C’est une colocation peu ordinaire. Depuis le mois de septembre, Justine Dufourgt, une étudiante en BTS vit dans une résidence senior de Trélissac en Dordogne. Un appartement totalement gratuit dont elle bénéficie en échange d’une quinzaine d’heures auprès des résidents.
Une manette dans la main, ces résidents tentent de réaliser leur plus beau strike virtuel. Cet atelier bowling fictif est l’une des activités proposées par Justin Dufourgt, une étudiante de 18 ans, colocataire un peu particulière de ces personnes âgées.
Installée depuis la mi-septembre dans la résidence Les Galopins à Trélissac, elle bénéficie du dispositif “Génération part-âges” qui vise à renforcer les liens intergénérationnels.
Appartement gratuit
À la rentrée 2024, Justine Dufourgt est prise en BTS comptabilité et gestion, au lycée Laure Gatet à Périgueux. Rapidement, la jeune femme se confronte au problème épineux du logement. “Financièrement, c'était impossible pour moi d’avoir un appartement, confie-t-elle. Ma mère a alors parlé de ce programme, j’ai postulé avec un CV et une lettre de motivation et voilà !”
Aujourd’hui, elle occupe un appartement de 35 m² avec cuisine équipée et salle de bains, et bénéficie de toutes les commodités de la résidence. “Il y a une piscine, une salle de balnéothérapie, une salle de sport, un salon d’esthétique et de coiffure”, énumère Justine Dufourgt.
Mes amis me disent que j’ai beaucoup de chance de vivre là.
Justine DufourgtEtudiante et locataire d'une résidence senior
Si la jeune femme ne débourse pas un centime pour ce confort, elle doit en échange réaliser 15 heures d'animations auprès des résidents. “Je fais des ateliers les mercredis et vendredis après-midi quand je n’ai pas cours et un week-end sur deux, explique-t-elle. Et le soir, dès que je rentre, je passe du temps avec eux.”
Le critère numéro un c’est l’appétence pour la population senior.
Cédric BelacelDirecteur de la résidence Les Galopins
Une organisation relativement libre pour la jeune femme que la résidence senior a voulu adapter à son planning. “C’est elle qui gère son emploi du temps. Elle propose les activités qu’elle souhaite réaliser et quand elle les réalise. Ça peut aussi signifier de passer une heure à discuter avec un résident”, explique Cédric Belacel, le directeur de la résidence.
Comme des grands-parents
En quatre mois, la timidité de la jeune s’est totalement envolée pour le plus grand bonheur des 93 résidents. “Elle est adorable. Elle nous fait faire des nouvelles choses”, se réjouit Jeanine Crougnaud, une résidente. "Toutes les résidences devraient accueillir des plus jeunes.” renchérit Martine Kiervel.
Elle nous apporte sa fraîcheur, sa jeunesse. On apprend à son contact et elle apprend au nôtre.
Martine Kiervel,résidente de la résidence senior
Un lien de “grands-parents et petit-enfant” que recherchait justement cette résidence. “Ce système répond à une double problématique : celle du logement étudiant d’une part, et celle de l’isolement des seniors. On intègre un aspect intergénérationnel dans nos résidences”, explique Cédric Belacel.
Aujourd’hui, Justine Dufourgt l’avoue sans détour : elle ne regrette pas sa décision le moins du monde. “Je m’ennuie moins que si j’étais seule, je suis moins sur mon téléphone, reconnaît-elle. Ils m’apportent de la joie. Dès que je rentre, on discute, ils sourient, c’est vraiment super.”
Une moyenne de 14,6/20
Si la charge de travail faisait au départ peur à la jeune étudiante, ses résultats lui ont rapidement prouvé le contraire. “On est à la fin du premier semestre et je suis à 14,6/20 de moyenne. J’arrive à tout suivre, j’ai le temps pour faire mes devoirs. Je fais ma vie normalement”, assure Justine Dufourgt.
En France, une quarantaine de résidences senior accueillent de jeunes personnes comme Justine, le temps de leurs études. La périgourdine restera dans son appartement jusqu’à l’été 2026, avant de quitter des résidents qui vont à coup sûr la regretter. “Je sais qu’elle ne restera pas, mais moi, j'aimerais bien qu’elle reste”, glisse Christiane Morelle, avec une pointe d’espoir.