À Lezay, dans les Deux-Sèvres, des parents d'élèves montent au créneau, car leurs enfants ont école dans des conditions difficiles depuis mi-décembre. Le réseau de chaleur qui alimente de nombreux bâtiments de la commune est en panne. Et cela dure depuis plusieurs années.
Ils sont à bout. Parce que c’est le second hiver que le chauffage est défaillant à l'école. « Je vais récupérer mon petit-fils de trois ans qui est malade comme un chien ! », s’énerve Médéric Brunet, un grand-père en colère.
Devant l’école maternelle de Lezay dans les Deux-Sèvres, ils se sont donné rendez-vous pour exprimer leur mécontentement. « Ce matin, il fait 6 degrés dans les toilettes, 14 degrés dans une classe », dénonce Céline Quintard, une maman d’élèves.
Depuis mi-décembre, soixante élèves de maternelle vivent frigorifiés. « Des enfants à 14 degrés, pour se concentrer, c’est difficile », déplore Camille Billard, maman d’élèves. « Garder un manteau pour travailler, ce ne sont pas des conditions adéquates. »
En cette mi-janvier, les températures extérieures sont devenues négatives. Les enfants sont habillés à la façon « oignon » : « Il a un sous-pull, un autre pull, encore un pull et son manteau. » Dans les bras de sa maman, le petit garçon ainsi épluché se débat, car il n’apprécie pas qu’on laisse passer l’air glacé entre ses couches de vêtements pour la démonstration.
Des convecteurs électriques ont bien été installés, mais le compteur n’est pas assez puissant. Les radiateurs font sauter les plombs. Ils ne peuvent donc fonctionner tous en même temps. Un groupe électrogène va venir en renfort avec d’autres radiateurs.
Mais le problème est encore très loin d’avoir trouvé sa solution. Car cette situation existe depuis 17 ans maintenant.
Un réseau de chaleur de mauvaise qualité
Olivier Gayet, le maire de Lezay, a ouvert les portes de la chaudière collective qui fonctionne au bois. À l’origine, un système innovant et écologique de réseau de chaleur prévu pour chauffer les bâtiments publics et des logements. Une trentaine d’équipements comme le collège, la mairie, la maison de retraite, les écoles. « Le réseau présente des fuites récurrentes depuis sa création en 2007 », se désole l’élu. « Les manchons, ces raccords entre les tuyaux seraient de mauvaise qualité. »
Et une fuite sur le réseau serait apparue du côté de la maison de retraite. « Mais il nous faut la confirmation, car à quelques dizaines de mètres près, les coûts des réparations sont énormes. » Ouvrir une tranchée sur 80 mètres coûte 100 000 euros selon la Communauté de communes. Cette dernière, responsable du réseau, essaye donc d’avoir une idée précise de l’emplacement de la fuite avant d’engager les travaux. « Aujourd’hui, nous n’avons pas l’information quand cette panne sera résolue », poursuit Olivier Gayet.
Et il n’y a pas que l’école maternelle qui se retrouve sans chauffage : la garderie, la gendarmerie, le bureau de La Poste sont aussi concernées. Tout comme des logements sociaux.
Aline Pioffet a quatre enfants et deux chats. L’un des félins s’est posté devant le petit chauffage à pétrole qui a pris le relais des radiateurs hors service. Le second est blotti dans son abri molletonné. La mère de famille a gardé sa doudoune. Et fait ses comptes. « J’en ai pour 120 euros de pétrole et 40 euros de bouteille de gaz toutes les trois semaines et je reçois encore la facture de l’abonnement au chauffage collectif. » Les locataires viennent cependant d’obtenir la gratuité du service, après avoir contacté la députée Delphine Batho pour qu’elle intervienne en leurs noms auprès du bailleur. Mais la mère de famille est décidée, elle va quitter son logement.
Reconstruire le réseau souterrain
La solution viendra. Un jour. Mais elle va prendre du temps. Gilles Pichon, vice-président de la Communauté de communes Mellois en Poitou, est venu à la rencontre des parents d’élèves. « À force de faire du bricolage, la crainte, c'est que nous mettions hors service tout le réseau », reconnaît-il. En 2024, des études ont été lancées pour mettre fin aux dysfonctionnements incessants. « Le but, c’est d’essayer de faire deux réseaux séparés. Nous voulons enclencher la décision politique le plus rapidement possible, mais nous sommes sur des budgets entre un million et un million et demi d’euros. » Il va falloir reconstruire le réseau en fait et organiser de nombreuses réunions pour mobiliser tous les partenaires qui vont financer.
Il y a bien eu déjà un procès contre l’entreprise qui avait fait la première installation en 2007. Des indemnisations ont été versées. Mais les fuites, elles, ont continué de mener la vie dure aux habitants de Lezay.