Le Comité national d'orientation de la politique sanitaire animale s'est réuni en urgence ce jeudi matin à la préfecture de la Dordogne, sur demande du ministre de l'Agriculture. L'objectif : "s'assurer de l'application immédiate des mesures de protection et de gestion" contre la grippe aviaire.
Un foyer de grippe aviaire H5N1 a été détecté dans une basse-cour en Dordogne, marquant le retour en France de ce virus potentiellement mortel pour l'homme, plus de huit ans après les derniers cas avérés.
Ce matin, la filière ne cachait pas son inquiètude. Yannick Francès, Vice-président de la Chambre d'Agriculture Commission économie en expliquait les raisons :
A quelques jours de Noël, nous avons très peur. C'est la seule filière dans les élevages qui tenait encore la route financièrement. Il faut qu'on rassure le consommateur, qu'on explique qu'il n'y a aucun danger.
Le reportage de France 3 Périgords :
Le préfet Christophe Bay, Préfet de la Dordogne, a confirmé sur notre antenne qu'il n'y avait aucun danger pour le consommateur :
"Il n'y a aucun problème en terme de consommation. Ce qu'il y a sur nos étals a été contrôlé et est parfaitement sain".
Les autorités ont attendu les premiers analyses pour communiquer. Retour sur la chronologie :
Vendredi 20 novembre :
Les services vétérinaires du département sont alertés après la mort de 22 des 30 animaux. Des analyses révèlent la présence du virus, probablement transmis par des canards sauvages, selon la préfecture. Les volatiles rescapés sont euthanasiés et la basse-cour désinfectée.
Mardi 24 novembre :
l'Agence nationale de sécurité sanitaire confirme les premiers résultats. "Il s'agit d'une souche H5N1 hautement pathogène pour les volailles", semblant correspondre à "une souche déjà détectée en Europe qui présentait jusqu'alors un profil faiblement pathogène", indique le ministère de l'Agriculture dans un communiqué.
Comme prévu dans cette situation, le gouvernement active le plan national d'intervention sanitaire d'urgence.
- Autour du site de Biras, une zone de protection de 3 kilomètres est mise en place. L''ensemble des animaux domestiques doit être confiné, y compris chiens et chats, "pour éviter toute dissémination"
- En outre, la vente de volatiles vivants et la chasse ont été interdites dans une zone de surveillance de 10 kilomètres de rayon.
- Deux autres élevages de Dordogne ont été placés sous surveillance particulière, des contrôles habituels ayant mis en évidence des taux élevés d'anticorps suggérant que les volailles ont été en contact avec la maladie : un élevage d'oies reproductrices à Domme, à 90 km au sud de Biras, un autre à Saint-Paul-la-Roche, à 50 km au nord.
Les ministres de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, et de la Santé, Marisol Touraine, ont saisi l'Anses "à titre de précaution, afin d'évaluer la dangerosité potentielle de la souche pour l'homme". La grippe aviaire n'est en revanche "pas transmissible à l'homme par la consommation de viande, oeufs, foie gras, et plus généralement de tout produit alimentaire", a souligné le ministère.
"Ce virus n'a aucune conséquence en termes de consommation (...) de tout ce qui est issu des produits de la volaille", a insisté M. Le Foll, également porte-parole du gouvernement, à sa sortie du conseil des ministres.
"Les animaux qu'on abat sont sains. La volaille est foudroyée donc les animaux malades n'arrivent pas jusqu'aux abattoirs", a affirmé Denis Lambert, patron du volailler LDC, affichant sa confiance dans "la qualité des services vétérinaires" français: "on va cerner la zone et il n'y a aucune raison que ça s'étende."
La dernière crise provoquée par le virus H5N1 en France remonte à début 2006.
Après une hécatombe dans un élevage industriel dans l'Ain, le gouvernement de l'époque avait imposé pendant trois mois le confinement général des oiseaux et des volailles élevés en plein air ou détenus par des particuliers sur l'ensemble du territoire.
Durant cette période, 64 cas avaient été confirmés sur des oiseaux retrouvés morts, presque tous dans l'Ain. Les derniers cas isolés ont été détectés en Moselle durant l'été 2007 sur des cygnes et des canards sauvages.
Depuis sa résurgence en Asie du sud-est fin 2003, la grippe aviaire a tué 449 personnes, sur 844 cas confirmés, principalement en Egypte, en Indonésie et au Vietnam, selon le dernier bilan de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
L'absence d'équipement de protection comme des masques à particules et des gants a facilité ces transmissions de l'animal à l'homme mais "le risque de contamination est extrêmement faible et il est nul si on prend toutes les précautions", a assuré le virologue Bruno Lina, soulignant qu'"il n'y a pas de chaîne de transmission interhumaine qui a pu s'installer".