Les métiers et jobs saisonniers sont en pénurie de main-d'œuvre, les colonies et centres de vacances n'y échappent pas.
Cueilleurs de pommes, vendangeurs, serveurs, plongeurs, hôtesses d'accueil, caissiers... on n'en finit pas de découvrir les secteurs où la main-d'œuvre fait défaut cette année. Tout comme les surveillants de baignade et les maîtres-nageurs, ce sont les animateurs de "colo" dont l'absence brille particulièrement en ce début de saison estivale.
Entre animation et démotivation
Les causes sont semblables à celles qui affectent les autres secteurs. La crise sanitaire, l'augmentation du coût des transports et des logements, auquel s'ajoute, il faut bien le dire, un manque de motivation des étudiants en particulier, et des jeunes en général. Un phénomène de démotivation global après des remises en question post-covid.
Quand le BAFA patauge
Pour les centres de vacances, ce n'est pas une nouveauté. Depuis des années, le BAFA, Brevet d'Aptitude aux Fonctions d'Animateur ouvert dès 17 ans sans condition de diplôme, fait de moins en moins recette. Et il va sans dire que le Covid n'a pas amélioré les choses, des formations ayant été annulées. La baisse est à deux chiffres, - 20% en un an depuis la crise sanitaire. En 2021, 31.000 BAFA ont été délivrés, c'est 2.000 de moins que l’année précédente.
Lire aussi : Le Bafa, passeport pour l'âge d'adulte
https://france3-regions.francetvinfo.fr/nouvelle-aquitaine/dordogne/perigord/le-brevet-d-animateur-bafa-passeport-pour-l-age-adulte-2179840.html
Présent précaire, avenir incertain
C'est devenu un casse-tête pour les organisateurs, à qui le ministère de la Jeunesse et des Sports impose toujours la présence d'un quota de titulaires de BAFA par activité et par équipe. Impossible de recruter des adultes, même si l'encadrement les juge compétents, sans qu'ils aient le fameux diplôme. Lorsque les effectifs d'encadrement sont atteints, et ce n'est pas le cas partout, la menace d'absentéisme liée au retour du Covid enfonce le clou. La Ligue de l'Enseignement de la Dordogne qui organise chaque année des séjours craint que la difficulté ponctuelle née du Covid s'installe dans la durée.
Prime d'encouragement
La crise n'a pas échappée aux pouvoirs publics. Pour tenter de motiver les candidats, l' État alloue une prime de 200 €uros à 20 000 jeunes qui s'engageraient à terminer leur formation. Aujourd'hui, si les cursus ont repris normalement dans les centres de formation, les résultats ne se feront pas sentir au moins avant l'année prochaine.
Plus exigeant en temps et responsabilités que généreux en salaire
Il est vrai aussi que la liste des compétences techniques et les "qualités de savoir-être" ne semble pas correspondre au nombre de zéros alignés sur la fiche de paye. On demande au candidat, naturellement déjà capable d'encadrer un groupe de gamins "d'être dynamique et motivant, observateur et réactif, patient, organisé, d'avoir une bonne résistance physique et nerveuse, d'acquérir des techniques d’animation, des connaissance réglementaires de sécurité et de responsabilité, de maîtriser les gestes de premiers secours et la psychologie de l’enfant". Tout cela pour exercer en horaires continus sur un poste précaire (temps partiel, saisonnier, intérim) et pour le SMIC.
S'ils n'ont pas la vocation chevillée au corps, ou l'envie de faire carrière dans l'éducation, bon nombre de candidats rechignent à se payer la formation, quitter leur domicile, éventuellement prendre un logement, sacrifier leurs vacances et leurs week-end, et s'engager à prendre d'énormes responsabilités 24h/24 pour quelques centaines d'€uros.
Et pourtant...
Dans l'autre plateau de la balance, être un référent, animer un groupe, partager un esprit d'équipe et devenir un repère éducatif pour des enfants en construction est une expérience qui n'a vraiment pas de prix. Les candidats-animateurs sont souvent issus de familles où l'on a déjà passé le BAFA, ou bien ils ont eux-mêmes profité de l'exemple inspirant d'animateurs pendant leur enfance. Enfin, un encadrement réussi après le passage du BAFA, c'est aussi une excellente ligne qu'il est possible d'ajouter, dès 17 ans, à son futur CV.