Le petit orgue de l'église Notre-Dame de Bergerac est mal en point : notes absentes, touches qui se bloquent, bois dégradés, il y a urgence. Car cet orgue est exceptionnel à plus d'un titre, notamment par ses origines
Il faudrait encore 100 000 euros de dons pour remettre en état cet instrument exceptionnel. Mais le jeu en vaut la chandelle, car l'instrument a une réelle valeur historique. Il avait été commandé par l'un des élèves du célèbre compositeur et pianiste virtuose hongrois Franz Liszt.
En 1870, c'est l'un des meilleurs facteurs d'orgue de son époque, Aristide Cavaillé-Coll qui construit cet instrument destiné à l’église des Carmes de Bordeaux. Une dizaine d'années plus tard, l'église des carmes ayant fermé, il sera transféré à Notre Dame de Bergerac où il trône depuis 1883, non loin du grand orgue principal.
Un orgue à bout de souffle
Mais aujourd'hui, ce petit chef-d'œuvre du savoir-faire de l'époque a perdu de sa superbe. Oh, extérieurement, niché dans le transept, le petit orgue de chœur (historiquement destiné à l’accompagnement de la chorale), fait encore illusion, avec ses majestueux tuyaux et ses boiseries sombres patinées par le temps. Intérieurement, c'est une autre histoire.
Le clavier, les hautbois, la charpente ont été mis à mal par les années. "Si je remonte une touche après l'autre, celle-là est muette, celle-là sonne, celle-là est muette, celle-là sonne... donc il en manque un certain nombre. Voilà un son qui est bloqué", se désole l'organiste Uriel Valadeau. Et tout est à revoir, touches, bois, tuyaux, il faudra démonter l'instrument, le nettoyer, le ré-accorder...
Inimitable et irremplaçable
Problème, qui pour réaliser ce minutieux travail d'artiste ? En tout cas, il n'est pas question de remplacer cet orgue inimitable par un neuf. "Ici, le savoir-faire de Cavaillé-Coll, dans les conditions actuelles, ne serait pas, aujourd'hui, faisable.", explique Uriel Valadeau. "Et là, c'est important de garder la mémoire pour pouvoir retrouver les musiques romantiques avec le bon accent. Si on perd cet instrument, on aura perdu une mémoire." En clair, pas question non plus d'une rénovation rapide, au risque de faire perdre à jamais l'âme de cet instrument. Ce serait faire disparaître la possibilité d'entendre à l'identique les airs vieux de près de deux siècles pour lesquels il a été conçu.
Le sujet France 3 Périgords - Florian Rouliès & Anne-Laure Meyrignac▼

Compagnon de chant
De plus, le petit orgue a encore un rôle à jouer, assure Uriel Valadeau. "Cet orgue, c'est un orgue de chœur, et dans une église, être dans le chœur, ça veut dire chanter. C'est un orgue qui est fait pour accompagner les autres." Une prière lancée directement à l'attention des chorales des environs qui seraient tentées de se faire accompagner dans l'église par cet instrument merveilleux. Un rêve de chœur qui pourrait se réaliser dès l'année prochaine si, miraculeusement, la prière était entendue, et les dons réunis.