VIDÉO. Romancière, résistante et paysanne, la doyenne Geneviève Callerot est décédée à l'âge de 108 ans

Résistante, romancière et agricultrice, Geneviève Callerot est décédée ce jeudi 16 janvier à l’âge de 108 ans, à Saint Aulaye-Puymangou. Doyenne de la Dordogne, elle avait reçu en 2018 la Légion d'honneur.

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Une femme de la terre, de lettres et de cœur. Dans sa région de la Double en Dordogne, où elle est arrivée à l’âge de quatre ans, Geneviève Callerot cultivait son jardin, à l’instar de Candide. Après avoir mené durant 108 ans une vie entre la terre et les livres, la centenaire s’est éteinte, ce jeudi 16 janvier.

"Toddie"

Jamais loin de son potager qu’elle s’était confectionné pour occuper ses vieux jours, après des années à travailler la terre et faire de l’élevage, Geneviève Callerot a continué jusqu’au dernier moment à cultiver son jardin. Les cheveux blancs, décoiffés par les mouvements, celle que ses proches surnommaient “Toddie” ne semblait jamais s’arrêter. “Il m’a fallu faire attention que les pois ne montent pas trop dedans. C’est un travail ! Je ferais mieux de les acheter, mais ce n’est pas pareil”, nous confiait-elle, dans un sourire malicieux.

Loin des excès et de la fureur de la ville, Geneviève Callerot connaissait tout de la vie à la ferme. Traite des vaches, gavage des canards, récolte des salades ou des pois : à 100 ans, l’agricultrice montait d’ailleurs encore sur son tracteur.

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Une femme de la terre, de lettres et de cœur. Dans sa région de la Double en Dordogne, où elle est arrivée à l’âge de quatre ans, Geneviève Callerot cultivait son jardin, à l’instar de Candide. Elle est décédée à l'âge de 108 ans. ©France 3 Aquitaine

Une vie au service de sa campagne, que la centenaire avait contée, le 23 février 2021 dans le documentaire “Nous paysans” sur France 2. Son histoire, Geneviève Callerot l’a aussi écrite, dans plusieurs ouvrages. Une thématique, qu’elle a partagée, au cours des six romans qu’elle a écrits, avec sa vie de résistante.

Scolarisée “à la maison” par sa mère qui avait obtenu un certificat d’étude, Geneviève découvre jeune les joies de l’écriture, avec son cousin, l’écrivain-humoriste Jean-Charles, auteur de La foire aux cancres. “Quand il avait huit ans et mois quatorze ans, on a commencé un roman, se remémorerait-elle, lors d’un tournage de nos équipes. Je ne suis jamais allée à l’école, mon père refusait de nous mettre en pension parce qu’il avait été trop malheureux.” Qu’importe, à 63 ans, elle devient écrivaine et publiera notamment les cinq filles du Grand-Barrail, vendus à 15 000 exemplaires.

À lire aussi : Dordogne : l’écrivaine centenaire Geneviève Callerot livre son regard sur la crise actuelle

200 personnes sauvées

À la ligne de démarcation entre Ribérac et Montpon-Ménestérol, Geneviève Callerot et sa famille ont sauvé près de 200 personnes, des juifs, mais aussi des blessés des guerres britanniques ou américains en les faisant passer en zone libre. De cette époque naîtra Deux filles sous la botte, une chronique de sa vie sous l’Occupation, inspirée des lettres laissées par sa défunte sœur. “Les enfants, on s’en souvenait bien, mais pas les dates exactes et les lettres ont permis de faire cette chronologie”, expliquait-elle.

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Située à la ligne de démarcation entre Ribérac et Montpon-Ménestérol, Geneviève Callerot et sa famille ont sauvé près de 200 personnes, des juifs mais aussi des blessés des guerres britanniques ou américains en les faisant passer en zone libre. ©France 3 Aquitaine

Une histoire qu’elle a également partagée aux élèves de troisième du collège de Saint-Aulaye-Puymangou, à l’âge de 106 ans. “On ne les connaissait pas, ils partaient loin, racontait-elle. Alors quelques fois, on recevait une carte postale, “bons souvenirs de Josette”, “pensées de Jocelyne”. Mais ce n’était pas de vrais noms.”

Pour son action, elle recevra en 2018 la Légion d'honneur. Une décoration que la vieille dame, par humilité, avait failli refuser. “Ça va être toute une révolution si je dis non, alors j’ai dit oui”, nous avait-elle confié à l’époque. Une décoration qu’elle a dédiée à sa famille. En hommage de la centenaire, la médiathèque de Saint-Aulaye-Puymangou ainsi qu’une rue de la commune ont été baptisées à son nom.

Sagesse 

Née en 1916 dans le 14ᵉ arrondissement de Paris, Geneviève Callerot a vécu les grands changements de ce monde : deux guerres, 17 présidents, trois républiques. “C’est exactement ce qu’il se passe maintenant : les réunions de grands avec ceux les fous et les raisonnables. La seule différence, c’est qu’à l’époque, il n’y avait pas la bombe atomique”, comparait-elle.

Geneviève Callerot a toujours vécu dans la Double, une région de la Dordogne. © France 3 Aquitaine

Résiliente, Geneviève Callerot posait régulièrement, de ses yeux bleus perçants, un regard sage sur le monde actuel. “Dans la vie, il n’y a que deux choses dont vous êtes sûr : c’est que vous êtes né et que vous mourrez. Durant ce laps de temps, il faut essayer de rendre le monde meilleur et plus beau”, conseillait-elle.

Adepte d’une “vie utile”, elle dénonçait la vie parfois déconnectée des nouvelles générations. “Ils sont tous très occupés, ils courent tous. Mais après quoi ?, interrogeait-elle. Tout marche avec le fric. Les financiers, un jour, ils se mangeront entre eux.”

À l’âge de 108 ans, Geneviève Callerot s’est éteinte en ce 16 janvier 2025. La mairie de Saint-Aulayre lui a rendu hommage, saluant “la voix de la sagesse qui s’est tue”.

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