On la reconnaît à sa forme si particulière et à ses motifs écossais. Elle devra aussi avoir son logo d'indication protégée. Fabriquée dans le bassin Charente-Dordogne-Sud et Limousin, la charentaise reste un chausson très tendance. La vedette de l'usine Fargeot à Thiviers.
Si vous cherchez des charentaises en Dordogne, c'est à Thiviers que vous trouverez chaussure à votre pied. L'usine Fargeot est l'une des cinq entreprises validées par l'indication géographique. Ici, une quinzaine de salariés fabrique environ 500 paires par jour, selon un savoir-faire traditionnel. La découpe des semelles de feutre suivie du cousu-retourné. Laurent Chabot, chef d'atelier, oeuvre sur une vieille machine.
Et n'allez pas dire que la charentaise n'est pas élégante. Ici, les couturières ont à coeur d'embellir les bordures des charentaises, fières, comme Christelle Chabot, de contribuer à la renommée de l'entreprise :On vient coudre la tige à l'intérieur de la semelle. On pique dans la semelle à l'intérieur.
La dernière étape de la fabrication nécessite l'utilisation d'un curieux instrument en bois appelé la chèvre, sur lequel l'on retourne le chausson.On est pas très nombreux. On se connaît tous, on s'entraide. Ca fait longtemps que l'usine existe. Je suis fière oui d'y travailler.
Créée au 17 ème siècle, la charentaise a traversé le temps. A l'époque, les industries textiles et papetières situées sur le fleuve Charente et ses affluents jetaient leur rebut de feutre. Selon, le site de l'Inpi, "les savetiers locaux eurent alors l'idée de récupérer les feutres pour en faire des semelles souples et confortables". Les paysans les glissaient dans leurs sabots pour avoir chaud. Les valets les portaient dans les demeures nobles pour ne pas géner les châtelains dans leurs aller-et venues rapporte la charentaise Pépére.
La pantoufle s'est débarrassée de la mauvaise image qui lui a un temps collée à la peau. Elle a tellement la côte qu'elle a enfin droit à une indication géographique.
L'homologation prend effet ce 29 mars, date de la publication de la décision au Bulletin officiel de la propriété industrielle, a précisé l'Inpi dans un communiqué.
Le consommateur peut s'assurer de l'origine de la charentaise grâce à un logo apposé sur le chausson, accompagné du nom de l'indication et de son numéro d'homologation. Il a ainsi la garantie d'un produit régional de qualité.
Pour Alexandre Bataille, PDG Usine Fargeot, c'est un atout maketing indiscutable :
L'indication protégée, c'est très important pour nous. Ca va différencier nos produits de tous ceux fabriqués à l'étranger, en Chine, en Asie. Le consommateur français a envie de savoir d'où vient le produit. Il a envie de soutenir l'industrie française artisanale.
Cinq entreprises seulement sont autorisées à utiliser l'indication protégée. Les autres fabricants encourent des sanctions lallant de l’ordonnance judiciaire interdisant l’utilisation non autorisée à la condamnation à des dommages et intérêts et à une amende voire, dans les cas graves, à une peine d’emprisonnement.
Désormais protégée, La charentaise n'a pas l'intention de pantouffler. Elle peut partir à la conquête des marchés internationaux. Elle est d'ailleurs très prisée des japonais.
La charentaise en chiffres
5 entreprises210 emplois
500.000 paires de ces charentaises traditionnelles par an
chiffre d'affaires : 5,2 millions d'euros en 2018