Découvertes par hasard, trois fresques civiles rares sont actuellement restaurées au Château de Maisontiers (Deux-Sèvres). Un travail d’orfèvre est à l’œuvre pour donner une seconde jeunesse à ces peintures ancestrales.
Un bon rangement peut parfois réserver de belles surprises. Il y a deux ans, Arnaud Macé de Lépinay, propriétaire du Château de Maisontiers, se lance dans la rénovation d’un débarras, et découvre l’un des secrets les mieux gardés du monument : « En déménageant des choses, on a vu un peu de couleur donc on a gratté un peu et on a vu qu’il y avait un dessin ! » raconte-t-il. Il a rapidement contacté la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC), qui a recommandé une restauration de la pièce.
C’est la restauratrice de peinture Géraldine Fray qui a fait le déplacement en 2021, pour gratter au scalpel le badigeon, une couche de peinture superficielle : « On a découvert cette fresque qui représente donc Henri IV en 1600 », retrace le maître des lieux, « il faut savoir qu’Henri IV est passé très souvent dans la région donc il a dû s’arrêter ici ! »
La peinture murale illustrerait donc l’ancien monarque français en selle, une œuvre peu ordinaire pour l’époque : « On pense [que les peintures] sont très vraisemblablement de l’époque d’Henri IV, donc la seconde moitié du XVème siècle», nous explique Géraldine Fray, « on est quand même sur quelque chose de relativement rare, dans un contexte civil on a très très peu de peintures de cette époque-là. » Le châtelain semble bien conscient du trésor que renfermait cette pièce abandonnée : « on trouve des fresque religieuses, dans les églises, des fresques militaires, mais assez rarement des fresques civiles… enfin c’est ce que m’a dit la DRAC, moi je ne suis pas spécialiste de tout ça ! »
Des découvertes à chouchouter
Les découvertes ne s’arrêtent toutefois pas là : au cours de la première restauration, deux nouvelles fresques ont été mises au jour, et sont à leur tour rénovées depuis une dizaine de jours. Avec précaution, Hélène-Marie Hurel tente de les révéler tout en les préservant : « On a commencé par les dégager parce qu’on avait fait des sondages, on avait seulement des petits morceaux, on savait ce qu’il y avait mais on ne savait pas l’étendue des personnages qu’il y avait en dessous, » nous décrit l’assistante en rénovation, « on a nettoyé, on a refait de l’enduit, et là la prochaine étape ce sera de restaurer pour donner un peu plus d’éclat à la peinture. » Un travail de fourmi qui doit se faire le plus discret possible : « C’est vraiment essayer de stabiliser plutôt que retrouver l’original », nous dit-elle, « il faut que notre intervention soit visible et réversible. »
Un patrimoine historique
Puisque le Château de Maisontiers est classé monument historique depuis 2013, les fresques le sont aussi en tant que biens immobiliers. De ce fait, les deux premières phases de restaurations, auxquelles va s’ajouter un troisième chantier en octobre prochain, sont en partie subventionnées par la DRAC. L’ensemble des travaux, pris en partie en charge par Arnaud Macé de Lépinay devrait s’élever à une vingtaine de milliers d’euros selon la restauratrice Géraldine Fray. Les peintures murales, elles, resteront à l’abri des regards puisque seuls l’extérieur du château s’offre aux yeux du public.