixent-l’Ecole, dans les Deux-Sèvres, fait l'objet d'importants travaux de rénovation depuis près d'un an. L'édifice a subi l'usure du temps mais aussi les conséquences de mauvaises restaurations par le passé. Les spécialistes de ce chantier se sont attachés à respecter un savoir-faire ancien pour cette restauration.
C’est en février 2024 que les travaux de rénovation de l’abbatiale de Saint-Maixent-l’Ecole ont débuté. Il s’agit notamment de restaurer la flèche de la bâtisse dont les pierres se sont détériorées depuis sa construction au Xe siècle.
Charlotte Lecointe est tailleur de pierre et elle participe à ce chantier en employant des gestes ancestraux : « On est sur une taille assez fine donc on va éviter de trop choquer la matière et avoir des moulures assez précises aussi. »
L’édifice a souffert du temps, mais aussi de malfaçons lors de précédentes restaurations.
Stéphane BerhaultArchitecte du patrimoine
Exit le ciment
En tout, ce sont 15 mètres cubes de pierres qu’il a fallu tailler pour restaurer la flèche de l’abbatiale. L’édifice a souffert du temps, mais aussi de malfaçons lors de précédentes restaurations. L’utilisation du ciment dans les années 60 a été particulièrement néfaste, comme l’explique Stéphane Berhault, architecte du patrimoine : « En voulant réparer, on a fait pire que le mal initial. On a généré quelque chose qui a complètement perdu la pierre, on ne peut pas retirer le ciment, on ne peut pas recoller des fragments, et ces pierres sont perdues. »
Face à ce constat, les artisans reviennent au savoir-faire d’antan. Fini le béton, les éléments sont scellés au plomb, comme au Moyen-Age.
Stéphane Berhault ajoute : « Aujourd’hui, on ne fait pas mieux que ce qu’on faisait autrefois. Cette flèche était en très mauvais état après le séisme d’il y a deux ans, avec de grandes fissurations, et puis il y avait de l’érosion liée au passage de l’eau. À 30 ou 40 mètres et au-delà, ça peut avoir des conséquences terribles sur la stabilité de l’ensemble. Cette flèche est donc restaurée selon les modes opératoires connus depuis l’Antiquité. Les constructeurs médiévaux se sont emparés de ces techniques qu’on rétablit maintenant après avoir abandonné toutes les tentatives du XXe siècle de mise en place de matériaux nouveaux soi-disant plus résistants. »
Reportage de Louis Claveau et de Guillaume Fautrat :

Saint-Maixent bénéficie d’un patrimoine très riche que nous voulons mettre en valeur.
Dominique AnnonierAdjoint à l’urbanisme - Ville de Saint-Maixent-l'Ecole
Retour au sommet
Plus d’un million d’euros a été dépensé pour ce chantier, débuté il y a près d’un an. Alors que les travaux se terminent, la municipalité se félicite des travaux. Dominique Annonier est adjoint à l’urbanisme : « Il faut évidemment que des bâtiments aussi importants soient absolument sécurisés, qu’on n’ait pas de chutes de pierre. Et puis évidemment, il y a la question patrimoniale très importante pour nous parce que Saint-Maixent bénéficie d’un patrimoine très riche que nous voulons mettre en valeur. On a une flèche qui culmine à 60 mètres, ce n’est pas rien. C’est un monument important adossé à une abbaye et son cloître, tout cela mérite d’être préservé. »
Le coq de la flèche a, lui aussi, été restauré et hissé à 65 mètres de haut. La fin de ce chantier est prévue pour mars 2025.