Chauray, dans les Deux-Sèvres, était autrefois une terre de football. Au fil des relégations des voisins, les Chamois niortais, le nombre de licences a progressé au rugby. Le club de Chauray évolue en Fédérale 3. Les joueurs se battent pour le maintien. Les dirigeants mènent un autre combat, la diminution de la consommation d’alcool.
Impossible de ne pas remarquer les rappels à l’ordre à l’entrée du club de Chauray dans les Deux-Sèvres. Affiches placardées à l’entrée du club house, éthylotests en libre-service, partout il est indiqué que l’alcool est mauvais pour la santé. Ce soir-là, après notre tournage lors de l’entraînement, les joueurs se retrouvent, comme partout, au bar du club house, mais dans les verres, la promesse est tenue. Sirop de menthe, grenadine et pour les plus récalcitrants, bière sans alcool. “ Au début, ça faisait un peu bizarre, mais au fil des mois, on s’y est habitué " nous confie Raphaël Mandret, l’un des piliers de l’ARCC.
Ce qui compte, ce n’est pas ce qu’il y a dans nos verres, ce sont les moments de complicité et d’amitié que l’on partage ensemble.
Raphaël MandretARRC
En finir avec les excès dus à l’alcool
Depuis le début de la saison le club de rugby de Chauray expérimente un nouveau label mis en place par le Comité département Olympique et l’association Promotion Santé Nouvelle Aquitaine. Son nom : 100% sport, le sport sans alcool, c’est plus fort.” Seuls deux clubs de rugby dans la région ont accepté de relever le défi, Parthenay et Chauray, deux équipes de Fédérale 3. On ne vend vraiment plus d’alcool fort. On propose de la bière sans alcool et beaucoup plus de “soft”, du café, du thé. On a encore le droit de vendre de la bière en revanche. Il ne faut pas braquer les gens, mais on sent que petit à petit les mentalités évoluent” affirme Sébastien Dudognon, le président du club.
“Il faut une prise de conscience”
Après les affaires de la sélection française en Argentine, le procès des joueurs grenoblois à Bordeaux, les agressions dans les bars de Dax, pas une semaine sans que le rugby et ces “fameuses” troisièmes mi-temps ne soient montrées du doigt. Et si finalement l’exemple venait du sport amateur ? "Oui c’est difficile, les habitudes sont là, mais il faut une prise de conscience. Si après un match ou un entraînement trop arrosé, un joueur ou un supporter est saoul, s’il cause un accident qu’est-ce qu’on dira ? Ça jettera l’opprobre sur le club, sur la discipline en général, hors de question”, nous explique Pascal Vallès, policier formateur anti-drogue à Niort et éducateur à Chauray.
Une subvention en cas de pertes financières
Les jours de match, si les supporters chauraisiens ont pris l’habitude de se passer d’alcool fort, les joueurs des équipes adverses sont un peu plus surpris. “Chez nous, ce n’est pas comme ça. Boire un coup après la rencontre c’est sacré. Nous, en équipe B, quand on gagne, le président nous donne même un billet pour en profiter” plaisante un rugbyman de Blaye en Gironde. La route est encore longue. Pour ces clubs amateurs, la buvette est souvent l’une des sources principales de recettes. L’argent ne doit pas être une excuse pour ne pas tenter l’aventure. Les initiateurs du projet ont tout prévu. En cas de baisse du chiffre d’affaires, des subventions viendront compenser le manque. Sébastien Dudognon a d’ores et déjà affirmé que le dispositif serait reconduit la saison prochaine. D’autres clubs lui emboîteront-ils le pas ? Sur ce terrain-là, ce sont les clubs du nord de la région qui montrent l’exemple.
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