Encore une trésorerie rurale qui baisse rideau. A partir de ce soir à Saussignac l'administré est prié de prendre son téléphone ou sa souris. Et s'il veut être entendu par un agent, sa voiture. Si il en a une. Les employés quittent les lieux, les locaux seront vidés au 31 décembre... Tableau banal
A Saussignac 480 habitants, près de Bergerac, beaucoup se sont déjà résignés. Il faut dire que depuis une 15 aine d'années le débat ou la contestation n'ont pas changé le cours de l'exode rural des services publics.
Certes quelques batailles ont été gagnées, de haute lutte. Des sursis ont été accordés lorsque ça "bloquait" vraiment, que les syndicats, les élus et les administrés ont fait front commun.
Mais les gouvernements successif toutes tendances confondues n'ont jamais fléchi dans cette politique de réduction tous azimuth des personnels, suppression d'accueil au public, regroupements ou fermetures de services. Que ce soit dans l'enseignement, la SNCF, les services postaux, ou les trésoreries, le mot d'ordre reste regroupement, réduction de personnels, gestion, moyens constants et plus récemment dématérialisation. Même les communes sont poussées à mutualiser, quitte à y perdre leur âme, leur liberté d'action, leurs spécificité et jusqu'à leur nom.
L'exode rural des services publics a accéléré l'exode rural tout court... En dehors de la disparition d'emplois administratifs directs qui ont supprimé des revenus redistribuées sur le terrain, l'absence de services a également fait disparaître les commerces et démotivé les familles qui auraient pu s'installer et faire revivre les campagnes. Un effet boule de neige qui a accéléré le vieillissement des zones rurales, la raréfaction des médecins de campagne. Il semble que le modèle à suivre est nécessairement le regroupement pour une meilleure rentabilité.
Dans cette même logique purement économique, la "métropolisation" et la réforme territoriale, notamment la fusion des régions entraîne un regroupement des paieries régionales dans des grosses structures. Le ministère des finances a supprimé 38 000 emplois en France depuis 2002 et va encore fermer une centaine de trésoreries avant 2019.
Celles programmées au 31 décembre 2018 se basent toujours sur le même argumentaire, la réorganisation pour de nouvelles pratiques : déclaration sur internet, prélèvement à la source ou suppression de la taxe d'habitation. Plus besoin de contact humain, vos déclarations se font obligatoirement sur Internet. Sauf dans les zones blanches de campagne bien sûr.
Le rythme de fermeture des centres des finances publiques s’accélère sur le territoire essentiellement en milieu rural. Pour citer le cas de la Dordogne près de 150 emplois dans les finances publiques ont disparus au fil de ces dernières années, et les trésoreries ferment en conséquence. Celle de Mussidan a disparu en 2017, celles de Saussignac et Saint Aulaye seront fermées au premier janvier 2019. Et là, mieux vaut ne pas être en zone blanche ou avoir besoin de contact direct pour régler un litige, payer la crèche ou la cantine ou encore percevoir une allocation. Il ne vous restera que la voiture, si vous en avez une.
Or comme le soulignent les syndicats, ce sont précisément des personnes en difficulté, âgées ou sans moyens (de locomotion par exemple) qui ont besoin d'un service de personne à personne. Habitants et élus des communes rurales voient à nouveau un service public disparaître avec amertume et déplorent une démarche menée uniquement pour des raisons économiques au détriment du service public de proximité.
Même problématique dans le Limousin voisin. En 10 ans, les effectifs sont passés de 900 agents à 600. Dans la région 12 trésoreries rurales vont fermer. Les administrés de Châteauneuf-la-Forêt par exemple doivent désormais se payer une balade d'une cinquantaine de kilomètres pour l'aller-retour à Saint-Léonard-de-Noblat s'ils veulent avoir un contact direct.
Le maire de Sigoulès, commune liée à Saussignac ne décolère pas : "on nous dit qu'il ne faut pas prendre la route, mais on envoie les usagers toujours plus loin", et Daniel Rabat, le maire de Saussignac de rajouter " ce sont des économies pour l'Etat, mais pas pour l'usager ".
L'argumentaire des maires ruraux pour casser les idées reçues sur le monde rural |
Dans un dossier de février dernier, l'Association des Maires de France rappelle que :
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