Luthier, c'est un métier qui sonne bien, mais il faut vraiment en pincer pour la musique si l'on veut en vivre. C'est pourtant le choix qu'on fait Lydie et Éric qui exercent d'un commun accord à Périgueux en Dordogne.
Harmonie sans fausse note
Chacun vous le dira, pour éviter les couacs dans un couple, il vaut mieux éviter de travailler ensemble. Sauf, si l'on s'accorde harmonieusement. C'est bien entendu le cas d'Éric et de Lydie, qui désormais travaillent à quatre main dans l'atelier de luthier familial.
Dans les cordes de père en fils
Pour Éric, c'est une transmission familiale sans fausse note, le papa était luthier. Le fiston, guitariste à ses heures, a suivi la voie. Un CA.P d’ébénisterie décroché en 87, et le voilà prêt à être initié aux mystères des bois qui sonnent dans l'atelier paternel de Sarlat. Il accordera son savoir-faire dans quelques ateliers parisiens avant de revenir s'installer dans la ville paternelle en 96.
De l'idylle de Lydie naît l'idée
Pour Lydie Trichard, ce n'est pas la même chanson : elle est passée du visuel à l'auditif puisqu'elle travaillait pour le spécialiste de la vision nocture Photonis avant de connaître Éric. Devenue son élève, elle obtient le brevet des métiers d’art en lutherie et un CAP en maintenance guitare. Il y a cinq ans, le couple ouvre un atelier à Périgueux, complémentaire à celui qu'il possédait déjà à Groléjac. Et désormais tous deux travaillent à élaborer leurs propres guitares et violons sous la marque Origine Guitare.
Origine Guitare, guitare originale
Sèches ou électriques, folks ou classiques, le couple réalise en moyenne six guitares par an. Comptez de 1 500 à 3 000 euros pour ces modèles entièrement faits à la demande, sur mesure, en Périgord et à la main. À raison d'un mois minimum de travail par guitare, l'acheteur en a pour son argent.
Plusieurs cordes à leur arc
Hormis la fabrication, l'entretien des autres instruments est aussi une part importante de l'activité. Entre les mains d'Éric et Lydie passent donc à l'occasion violons, violoncelles mandolines ou banjo, voire même quelques harpes. Mais toutes ces activités ont énormément baissé depuis un an, pour les raisons que l'on sait.
Activité en sourdine
Écoles de musique fermées, concerts annulés, musiciens désargentés, hormis dans le bâtiment, les petites entreprises artisanales sont partout à la peine, et encore plus lorsqu'elles travaillent pour des activités "non-essentielles" comme la musique. Éric et Lydie, qui travaillaient déjà plus par passion que par attrait du gain, savent que les mois à venir seront encore difficiles. Ils espèrent bien passer ce cap sans trop de casse et faire en sorte que les guitares du Périgord continuent encore longtemps à résonner, un peu partout dans le monde.