Après Sarlat, les urgences de Bergerac à leur tour obligées de fonctionner en mode dégradé

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Les urgences inaccessibles sans l'autorisation du 15, c'est la procédure adoptée la nuit dernière par l'hôpital de Bergerac, faute de médecins. C'est la deuxième fois qu'un hôpital de Dordogne doit réduire son service des urgences à un "service des urgences vitales". Mais sans doute pas la dernière.

Nous y sommes. Depuis le temps que le personnel hospitalier alerte sur les manques d'effectif, désormais ce sont les services les plus essentiels des hôpitaux qui sont poussés à fonctionner en mode dégradé.

Après une nouvelle fermeture des urgences à Sarlat le 4 juillet dernier ( la ville reçoit 2 millions de touristes pendant l'été), c'est au tour des urgences de Bergerac de baisser le rideau, faute d'effectifs. Pas une fermeture totale, mais du mardi 12 juillet 17h au mercredi matin 8h15, l'accès au service n'était possible qu'en passant préalablement par le 15. Ce dernier se réservant le droit de faire ouvrir les portes des urgences, de fixer un rendez-vous ultérieur au blessé, ou de le rediriger vers un médecin de ville.

Vous avez demandé les urgences, ne quittez pas...

Mettre en place un "barrage filtrant" via le 15, c'est une des préconisations qui avait été faite au gouvernement fin mai pour faire face à la pénurie estivale de personnel hospitalier. Solution la plus facile, la plus rapide et la moins coûteuse, les autres consistant à donner davantage de moyens et de personnels aux hôpitaux.

Le même mode dégradé des urgences qui avait été adopté à Sarlat a été mis en place à Bergerac parce que les services n'étaient plus en capacité d'assurer un accueil normal. Cet hôpital devrait disposer de 15 médecins urgentistes, mais actuellement seuls 6 postes sont pourvus. La direction bouchait régulièrement les trous des plannings jusqu'alors avec des remplaçants, les effectifs étant d'un tiers de titulaire, un tiers de remplaçants habituels et un tiers d'occasionnels. Situation précaire qui a montré ses limites lorsqu'un de ces vacataires est lui-même tombé malade.

Sous-effectif chronique

D'ordinaire deux médecins de garde assurent la permanence des urgences la nuit, l'un d'entre eux pouvant intervenir à l'extérieur avec l'ambulance du SMUR. La nuit dernière, il n'y avait plus qu'un seul médecin présent pour assurer en même temps la permanence à l'hôpital et les urgences externes.

Jusque là, tout va bien

Le centre hospitalier Samuel Pozzi affirmait quand même rester en capacité de "prendre en charge les urgences vitales". Et par chance, cette nuit-là, aucun incident n'a effectivement mis le dispositif en défaut. 24 patients se sont présentés et ont pu être accueillis par l'unique médecin présent après filtrage, deux personnes en urgence "justifiée" ayant été directement admises. Les autres patients ont été "réorientés".

Un effet domino

Ce qui ne rassure pas vraiment les syndicats. Outre la crainte que la pratique puisse se généraliser, ils redoutent la possibilité d'un effet "domino". Les malades n'étant pas admis à Bergerac pourraient aller chercher de l'aide dans les autres services d'urgence à proximité, or ces services sont déjà à la limite de la surcharge.

Les syndicats inquiets du manque de personnel médical qui a poussé les urgences de Bergerac à filtrer les patients ©France 3 Périgords - Jael Galichet

Le temps d'une nuit à Bergerac, le service des urgences n'était donc plus qu'un service des urgences vitales. Une situation qui va sans doute se répéter à Sarlat comme dans un certain nombre des 120 autres hôpitaux français sous-dotés. Des endroits et des moments où il vaudra mieux, justement,  ne pas se trouver entre l'urgence et l'urgence vitale.

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