Alors que l'hôpital public a de moins en moins les moyens d'assurer un service des urgences correct, le CMSI, acteur privé, s'empare du secteur en prenant en charge les "petites urgences". Illustration à Périgueux
Pas de prise de rendez-vous préalable, un temps d'attente réduit, un personnel soignant disponible et en quantité suffisante, des locaux neufs, le CMSI, Centre Médical de Soins Immédiats de Périgueux n'a aucun mal à trouver sa clientèle. À mi-chemin entre le cabinet médical et le centre d'urgence, la structure privée investit l'espace que les urgences de l'hôpital public, en manque de moyens et de personnels, n'arrivent plus à assumer.
Un projet né à Nancy
Le projet est né d'une alliance entre deux nancéiens, le médecin généraliste Loïc Libot, et l'expert financier Boris Hirtzig. C'est CMSI France qui structure et déploie le modèle sur tout le territoire. La première ouverture d'un CMSI a eu lieu à Nancy en 2012. Aujourd'hui, 13 centres de ce type ont déjà été ouverts, 18 autres sont en projet et les fondateurs de CMSI France continuent à inviter les professionnels à ouvrir leur propre centre en région. Une centaine de médecins et d'infirmiers travaillent dans les CMSI ouverts qui revendiquent 300 000 passages de patients l'an dernier.
La bonne formule au bon moment
La formule ne peut que fonctionner, puisqu'elle semble cocher toutes les cases. Pas de dépense de fonds publics, le soulagement des services d'urgence hospitaliers surchargés, un échelon manquant cruellement entre la médecine de ville et les urgences, et des professionnels médecins et infirmiers qui ont la possibilité de choisir librement la manière dont ils souhaitent exercer, dans un cadre moins contraignant que dans la médecine hospitalière, avec des horaires de bureau sans astreinte, et des week-end libres.
Une place stratégique du système de soins français désertée par l'hôpital
Avec ces atouts, CMSI France veut prendre une place centrale dans le système de soins français. Comme le faisait l'hôpital par le passé, la structure entend accueillir tous les patients, qu'ils soient adressés par le médecin traitant, par le 15, ou qu'ils se présentent d'eux-mêmes. Elle peut même "récupérer" les patients que les urgences hospitalières ne veulent pas (et surtout ne peuvent plus) prendre en charge, étant obligées de se recentrer sur les urgences les plus extrêmes, coûteuses et délicates. Bref, le CMSI devrait de fait devenir incontournable.
Panacée ?
Depuis son ouverture en février, le CMSI de Périgueux ne désemplit pas, une cinquantaine de patients par jour en moyenne. Il dispose d'un service de radiologie et de biologie, de quatre salles d'examen, et il est animé par trois médecins, deux infirmières et une manipulatrice radio. Il est ouvert du lundi au vendredi de 9 h à 19h. Amplitude large, mais qui représente encore moins d'un tiers de la semaine.
Unique centre du département, sa structure relativement modeste ne peut pourtant lui permettre que de soulager les urgences de l'hôpital de Périgueux ou les médecins de ville à proximité en effectuant des gestes qui leur sont impossibles.
En résumé, le succès des CMSI prouve que c'est une bonne idée, rentable, utile et qui fonctionne. Du coup, on se demande un peu pourquoi l'initiative n'en revient pas aux hôpitaux publics eux-mêmes. On pourrait appeler ça "les urgences", par exemple.
Contact du CMSI :
6 rue de Metz, 24000 Périgueux
Tèl : 05.54.07.10.65